International > Monde >

Nucléaire iranien : Mauvais départ

Abir Taleb avec agences, Lundi, 06 décembre 2021

Les négociations sur le nucléaire iranien ont été suspendues après une première série de réunions jugées « décevantes ». Elles doivent reprendre dans les jours à venir.

A première vue, l’équation paraît simple : Washington lève les sanctions contre l’Iran, Téhéran honore ses engagements de limiter ses activités nucléaires conformément à l’accord de 2015. Ce n’est pourtant pas le cas. Les progrès espérés pour redonner vie à l’accord sur le nucléaire iranien n’ont pas été au rendez-vous.

Entamé après des mois de suspension et d’attente, le 7e round de négociations sur le nucléaire iranien s’annonce mal. Deux jours à peine après leurs reprises, le 29 novembre, elles ont été suspendues vendredi 1er décembre, le temps pour les pays participants de s’entendre sur la réponse à donner aux propositions de Téhéran, qualifiées de « décevantes » par les Européens.

Pour les diplomates européens, la délégation iranienne est « revenue sur la quasi-totalité des compromis si difficilement trouvés après de longs mois de travail », a rapporté la Deutsche Welle. Selon le média allemand, les délégations française, allemande et britannique assurent avoir étudié « en détail » les « changements proposés par l’Iran au texte négocié durant les six premiers rounds » de négociations, mais doutent de la possibilité de trouver un accord sur ces « nouveaux écarts dans un délai réaliste ».

Côté américain, le ton n’est pas non plus rassurant. S’ils n’ont pas encore pris la décision de claquer la porte, les Américains se sont montrés fermes: ils ne pourront pas « accepter » que l’Iran continue à bloquer les négociations pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien tout en développant son programme atomique, comme il le fait actuellement, a prévenu samedi 4 décembre un haut responsable américain cité par l’AFP. Washington a cependant laissé la porte entrouverte, disant espérer que Téhéran va bientôt revenir à la table des pourparlers en étant « prêt à négocier sérieusement ».

Autre zone d’ombre, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) a rapporté, le 1er décembre, soit au troisième jour des discussions, que l’Iran a commencé à produire de l’uranium enrichi dans sa centrale souterraine de Fordow. L’AIEA a précisé dans son communiqué que l’Iran avait commencé à produire de l’uranium enrichi à 20% avec une « cascade » de centrifugeuses de pointe IR-6 sur son site de Fordow. Autant de donnes qui sapent l’espoir.

L’issue des négociations reste incertaine tant le dossier du nucléaire iranien s’est transformé, au fil du temps, en un immense jeu d’échecs où les joueurs sont multiples et les enjeux énormes pour tous les protagonistes. Les choses sont plus complexes qu’elles ne le paraissent et les divergences, profondes, vont au-delà de la question nucléaire.

Du côté des Américains et de leurs alliés, les exigences sont montées d’un cran puisque les Occidentaux veulent désormais que l’accord sur le nucléaire soit élargi à d’autres questions, comme le programme des missiles balistiques et le rôle perturbateur de Téhéran dans la région. Mais le gouvernement iranien refuse catégoriquement de parler d’autre chose que du retour stricto sensu à l’accord de 2015.

Blocage en vue? Tout porte à croire que l’optimisme n’est pas de mise. Les semaines à venir seront décisives.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique