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Israël : Toujours plus à droite

Maha Al-Cherbini avec agences, Mardi, 01 janvier 2019

Espérant prendre de vitesse la justice et renforcer sa légitimité, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a convoqué des législatives anticipées, le 9 avril 2019. Un scrutin où il serait favori.

C’est du Brésil que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, semble avoir commencé sa pré-campagne électorale. Après avoir annoncé, la semaine dernière, la dissolution du parlement et la convocation de législatives anticipées, le 9 avril prochain, Benyamin Netanyahu s’est rendu au Brésil pour assister à l’investiture du nouveau président d’extrême-droite Jair Bolsonaro. Devant des représentants de la communauté juive à Rio, il a lancé : « Le président Bolsonaro a dit qu’il allait transférer son ambassade à Jérusalem, ce n’est pas une question de savoir si ça se fera mais quand ça se fera ».

D’ores et déjà, le premier ministre israélien tente d’amadouer ceux qui sont le plus à droite dans son pays. Et pour cause, la dissolution du parlement et la convocation de législatives anticipées sont intervenues un mois et demi après la démission du ministre de la Défense et chef du parti ultranationaliste Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman. Accusant M. Netanyahu de faire preuve de faiblesse en refusant de lancer une opération de grande envergure contre le Hamas à Gaza, Lieberman a présenté sa démission, fragilisant la coalition au pouvoir et laissant le Likoud avec une seule voix de majorité (61 sur 120 voix) à la Knesset.

« En provoquant des élections anticipées, M. Netanyahu espère prendre de vitesse la justice (il est impliqué dans des affaires de corruption) et renforcer sa légitimité. Il veut aller vite pour se faire réélire avant la décision finale du procureur général. Il n’a pas dissous le parlement à cause de la simple controverse concernant l’enrôlement des orthodoxes juifs dans l’armée, mais il l’a dissous à cause de sa faible majorité gouvernementale. Pour lui, le moment est opportun pour convoquer un scrutin anticipé, car l’opposition est divisée et aucun candidat de poids ne pourrait rivaliser avec lui », analyse Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. En effet, pour l’heure, les sondages prédisent la victoire du chef du Likoud. D’après l’enquête d’opinion publiée par le journal Maariv, le Likoud recueillerait 30 sièges de députés sur les 120 que compte la Knesset, soit le même nombre que lors des élections de 2015, et Netanyahu obtiendrait une majorité de droite et d’extrême droite pour gouverner. « Netanyahu a occupé le poste de premier ministre de 1996 à 1999 puis de 2009 jusqu’à présent. C’est la plus longue durée en Israël. Le secret de sa longévité politique c’est d’avoir convaincu ses électeurs que personne d’autre n’a son expérience pour affronter les menaces qui pèsent sur l’Etat juif », affirme Dr Mourad.

Chances réduites pour l’opposition

Se félicitant de la tenue des élections anticipées, les principaux partis de l’opposition israélienne, Union sioniste (centre-gauche) et Yesh Atid (centre), ont espéré que « la fin du pouvoir de Netanyahu aurait lieu en avril ». Enthousiaste, la cheffe de l’opposition, Tzipi Livni, a espéré que le jour de l’élection serait un jour qui « va tout bouleverser ». Un enthousiasme sans doute démesuré. « La gauche est actuellement faible, désorganisée et sans leader apte à rivaliser avec Netanyahu. De plus, elle peine à trouver un programme qui suscite la société israélienne. Il est peu probable qu’un représentant de la gauche remporte le scrutin. Je pense que le nouveau gouvernement sera très à droite comme l’actuel », prévoit Dr Mourad.

Selon les experts, le plus sérieux rival qui pourrait menacer Netanyahu serait le nouveau parti fondé jeudi 27 décembre « Résilience pour Israël » par l’ancien chef d’état-major Benny Gantz, qui pourrait arriver en seconde position après le Likoud avec de 13 à 20 sièges, selon les sondages. Les médias israéliens évoquent déjà un accord entre l’Union sioniste et le parti de Benny Gantz. L’adhésion de ce dernier à la gauche pourrait bouleverser le résultat du vote, car cet ancien chef d’état-major peut créer la surprise lors des législatives. Selon Dr Mourad, Gantz pourrait être un sérieux rival pour Netanyahu sur le plan sécuritaire, car il jouit d’un grand respect dans la société israélienne en tant qu’ancien chef d’état-major au moment où l’opposition tente d’écorner à Netanyahu son statut de « Monsieur sécurité » qui lui a assuré sa longévité politique, en jouant sur la controverse de la gestion des violences à Gaza et l’inquiétude suscitée par le retrait des troupes américaines en Syrie où l’Iran, grand ennemi de l’Etat hébreu, cherche à avancer ses pions.

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