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Moscou et Téhéran cla­ment victoire

Abir Taleb, Lundi, 19 décembre 2016

La reprise d'Alep par le régime syrien marque également une victoire internationale pour Moscou et régionale pour Téhéran.

La « victoire » du régime syrien à Alep — après plus de quatre ans d’une bataille acharnée — est aussi et surtout celle de la Russie et de son président Vladimir Poutine. C’est en effet en par­tie grâce au soutien militaire de Moscou que Damas a réussi à remporter cette « victoire ». En effet, quand, le 30 sep­tembre 2015, le président russe a ordon­né le déploiement de son armée en Syrie, les troupes de Bachar Al-Assad étaient en déroute. Plus d’un an après, l’intervention décisive des Russes a remis en selle le président syrien et permis la reprise totale d’Alep. Bref, Moscou a rebattu les cartes du conflit syrien. « Sans l’intervention russe, rien ne se serait produit à Alep », résume Alexeï Malachenko, analyste au centre Carnegie à Moscou, cité par l’AFP. « Tous les efforts ont été concentrés sur Alep », estime-t-il. Si le Kremlin n’a officiellement pas déployé de troupes au sol en Syrie, il admet la présence de « conseillers » militaires. Selon les experts, leur rôle a été déterminant dans la percée des pro-Assad à Alep.

Ainsi, ce qui s’est passé a Alep est une double victoire pour Moscou : d’un côté, c’est le couronnement de la pre­mière intervention militaire russe hors de ses frontières depuis le désastre de l’expérience afghane (1979-1989) ; de l’autre, c’est le retour en force de la Russie en tant que puissance mondiale, Vladimir Poutine apparaissant plus que jamais comme le maître de jeu du conflit syrien. Une montée en puissance rendue possible notamment par le désintérêt, voire le désengagement américain.

Or, si Poutine peut aujourd’hui célé­brer cette victoire, cette dernière est à double tranchant : Moscou est désor­mais internationalement isolé à cause justement de sa « victoire » à Alep. Sans oublier le fait que la bataille d’Alep est loin de marquer la fin de la guerre en Syrie, et qu’il faudra passer un jour ou l’autre par des négociations. Et là, il faudra alors voir si Moscou pourra jouer un rôle diplomatique aussi important que son rôle militaire.

En outre, la reprise d’Alep ne marque pas une victoire pour Moscou seule­ment. C’est aussi, il ne faut pas l’ou­blier, celle de Téhéran. Si Moscou a assuré la couverture aérienne de la gigantesque opération de répression engagée par Bachar Al-Assad, sur le terrain, sans l’appui des forces pro-ira­niennes, le régime se serait déjà effon­dré, selon de nombreux experts. Dans cette bataille pour la survie du régime syrien, Téhéran lui a assuré un soutien politique, financier et militaire, et ce, au nom d’une vieille alliance stratégique entre les deux pays. Et Téhéran compte bien en tirer profit : le général Yahya Safavi, haut conseiller du guide suprême Ali Khamenei et ancien chef des Gardiens de la révolution, en a pro­fité pour affirmer que l’Iran agissait désormais « comme la première puis­sance de la région ». Quant au chef de l’état-major des forces armées ira­niennes, il a évoqué la possibilité que « nous ayons une base navale en Syrie ou au Yémen un jour » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

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