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Au Venezuela, une bataille entre les grandes puissances

Sabah Sabet avec agences, Lundi, 01 avril 2019

La crise politique au Venezuela a pris un nouveau tournant avec des mises en garde réciproques entre Moscou et Washington. Un air de Guerre froide.

Au Venezuela, une bataille entre les grandes puissances
Trump a reçu Fabiana Rosales, épouse du chef de l'opposition Guaido à la Maison Blanche. (Photo:AP)

Le venezuela sera-t-il la scène d’un nouvel affrontement entre Washington et Moscou comme aux plus belles heures de la Guerre froide, lorsque l’ex-URSS et les Etats-Unis s’affrontaient à distance sur le territoire d’Amérique centrale? La question s’impose avec l’intervention des deux puissances dans la crise politique qui frappe le Venezuela. « Nous recommandons aux Etats-Unis de cesser de menacer le Venezuela, d’étouffer son économie et de le pousser vers la guerre civile en violant ouvertement le droit international », c’est ce qu’a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans un communiqué publié samedi 30 mars. Avec cette recommandation, la Russie veut répondre aux affirmations des Etats-Unis qui ont, la veille, une nouvelle fois, mis en garde la Russie contre le déploiement au Venezuela de ses militaires, se disant prêt à défendre leurs intérêts et ceux « de leurs partenaires » dans la région. En fait, deux avions russes transportant une centaine de militaires et 35 tonnes de matériels sont arrivés ces derniers jours à Caracas, et Moscou revendique le droit de renforcer sa coopération avec le Venezuela « en accord avec la Constitution de ce pays et dans le cadre de la loi ». « La Russie a clairement indiqué le but de l’arrivée de ses spécialistes à Caracas. Il ne s’agit pas d’un contingent militaire », a rétorqué Maria Zakharova, en appelant toutes les forces politiques vénézuéliennes, qui placent les intérêts de leur patrie au-dessus de leurs propres ambitions, à dialoguer. « La Russie doit partir », a lancé M. Trump, en recevant dans le Bureau ovale Fabiana Rosales, épouse du chef de file de l’opposition, Juan Guaido, et « première dame du Venezuela », selon la terminologie de la Maison Blanche. Le Kremlin avait donc demandé, mercredi 27 mars, à Donald Trump de ne pas « s’ingérer » dans les affaires bilatérales entre le Venezuela et la Russie, affirmant que les Russes s’y trouvaient dans le cadre de la mise en oeuvre de contrats. La Russie et le Venezuela ont conclu en 2011 un accord de coopération militaire prévoyant la vente d’armements russes à Caracas financée par un crédit russe.

Le ton ne cesse donc de monter entre Washington, qui reconnaît Juan Guaido comme président par intérim du pays et réclame le départ du président chaviste Nicolas Maduro, et Moscou, qui accuse les Etats-Unis d’essayer d’organiser un « coup d’Etat » dans ce pays aux immenses réserves pétrolières. On en revient donc à des rivalités entre puissances mondiales, comme à l’époque de la Guerre froide.

Polémique sur l’aide humanitaire

Et dans ce bras de fer, c’est le peuple qui paye le prix. Une nouvelle coupure du courant électrique massive a replongé, vendredi 29 mars, une grande partie du pays dans le noir pour la 3e fois en moins d’un mois. Il s’agit de la 3e coupure d’importance depuis la méga-panne qui avait mis le pays à l’arrêt entre le 7 et le 14 mars, privant les habitants de transports publics, de téléphones et d’Internet, et forçant les administrations et la plupart des magasins à rester fermés.

La Croix-Rouge a annoncé qu’elle allait distribuer de l’aide d’urgence dans le pays, marquant une inflexion dans la position du gouvernement du président Nicolas Maduro. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) a déclaré qu’elle pourrait débuter ses opérations sous 15 jours, sans que l’on sache quelles garanties a données le gouvernement vénézuélien.

Le président en exercice, Nicolas Maduro, qui nie l’existence d’une crise humanitaire au Venezuela, a refusé le mois dernier de laisser entrer de l’aide humanitaire, disant redouter que les convois facilitent l’incursion d’éléments armés étrangers. S’exprimant, lors d’une conférence de presse à Caracas, le président de l’IFRC a déclaré que le groupe humanitaire pouvait « s’appuyer sur les modalités légales et techniques pour travailler dans le pays et accéder à l’aide humanitaire indispensable ». « Cela ne résoudra évidemment pas tous les problèmes et personne ne doit envisager qu’il s’agit d’une solution complète » à la crise humanitaire au Venezuela, a ajouté le groupe humanitaire .

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