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Enchevêtrement de crises dans le Golfe

Sabah Sabet avec agences, Dimanche, 15 septembre 2019

Alors qu’un assouplissement de la position de Washington à l’encontre de Téhéran semblait se profiler, l’attaque de deux installations pétrolières en Arabie saoudite, menée par les Houthis et dans laquelle Téhéran est pointée du doigt, vient compliquer la donne.

Enchevêtrement de crises dans le Golfe
L'attaque de samedi en Arabie saoudite est la troisième du genre en cinq mois. (Photo:Reuters)

« Je peux vous dire que l’Iran veut une rencontre », a déclaré, jeudi 12 septembre, le président américain, Donald Trump, depuis les jardins de la Maison Blanche, tout en exprimant son accord. « Nous espérons pouvoir aboutir à un accord (...). Je pense qu’ils veulent aboutir, ils n’ont jamais été dans une telle position », a-t-il ajouté, tout en évoquant « les énormes difficultés financières » de la République islamique. Et, interrogé la veille sur un éventuel allègement des sanctions visant l’Iran, condition sine qua non posée par Téhéran pour envisager une rencontre au sommet, Trump n’a pas exclu un éventuel allègement des sanctions visant Téhéran afin de permettre une rencontre avec son homologue iranien, Hassan Rohani, mais il s’est contenté d’une réponse évasive sur ce sujet sensible.

En fait, le limogeage, la semaine dernière, de John Bolton, conseiller du président américain à la Sécurité nationale et en matière de politique étrangère et partisan de la ligne dure, paraît le point de départ d’un certain changement de position entre Washington et Téhéran. Justifiant cette décision, Trump a fait état de désaccords au sujet de la Corée du Nord, de l’Iran, de l’Afghanistan et de la Russie.

Cependant, il est encore trop tôt de parler d’un vrai changement ou d’un revirement. Le départ de Bolton « ne poussera pas l’Iran à reconsidérer sa position en ce qui concerne les discussions avec les Etats-Unis », a réagi l’ambassadeur de l’Iran à l’Onu, Majid Takhteravanchi, excluant tout dialogue avant la levée des sanctions américaines. Le président iranien a, quant à lui, invité l’Administration américaine à mettre fin à sa politique de « pression maximale » et a promis que Téhéran continuerait à s’affranchir des obligations prises dans le cadre de l’accord international de 2015 sur son programme nucléaire, dénoncé l’an dernier par Donald Trump. « Les Etats-Unis doivent comprendre que l’activisme n’apporte aucun bénéfice et doivent renoncer à leur politique de pression maximale sur l’Iran (...) Les obligations de l’Iran à l’égard de l’accord nucléaire sont proportionnelles à celles des autres signataires et nous prendrons des mesures supplémentaires si nécessaire », a assuré Hassan Rohani, selon la télévision.

La question yéménite en toile de fond

Rien n’est donc acquis à moins que chacune des deux parties présente des concessions. « Les présidents américain et iranien doivent accepter les négociations, car tous deux en ont besoin », explique Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. « Washington doit accepter d’alléger les sanctions contre Téhéran, et ce dernier n’a d’autre choix que les négociations vu sa mauvaise situation économique », dit-il.

Or, d’autres facteurs entrent en jeu. La question iranienne dépasse celles des sanctions et du nucléaire. Et, sans règlement de la crise yéménite, rien ne peut être acquis. L’Iran a de nouveau été pointé du doigt cette semaine suite à l’attaque, menée samedi 14 septembre par les Houthis, de trois drones contre deux installations pétrolières en Arabie saoudite. Washington a condamné l’attaque et a explicitement accusé Téhéran. « L’Iran a lancé une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique mondial », a ainsi affirmé le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, sur Twitter. L’attaque, la troisième du genre en cinq mois, a provoqué des incendies dans deux installations pétrolières du géant Aramco en Arabie saoudite, qui a dû réduire sa production pétrolière de moitié, et qui a affirmé que son pays avait « la volonté et la capacité » de riposter.

Cette attaque a donc ajouté aux tensions dans la région du Golfe. « Des actions violentes contre des zones civiles et des infrastructures vitales pour l’économie mondiale ne font qu’aggraver les conflits et la méfiance », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué après un appel téléphonique entre Donald Trump et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamad bin Salman. Un enchevêtrement de crises qui n’est pas prêt de prendre fin.

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