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La tension persiste

Maha Al-Chirbini, Lundi, 24 septembre 2012

Le 40e anniversaire de la normalisation des relations entre les deux pays, qui devait être célébré cette semaine, a été terni par les différends sur la propriété des îles Senkaku Diayou.

La tension persiste

Au lieu de fêter le 40e anniversaire de la normalisation de leurs relations, Pékin et Tokyo ont continué leur dispute au sujet des îles Senkaku appelées Diayou en Chine. En fait, la situation entre les deux pays n’augure rien de bon et ne fait qu’empirer. Alors que des manifestations anti-japonaises se sont déclenchées dans plusieurs villes chinoises tout au long de la semaine dernière, des manifestations japonaises se sont, pour la première fois, déchaînées, samedi, à Tokyo, pour manifester contre la Chine à cause du conflit territorial en mer de Chine. « Nous ne céderons jamais face aux menaces militaires chinoises », criaient les manifestants, tout en dénonçant les manifestations, parfois violentes, contre le Japon. « On est énervés, mais on ne va pas casser des boutiques ou des entreprises comme ils l’ont fait en Chine », dit Shuhei Takagi, l’un des manifestants.

Furieux, le premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, a estimé, pour sa part, que son pays devait agir avec fermeté mais maintenir le calme. « L’important est de nous montrer fermes et de ne pas faire de concessions », a déclaré M. Noda, en affirmant que le gouvernement japonais compte demander à la Chine de payer des dédommagements suite aux dégâts subis par ses missions diplomatiques prises pour cible durant les manifestations anti-japonaises dans le pays. Haussant le ton contre Pékin, la compagnie de transport aérien Japan Airlines (JAL) a annoncé, cette semaine, une réduction de la fréquence de ses vols entre le Japon et la Chine dès la mi-octobre. JAL n’assurera plus qu’un vol aller-retour par jour entre Tokyo et Pékin au lieu de deux, deux allers-retours quotidiens Tokyo-Shanghai au lieu de trois et un aller-retour Osaka-Shanghai par jour au lieu de deux.

Face à cette situation tendue, le secrétaire du gouvernement japonais a toutefois annoncé un geste de conciliation à l’occasion du 40e anniversaire de normalisation des relations avec Pékin. « Le premier ministre envisage de nommer un envoyé spécial dans le cadre des efforts de notre gouvernement de régler ce dossier calmement par des voies diplomatiques », a indiqué M. Fujimora.
En fait, la tension entre les deux pays s’est envenimée suite à la nationalisation, la semaine dernière, par le Japon des îles Senkaku/Diayou revendiquées par la Chine. Une mesure qualifiée de « grave défi et de violation territoriale » par Pékin.

 

La colère chinoise

Ne cédant pas d’un iota sur ses droits territoriaux, Pékin a mis de l’huile sur le feu, en adoptant toute une série de mesures anti-japonaises cette semaine. Alors que les violentes manifestations se poursuivaient dans les villes chinoises contre Tokyo, contraignant bon nombre d’entreprises japonaises actives en Chine à fermer des usines et des magasins, Pékin a renforcé ses contrôles douaniers sur les marchandises japonaises qui arrivent dans ses ports. Bien plus, Pékin a décidé, dimanche, d’annuler ou plutôt de « repousser jusqu’à nouvel ordre » la cérémonie de la normalisation des relations avec Tokyo, alors qu’il avait prévu de tenir cette cérémonie le 27 décembre.

En début de semaine, Pékin a menacé Tokyo de mesures de représailles commerciales. « Nos équipes en Chine nous ont rapporté que des produits japonais arrivant dans les ports chinois faisaient face à des procédures douanières plus tatillonnes », a expliqué Tsutomu Suehara, porte-parole de la maison de commerce japonaise Sojitz. Lors de la précédente crise sino-nippone il y a deux ans, les douanes chinoises avaient déjà été renforcées autour des produits japonais. Les autorités chinoises avaient, en outre, bloqué leurs exportations vers le Japon des métaux essentiels à la fabrication de produits technologiques comme les voitures hybrides, les écrans plats et les téléphones portables. En fait, la Chine est le premier partenaire commercial du Japon, qui est le troisième ou quatrième de la Chine — après les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Association des nations du sud-est asiatique en tant qu’entité commune.

De peur de voir Washington se ranger derrière son allié japonais, Pékin a réitéré sa demande à Washington de ne pas se mêler du conflit. Lors de sa visite à Pékin la semaine dernière, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a affirmé que les Etats-Unis ne prenaient pas position et espéraient que les pays concernés trouveraient ensemble une solution pacifique afin de maintenir la prospérité et la stabilité dans la région Asie-Pacifique. Enthousiaste, le vraisemblable futur numéro un chinois, Xi Jinping, a souhaité l’approfondissement des relations entre les Etats-Unis et la Chine lors de sa rencontre avec Panetta. « Je pense que votre visite sera très utile pour faire avancer les relations d’Etat à Etat et d’armée à armée entre nos deux pays », a déclaré Jinping.

Depuis plusieurs semaines, Pékin et Tokyo se livrent à des démonstrations autour du petit archipel Senkaku, revendiqué par Pékin sous le nom de Diayou. Ces îles, riches en poissons et en hydrocarbures, sont situées à environ 200 km à l’est des côtes de Taïwan, qui les revendique également, et à 400 km à l’ouest de l’île d’Okinawa (sud du Japon). Selon les experts, les relations entre le Japon et la Chine n’ont jamais été aussi tendues depuis des décennies. Désormais, les enjeux économiques sont importants : les échanges commerciaux entre la Chine, deuxième puissance économique mondiale, et le Japon, troisième, se montent à 345 milliards de dollars (265 milliards d’euros). Outre les risques économiques, l’hypothèse d’une guerre entre ces deux superpuissances économiques ne peut pas être complètement écartée tant que la crise va crescendo.

 

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