Il ne fait aucun doute que la première rencontre Joe Biden-Vladimir Poutine, tenue la semaine dernière à Genève, revêt une importance cruciale. Un sommet qui intervient alors que les points de divergence sont grands : Ukraine, Biélorussie, désinformation, attaques informatiques, affaire Alexeï Navalny, pour ne citer que ceux-là. A l’issue de leur entretien, ils ont chacun rejoint leur délégation, pour deux conférences de presse séparées. Poutine a soufflé le chaud et le froid. Le président russe a décrit l’ambiance de la réunion : « Il n’y avait aucune animosité », ajoutant que « sur beaucoup de questions, (leurs) évaluations divergent, mais les deux parties ont démontré un désir de se comprendre l’une l’autre et de chercher les moyens de rapprocher les positions ». Le président russe a annoncé que les deux pays s’étaient entendus pour un retour de leurs ambassadeurs respectifs, rappelés par Moscou puis Washington en mars et en avril derniers. Ils ont convenu d’entamer des négociations sur le nucléaire afin de remplacer le traité New Star, qui limite les armes nucléaires, après son expiration en 2026. Il a aussi assuré que les Etats-Unis ne devaient pas s’inquiéter d’une militarisation russe dans l’Arctique, région stratégique où la Russie ne cache pas ses ambitions. De son côté, Biden a confirmé que la rencontre s’était déroulée dans une atmosphère « positive », reconnaissant qu’il y avait beaucoup d’attentes. « Rien ne remplace un tête-à-tête », a-t-il déclaré, pragmatique, rappelant que les deux pays ont des intérêts communs.
En amont de leur rencontre, les deux dirigeants ont exprimé leur espoir de relations plus stables et plus prévisibles, cependant que leurs divergences sont nombreuses et concernent un éventail de questions. A la veille de leur rencontre, à la fin du sommet de l’Otan à Bruxelles, Biden avait promis de dire à Poutine quelles étaient « ses lignes rouges ». « Nous ne cherchons pas un conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités », avait-il déclaré, en ajoutant que la Russie « ne cherche pas une guerre froide » avec les Etats-Unis. De son côté, le président russe a obtenu ce qu’il désirait : la tenue du sommet comme illustration de l’importance de la Russie sur la scène mondiale.
Bref, alors que les attentes étaient au plus bas, la rencontre Biden-Poutine a tout de même réussi à clarifier les règles acceptées par les uns et les autres afin d’éviter une confrontation plus importante. Ce sommet est donc un point de départ pour une amélioration des relations entre les deux puissances qui se sont longtemps affrontées.
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