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Islam radical: Le discours ferme de Macron

Abir Taleb avec agences, Dimanche, 04 octobre 2020

Le président français est passé à l'offensive contre l'islam radical avec le renforcement des contrôles à tous les niveaux, un dossier devenu l'angle d'attaque favori de la droite et l'extrême droite à 20 mois de la présidentielle.

« Renforcer la laïcité et consolider les prin­cipes républicains ». Tels sont, officielle­ment, les objectifs du projet de loi contre les séparatismes qui sera présenté le 9 décembre prochain en Conseil des ministres français. Le président français, Emmanuel Macron, a dévoi­lé, vendredi 2 octobre, son plan d’action pour lutter contre les séparatismes religieux, ou, plus précisément, contre l’islam radical. « L’islamisme radical est le coeur du sujet: nommons-le », a dit le président français, on ne peut plus clair. Dans son discours, il a directement visé l’idéologie « politico-religieuse » qui conduit certains à « placer leur foi au-dessus des lois de la République » et qui « se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République ». Pour justifier une offensive plus poussée qu’at­tendue, il a longuement énuméré des exemples et détaillé une panoplie de mesures concrètes qui visent tous les lieux suspects de diffuser l’idéo­logie islamiste, « un endoctrinement qui a gran­di ces dernières années », selon Macron. Des mesures axées sur cinq piliers: la neutralité du service public; le contrôle des associations et de leur financement; la lutte contre l’instruction à domicile; parvenir à un « islam des Lumières », en libérant les influences étrangères de l’islam en France, en formant les imams en France et en contrôlant le financement des mosquées; et enfin la promotion de l’amour de la République.

Bref, il s’agit de renforcer les contrôles à tous les niveaux pour lutter contre l’islam radical. « Nous avons laissé faire chez nous le wahha­bisme, le salafisme, les Frères musulmans qui ont porté des messages de rupture », a dit le président français, reconnaissant en même temps que la France a « construit ses propres sépara­tismes » en laissant se « ghettoïser » les quartiers et par manque d’une politique d’intégration suf­fisante. Emmanuel a plaidé en parallèle pour une meilleure compréhension de l’islam avec davan­tage d’enseignement de l’arabe et des postes dédiés à l’islamologie dans l’enseignement supérieur, se défendant de stigmatiser les musul­mans, et mettant en garde de tomber dans le « piège de l’amalgame ».

Pourtant, en France, les amalgames existent bel et bien et sont à l’origine d’une islamopho­bie inquiétante qui n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années. Ce qui ne manque pas de susciter le mécontentement des musulmans. Le grand imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayeb, a fustigé « l’insistance de certains responsables occidentaux sur le fait d’utiliser le terme de terrorisme islamiste », ce qui constitue « une offense à l’islam et aux musulmans et une ignorance de ses principes tolérants ».

En France, à la veille du discours de Macron, le recteur de la Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a indiqué dans le journal Le Monde être prêt à soutenir « complètement l’ac­tion du président (...) à condition que la démarche s’inscrive dans une politique volonta­riste, résolument républicaine et qu’elle s’éloigne de l’opportunisme politicien et des coups de communication » à l’approche d’échéances électorales. En effet, certains y voient une précampagne, à 20 mois de la prési­dentielle, notamment la gauche, qui dénonce l’offensive d’Emmanuel Macron comme électo­raliste et éloignée des préoccupations des Français en pleine crise sanitaire et économique du Covid-19. Quant à l’extrême-droite, dont c’est l’un des sujets et angles d’attaque favoris, elle a exprimé son scepticisme quant à la déter­mination du président, disant attendre davan­tage d’actes. L’islam et l’islamophobie restent ainsi, en France, au coeur du discours politique .

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