La brouille américano-russe intervient au moment où la coopération entre les deux superpuissances est plus que jamais nécessaire sur un certain nombre de dossiers comme celui de la crise nucléaire iranienne. Les séquelles de cette brouille commencent déjà à se faire sentir. En annulant son tête-à-tête avec Poutine au sommet du G20 les 5 et 6 septembre prochain, le président Obama a raté une occasion de faire le point sur la crise iranienne avec le président russe qui doit rencontrer le nouveau président iranien, Hassan Rohani, le 13 septembre à Bichkek au Kirghizstan. Il s’agira de la première rencontre entre MM. Poutine et Rohani et du deuxième sommet russo-iranien cette année, le président russe ayant rencontré l’ancien président Ahmadinejad en juillet à Moscou. En fait, la Russie est un partenaire important des Etats-Unis sur le programme nucléaire iranien. Son rôle en tant qu’allié traditionnel de Téhéran devrait croître avec la prise de fonctions du nouveau président iranien, plus désireux que son prédécesseur de parvenir à un accord avec l’Occident.
Après l’élection de Rohani en juin, la Russie et les Etats-Unis se sont déclarés « optimistes » sur le dossier du nucléaire iranien. Le président russe a notamment émis l’espoir de voir émerger « de nouvelles opportunités pour résoudre le problème iranien ».
Les discussions entre Téhéran et le groupe des 5+1 (Russie, Etats-Unis, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne) butent depuis plusieurs années sur la question de la suspension de l’enrichissement d’uranium en Iran, une dernière réunion en avril au Kazakhstan s’étant soldée par un échec. La Russie essaie d’atténuer l’effet des sanctions régulièrement infligées par les Etats-Unis et leurs alliés à l’Iran. Cette semaine encore, les Russes ont défié Washington, en menaçant les Américains de revenir sur les accords de réduction de l’arsenal nucléaire, s’ils ne desserraient pas leur étau sur l’Iran. Vendredi, Moscou a accusé les Etats-Unis de tenter d’« étrangler » l’économie iranienne, au lendemain de l’approbation par la Chambre des représentants américaine de nouvelles sanctions contre l’Iran prévoyant de fixer des limites très strictes à l’industrie du pétrole iranien, déjà l’objet de lourdes sanctions, ainsi que sur d’autres pans de l’économie du pays comme les secteurs minier et automobile. « Le Conseil de sécurité a déjà adopté plusieurs sanctions contre l’Iran. C’était tout à fait adéquat et suffisant pour assurer la non-prolifération des armes de destruction massive. Il ne faut pas asphyxier Téhéran », a déclaré un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov.
Moscou et Téhéran viennent de mettre en service la centrale nucléaire de Bouchehr et vont travailler sur l’élargissement de la coopération bilatérale dans le domaine du nucléaire pacifique, selon Moscou. De quoi inquiéter les Etats-Unis. « En septembre, Moscou remettra aux Iraniens ce site stratégique pour leur économie. Nous allons ensuite élargir notre coopération nucléaire civile », affirme le président du Parlement iranien, Ali Larijani. Si la brouille américano-russe continue, Washington perdra un partenaire important sur le programme nucléaire iranien et qui pourra stopper toute résolution de sanctions contre Téhéran au Conseil de sécurité de l’Onu .
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