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Le Venezuela scindé en deux

Sabah Sabet avec agences, Mardi, 12 mars 2019

Frappé par une panne électrique géante qui a duré deux jours, le Venezuela s’enfonce de plus en plus dans le chaos : relations tendues avec la communauté internationale, échanges d’accusations et manifestations des partisans des deux camps.

Le Venezuela scindé en deux
Le président Maduro a mobilisé ses partisans pour défier les Etats-Unis.

La situation s’enlise au Venezuela. Caracas et la quasi-totalité des 23 Etats du pays ont connu durant plu­sieurs jours une coupure généralisée du courant électrique. Du coup, le pays a été littéralement paralysé : journée de travail et cours suspendus, vols annulés, hôpitaux au ralenti, pillages, rues désertes, métro stoppé, distribution de l’eau assurée par des pompes électriques interrompue, réseau téléphonique et Internet très instables. La panne a commencé jeudi 7 mars, le lendemain, le courant est reve­nu partiellement dans l’après-midi dans cer­tains quartiers de Caracas avant d’être coupé à nouveau. De plus, l’économie du Venezuela, déjà très fragile, a été également touchée : les habitants ne pouvaient plus retirer d’argent aux distributeurs et les banques sont restées fermées vendredi 8 mars.

Le Venezuela scindé en deux
L'opposant Guaido s'est proclamé président par intérim le 23 janvier

Au lendemain de cette coupure de courant, les partisans des deux camps rivaux — le gou­vernement du président élu, Nicolas Maduro, et son opposant Juan Guaido, président auto­proclamé soutenu par une partie de la commu­nauté internationale — ont défilé dans la capi­tale. En effet, si l’origine de cette panne géante d’électricité est toujours inconnue, les deux parties n’ont pas manqué de l’exploiter. « J’appelle tout le peuple vénézuélien à s’ex­primer massivement dans la rue contre le régime usurpateur, corrompu et incapable qui a plongé notre pays dans l’obscurité », a écrit sur Twitter Juan Guaido, opposant et président du parlement, qui s’est proclamé président par intérim du Venezuela le 23 janvier, et reconnu par une cinquantaine de pays. En face, Nicolas Maduro a également mobilisé il y a quelques jours ses partisans pour défiler contre l’« impé­rialisme » tout en accusant les Etats-Unis d’être derrière cette panne. « La guerre de l’électricité annoncée et dirigée par l’impéria­lisme américain contre notre peuple sera mise en échec. Rien ni personne ne pourra vaincre le peuple de Bolivar et de Chavez. Patriotes, unissez-vous ! », a-t-il écrit sur Twitter.

Le ministre de la Défense, Vladimir Padrino, a de son côté qualifié la panne d’« agression délibé­rée » des Etats-Unis et a annoncé un « déploie­ment » de l’armée sans plus de détails, lors d’une déclaration sur la télévision d’Etat VTV. Le gouvernement vénézuélien a même annon­cé vendredi 8 mars qu’il allait fournir à l’Onu « des preuves » d’une responsabilité de Washington dans la panne d’électricité géante. Ces informations seront remises à une déléga­tion du Haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’homme qui est attendue dans quelques jours à Caracas, a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez.

Et ce n’est pas que sur les Etats-Unis que Caracas jette son dévolu, le régime vénézué­lien s’en est également pris à Berlin en expul­sant l’ambassadeur d’Allemagne à Caracas. Accusé « d’ingérence dans les affaires inté­rieures » du pays, l’ambassadeur allemand, Daniel Kriener, a été déclaré persona non grata après avoir reçu Juan Guaido. Une décision immédiatement condamnée par Berlin qui l’a jugée « incompréhensible », estimant qu’elle « aggrave la situation et ne contribue pas à la détente ».

Côté américain, Washington a annoncé de nouvelles sanctions et révoqué les visas de 77 responsables du régime et de leurs proches, en plus des dizaines d’annulations déjà annon­cées. Les Etats-Unis ont aussi menacé les « institutions financières étrangères impli­quées (dans l’aide) à Nicolas Maduro et à son réseau corrompu ». « Nous allons continuer à demander des comptes à l’ensemble du régime Maduro jusqu’à ce que la libertad soit rétablie au Venezuela », a prévenu le vice-président américain, Mike Pence.

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