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A quoi sert le TNP ?

Abir Taleb avec agences, Mercredi, 02 mai 2018

Les Etats signataires du Traité de Non-Prolifération (TNP) des armes nucléaires étaient réunis à Genève depuis le 23 avril et jusqu’au 4 mai 2018. Le traité fête cette année son 50e anniversaire dans un contexte international très incertain.

C’est dans un contexte particulier que se tient actuellement, à Genève, la réunion préparatoire de la Conférence d’examen du Traité de Non-Prolifération nucléaire (TNP) prévue en 2020. « La menace d’utilisation — intentionnelle ou pas — d’armes nucléaires augmente », a déclaré Izumi Nakamitsu, la responsable du désarmement de l’Onu, à l’ouverture de la conférence. « Cette menace, qui concerne toute l’humanité, subsistera tant que les armes nucléaires continueront d’exister dans les arsenaux nationaux », a-t-elle ajouté. Ce qui n’est pas près de changer. En effet, il est illusoire d’imaginer que les pays détenteurs de l’arme nucléaire s’en débarrassent, et ces derniers refusent toujours de s’engager dans un processus de désarmement réel et contraignant. En même temps, les tentatives de certains pays de s’en doter risquent de perdurer. Et ce, même si l’objectif du TNP, qui est entré en vigueur en 1970, est d’empêcher la dissémination de l’arme atomique, prévoit le démantèlement progressif de l’arsenal des cinq puissances nucléaires originelles (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni) et garantit à tous ses signataires le droit de développer un programme nucléaire civil.

Cette fois-ci, la réunion intervient dans une conjoncture faite de contradictions : un apaisement du côté de la Corée du Nord, qui a annoncé la fin de ses essais nucléaires et tests de missiles intercontinentaux, bien qu’elle se soit retirée du TNP en 2003, une recrudescence de la crise avec l’Iran, qui menace de se retirer du TNP et de reprendre ses activités nucléaires si les Etats-Unis sortent de l’accord sur le nucléaire de 2015. Si Izumi Nakamitsu s’est félicitée des récents développements positifs survenus dans la péninsule coréenne, au sujet de l’Iran, elle a appelé tous les acteurs à « rester entièrement engagés » pour la mise en oeuvre et la préservation « sur le long terme » de l’accord de 2015. Un accord qui, selon elle, reste « le meilleur moyen de garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire » de l’Iran.

Alerte de l’Onu

Face à cette conjoncture, la responsable du désarmement de l’Onu a estimé que « le monde d’aujourd’hui est confronté à des défis similaires au contexte qui a donné naissance au TNP », il y a 50 ans. « Les discours sur la nécessité et l’utilité des armes nucléaires sont de plus en plus nombreux. Les programmes de modernisation des Etats dotés d’armes nucléaires conduisent à ce que beaucoup considèrent comme une nouvelle course aux armements qualitative », estime-t-elle. La responsable du désarmement à l’Onu a également indiqué que le secrétaire général des Nations-Unies annoncerait prochainement un nouveau plan d’action pour le désarmement. « Il cherchera à identifier les domaines dans lesquels des efforts plus cohérents et concertés au sein du système des Nations-Unies peuvent mieux soutenir les responsabilités des Etats membres en matière de progrès du désarmement », a-t-elle déclaré.

En attendant, l’Onu attend que des efforts soient entrepris lors des travaux du Comité préparatoire du TNP à Genève. « Parce qu’un TNP fort et crédible est essentiel pour renforcer notre sécurité collective en tant que communauté internationale », a insisté Mme Nakamitsu, qui invite les Etats à agir sans tarder, car « 2020 ne sera que dans deux ans et un succès passe par une action immédiate ». Selon la haute-représentante, tous les Etats-parties ont l’obligation de prendre les mesures nécessaires pour assurer la pleine mise en oeuvre et la santé future du TNP.

Or, le TNP présente un défaut d’origine qui entache sa crédibilité. Ce sont les pays qui se sont dotés les premiers de l’arme atomique qui décidèrent d’en arrêter la prolifération. En conséquence, ce traité n’implique en rien que ces nations doivent détruire leur arsenal. Et ni l’Inde ni le Pakistan, qui sont dotés de l’arme atomique, ne l’ont signé. Pas plus qu’Israël, considéré comme possédant l’arme nucléaire.

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