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Un vent de paix sur la péninsule coréenne

Maha Al-Cherbini avec agences, Mercredi, 02 mai 2018

Les promesses de dénucléarisation de la péninsule coréenne et de restauration de la paix entre les deux Corées s'inscrivent dans le cadre d'un apaisement des tensions entre la communauté internationale et Pyongyang. Et ce, à quelques semaines d'un sommet historique entre le président nord-coréen, Kim Jong-Un, et son homologue américain, Donald Trump.

Un vent de paix sur la péninsule coréenne
Après le sommet entre les deux Corées, un nouveau round de négociations à six est prévu prochainement. (Photo : AFP)

Une évolution positive, voire historique.La rencontre entre le leader nord-coréen, Kim Jong-Un, et son homologue sud-coréen, Moon Jae-in, qui a eu lieu le vendredi 27 avril dans la Zone démilitarisée de Panmunjeom, divisant la péninsule depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, a semé l’espoir d’une issue à la crise coréenne. Il s’agit du premier sommet du genre depuis une dizaine d’années et le troisième depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), car le nord et le sud ne se sont rencontrés qu’à deux reprises, en 2000 et 2007. En franchissant la ligne de démarcation, qui matérialise la frontière entre les deux Corées, Kim Jong-Un devient ainsi le premier dirigeant nord-coréen à fouler le sol sud-coréen en 65 ans. En fait, la réconciliation avec le voisin du sud entre dans le cadre d’un changement de tactique globale de la part de Pyongyang. Analysant les motifs de cette récente volte-face nord-coréenne, Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, explique : « Après plus d’un an de défis nucléaires et de rhétorique guerrière, la Corée du Nord, un régime démuni, isolé sur la scène internationale et proie à de lourdes sanctions internationales, a enfin décidé de changer de tactique dans l’espoir d’aboutir à un accord à l’iranienne. Cette volte-face nord-coréenne a paru au grand jour quand Kim Jong-Un a annoncé début janvier la participation de son pays aux Jeux Olympiques d’hiver en Corée du Sud ». Et d'ajouter : « Avec cette ouverture, le leader nord-coréen veut obtenir une reconnaissance internationale de son régime ainsi qu’une levée des sanctions qui courbent son économie ».

Vers une dénucléarisation totale

En fait, la bonne volonté de Kim Jong-Un a paru au grand jour lors du sommet du vendredi 27 avril où les deux chefs d’Etat ont débattu de la dénucléarisation totale de la péninsule, la réunification des deux Corées et la paix globale. « Il n’y aura plus de guerre sur la péninsule coréenne. Je suis venu ici pour donner un signal de départ au seuil d’une histoire nouvelle. Nous avons discuté de tous les problèmes pour améliorer les relations intercoréennes et parvenir à la paix, la prospérité et la réunification », a indiqué Kim Jong-Un. Au terme du sommet, les deux présidents ont publié une déclaration commune où ils ont promis de ne pas « répéter le passé malheureux qui a vu tourner court de précédents accords intercoréens. Passant au dossier le plus épineux, le communiqué affirme que l’objectif commun serait désormais d’obtenir, au moyen d’une dénucléarisation totale, une péninsule coréenne non nucléaire ». Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, a promis de fermer le site nord-coréen d’essais nucléaires en mai et d’inviter des experts sud-coréens et américains à y assister, a annoncé dimanche la présidence sud-coréenne, affirmant que M. Moon devrait se rendre à l’automne à Pyongyang.

Selon Dr Mohamad Farahat, spécialiste du dossier nord-coréen au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, cité par la chaîne télévisée Extra News, on s’attend les jours à venir à un nouveau round des négociations à Six (les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon et les deux Corées) pour fixer plus précisément les garanties de la poursuite de cette détente pour les deux côtés. « Outre la levée immédiate des sanctions, la Corée du Nord exige que les Etats-Unis arrêtent leurs manoeuvres militaires avec la Corée du Sud et qu’il n’y ait aucune base militaire américaine en Corée du Sud. Il est aussi probable que Pyongyang demande de conserver son droit à la technologie nucléaire civile. Quant aux Etats-Unis, ils exigent des garanties sincères et continuelles à l’arrêt total des activités nucléaires nord-coréennes à travers des inspections de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) », affirme l’expert.

En attendant le sommet Trump-Kim

Il faut donc attendre le sommet Kim-Trump qui va prouver si vraiment Pyongyang est sérieux dans sa volonté de dénucléarisation ou s’il s’agit d’une simple manoeuvre, afin d’obtenir une reconnaissance internationale et une levée des sanctions. En attendant ce face-à-face crucial, le sommet entre les deux Corées a suscité un concert de louanges dans les capitales étrangères. Alors que la Maison Blanche a salué « un sommet historique », la Chine a mis en exergue le « courage » de MM. Kim et Moon, et le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a évoqué « un pas positif ».

Selon les experts, la réussite de ce sommet va avoir un impact positif sur le sommet Kim-Trump prévu fin mai ou début juin. Même si la date exacte et le lieu de cette rencontre n’ont pas encore été précisés, les récentes évolutions prouvent la bonne volonté de tous les protagonistes de la crise à mettre fin à cette crise. Le 8 mars dernier, Trump avait surpris tout le monde en annonçant qu’il acceptait une invitation à rencontrer Kim Jong-Un. « Je pense que notre sommet va être très positif. Ces pourparlers seront couronnés d’un immense succès. Un accord avec la Corée du Nord sera formidable pour la planète », s’est enthousiasmé le numéro un américain la semaine dernière lors de son sommet avec son homologue français Emmanuel Macron. . Il s’agit d’un revirement spectaculaire dans la stratégie de Trump qui avait multiplié les sanctions et les menaces de guerre contre Pyongyang depuis son accession au pouvoir en janvier 2017. « Il est désormais clair que ni la Corée du Nord ni les Etats-Unis ne veulent que cette escalade ne dégénère en confrontation militaire. Trump — comme Kim — a enfin réalisé que la langue des menaces ne va avoir aucun fruit et pourrait dégénérer en confrontation militaire. C’est pourquoi il a saisi l’occasion de la main tendue par Kim Jong-Un pour résoudre pacifiquement la crise. Il est prévu que les négociations entre Pyongyang et Washington s’élargiront pour inclure d’autres parties comme la Corée du Sud, la Chine et le Japon. Celles-ci vont prendre du temps comme le cas de l’Iran, mais en fin de compte, elles vont aboutir à un compromis car il y a une volonté commune de régler la crise. Une solution à la crise nord-coréenne doit passer par la Chine, acteur incontournable de la crise et principal soutien économique de Pyongyang », prévoit Dr Mourad.

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