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Tarek Fahmy : Il est trop tôt de dire lequel des deux candidats tirera profit de cette situation

Sabah Sabet, Mercredi, 07 octobre 2020

Trois questions à Tarek Fahmy, professeur de sciences politiquesà l’Université américaine du Caire, sur l’impact de la contamination au coronavirus de Donald Trump sur la présidentielle américaine.

Tarek Fahmy

Al-Ahram Hebdo : La conta­mination du président amé­ricain et de son responsable de campagne au Covid-19, à moins d’un mois de la présidentielle, complique la donne. Comment la campagne peut-elle être tenue dans ces conditions ?

Tarek Fahmy : Ce sont vraiment des moments difficiles pour les Républicains, la contamination du président américain Donald Trump, de son responsable de campagne et d’autres a compliqué la situation. Plusieurs activités rela­tives à la campagne électorale ont été reportées. Des rassemblements politiques à Stanford, en Floride, ont été annulés, et d’autres, dans d’autres Etats, reportés. Même le deuxième débat télévisé, prévu le 15 octobre à Miami entre Donald Trump et son rival Joe Biden, a été reporté conformément aux règles de santé publique. Le président américain doit se placer en quaran­taine jusqu’au 15 octobre prochain, en plus d’une semaine de récupéra­tion, alors nous sommes devant 30 jours de retard. Et ce, au cas où il se rétablirait. Dans ce cas, on ne sait pas si les Démocrates vont accepter ou non d’arrêter leurs activités. Les scenarios sont donc ouverts.

— Au-delà de meetings et des activités de campagne, quel impact peut avoir l’hospitalisa­tion de Trump sur ses chances d’être réélu et sur celles de son rival ? Ces événements seront-ils exploités par l’un et par l’autre ?

— Certainement, les démocrates ne vont jamais rater cette occasion pour mettre en avant les erreurs de Trump, notamment la gestion de la crise du coronavirus, depuis sa négligence des mesures préven­tives et jusqu’à sa contamination. Le fait que le président en personne soit contaminé signifie que sa ges­tion de la crise est un échec, qu’il n’a pas réussi à protéger le peuple américain, et ce, d’autant plus qu’il a toujours minimisé la crise. La polémique porte aussi sur les pré­cautions ou l’absence de précau­tions prises par la Maison Blanche et la famille Trump contre le coro­navirus, mais aussi sur la décision de laisser le vice-président Mike Pence continuer à faire campagne pour l’élection du 3 novembre, alors qu’il est l’homme qui pren­drait l’intérim en cas d’incapacité de Donald Trump.

Cela dit, il est trop tôt de dire lequel des deux tirera profit de cette situation. Si les Démocrates en profitent pour pointer du doigt les erreurs de Trump, ce dernier peut renverser la situation en sa faveur en s’attirant la sympathie du peuple, à l’exemple du premier ministre britannique, Boris Johnson, qui a vu son taux de popularité grimper soudainement après avoir contracté le coronavi­rus. N’oublions pas que Trump sait parfaitement comment exploiter les médias. De plus, la gestion de cette crise ne pèse pas si fort sur le choix des Américains. Une autre hypo­thèse existe, celle du mensonge de Trump en ce qui concerne sa conta­mination pour gagner du temps, mais si c’est le cas et si c’est décou­vert, ce serait la fin de sa vie poli­tique.

— Et quels scénarios si son état de santé s’aggrave ?

— L’annulation du scrutin du 3 novembre n’est pas proposée, sur­tout que le processus électoral est en marche aux Etats-Unis et rien ne peut l’arrêter. Par contre, un report des élections est possible, même si cela ne s’est jamais produit dans l’histoire du pays. Si son état de santé se détériore, il reviendrait alors à son parti politique de lui nommer un successeur. Et pendant ce temps et jusqu’à la fin du pro­cessus électoral, c’est le vice-prési­dent, en l’occurrence Mike Pence, qui doit alors assumer la charge de président jusqu’à la fin du mandat présidentiel. Dans la situation extrême où le président et le vice-président se retrouveraient inca­pables de diriger, c’est la prési­dente de la Chambre des représen­tants, comme le prévoit la Constitution américaine.

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