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Haut-Karabakh : Echec des tentatives d’apaisement

Sabah Sabet avec agences, Mercredi, 21 octobre 2020

Le conflit au Haut-Karabakh se poursuit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir violé la trêve humanitaire censée entrer en vigueur cette semaine.

Au haut-karabakh, la trêve humanitaire qui devait débuter dimanche 18 octobre, à minuit, afin de donner l’occasion au secours des civils, a subi le même sort du cessez-le-feu de la semaine d’avant : les deux tentatives ont volé en éclat et, comme la semaine dernière, l’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont mutuelle­ment accusés de violer la trêve. Pourtant, samedi 17 octobre soir, les ministères arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères avaient annoncé, dans deux déclarations identiques, un accord pour « une trêve humanitaire à partir du 18 octobre à 00h00, heure locale ». Mais la tension est restée palpable, d’ailleurs, la nuit précédente l’accord, le vendredi 16 octobre, 13 civils ont été tués dans le bombardement d’une zone résidentielle de Gandja, deuxième ville d’Azerbaïdjan, selon les autorités. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a juré de « venger » ces civils, accu­sant son ennemi séparatiste arménien. « La direction fasciste de l’Arménie a tiré sur nos zones peuplées (…), ce crime lâche ne brisera pas la volonté de notre peuple. Nous allons y répondre sur le champ de bataille, nous allons nous venger sur le champ de bataille », menace-t-il. L’Union Européenne (UE) a déploré ces frappes en appelant, une fois encore, « toutes les parties à cesser de viser les civils ».

Mais les deux parties restent sourdes aux différents appels. Le même jour, des frappes azerbaïdjanaises avaient visé la capitale des indépendantistes, Stepanakert, et la ville de Chouchi, dont la majorité des habitants ont fui depuis le début des hostilités, le 27 septembre. La frappe meurtrière dans la nuit de vendredi à samedi dernier sur Gandja a été suivie d’une deuxième dans une autre partie de la cité, puis d’un tir visant la ville voisine de Minguetchaour.

Le ministère de la Défense azerbaïdjanais a affirmé que les forces arméniennes avaient rompu de « manière flagrante le nou­vel accord », dénonçant des tirs d’artillerie ennemis et des attaques matinales le long du front, ceci dans un communiqué publié dimanche 18 octobre. Plus tôt dans la nuit de dimanche, la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Shushan Stepanyan, a affirmé sur Twitter que l’Azerbaïdjan avait rompu la trêve humanitaire : « L’ennemi a effectué des tirs d’artillerie en direction du nord entre 00h04 et 02h 45 et a lancé des roquettes vers le sud entre 02h20 et 02h45 ». L’armée du Karabakh a égale­ment fait état d’une attaque ennemie le matin dans le sud, faisant part « de pertes et blessés des deux côtés ».

La reprise des combats il y a trois semaines a fait des centaines de morts. Une première tentative de cessez-le-feu sous l’égide de Moscou a été ratée. L’Azerbaïdjan a fait des gains territoriaux ces trois dernières semaines sans pour autant avoir remporté de bataille décisive. Bakou n’a pas jusqu’ici révélé le coût du conflit, ne publiant aucun bilan militaire, matériel ni humain, alors que les séparatistes affir­ment avoir tué des milliers d’hommes. En fait, cette région montagneuse du Caucase, peuplée d’Armé­niens, a proclamé en 1991 son indépendance, qui n’est pas reconnue par la communauté internationale, a connu une guerre ayant fait 30 000 morts dans les années 1990. Un cessez-le-feu, ponctué de heurts, était en vigueur depuis 1994. La reprise du conflit qui se poursuit depuis fin septembre et qui fait face à l’incapacité de la communauté internationale de faire pression sur les deux côtés pour cesser ces hostilités faisant la mort de plus de 700 et des centaines de blessés suscite la crainte que cette guerre s’interna­tionalise, notant que la Turquie soutient l’Azerbaïd­jan, et l’Arménie, qui soutient financièrement, politi­quement et militairement les séparatistes, possède, elle, une alliance militaire avec la Russie.

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