Vendredi, 29 mars 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde >

Iran : Espoirs reportés

Maha Al-Cherbini avec agences, Lundi, 21 janvier 2013

L’Agence internationale de l’énergie atomique et Téhéran ont décidé de se rencontrer le 12 février. Entre-temps, l’espoir en une résolution de la crise du nucléaire se focalise sur une réunion avec les six grandes puissances fin janvier.

Espor
Malgré l'échec des négociations, le chef des inspecteurs de l'AIEA a affirmé la poursuite du dialogue avec Téhéran le 12 février (Photo: Reuters)

La crise nucléaire iranienne s’est compliquée cette semaine, faisant craindre l’éclatement d’une guerre dans la région. Désormais, l’attention internationale se focalise sur la prochaine réunion, les 28 et 29 janvier, entre l’Iran et les six grandes puissances, surtout après l’échec d’un nouveau round de discussions entre Téhéran et l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) cette semaine. « Après deux jours de discussions à Téhéran, des divergences ont subsisté quant à une approche structurée en vue d’analyser une éventuelle dimension militaire du programme nucléaire iranien et aucun accès à la base militaire de Parchin n’a été garanti », a déploré le chef des inspecteurs de l’agence onusienne, le Belge Herman Nackaerts, vendredi dernier, à son retour à Vienne.

Selon un diplomate occidental proche de l’AIEA, Téhéran a mis des bâtons dans les roues et a posé sur la table des conditions inacceptables. Malgré cet échec, les inspecteurs de l’AIEA et les négociateurs iraniens, avec à leur tête le représentant de la République islamique à l’AIEA, Ali Asghar Soltanieh, ont convenu de se retrouver le 12 février à Téhéran pour ne pas couper le fil du dialogue. Soufflant le chaud et le froid, M. Soltanieh a espéré signer un accord permettant à l’AIEA d’enquêter sur son programme nucléaire controversé le 12 février, tout en affirmant qu’il existait encore des divergences avec l’Agence. « Certaines divergences ont été résolues mais c’est un dossier très complexe. Il n’y a pas eu d’accord mais les négociations avancent », a déclaré Asghar Soltanieh.

Au lendemain de ces négociations échouées, les Etats-Unis ont exprimé leur « grande déception ». Les discussions entre l’AIEA et l’Iran, qui traînent depuis un an, portent sur la signature d’un « accord global », permettant aux experts onusiens d’enquêter librement sur le programme nucléaire iranien, Téhéran étant soupçonné par la communauté internationale de visées militaires, ce que Téhéran dément. L’AIEA souhaite un accès plus large à certains sites, documents ou responsables scientifiques, notamment un accès à la base militaire de Parchin, qui pourrait avoir abrité des tests d’explosions conventionnelles susceptibles d’être utilisées pour déclencher une bombe atomique. Une demande de nouveau rejetée par l’Iran qui a affirmé qu’il n’y avait aucune activité nucléaire sur ce site. L’enrichissement d’uranium est au coeur du conflit qui oppose l’Iran à l’AIEA, à la communauté internationale et donc à l’Onu, dont le Conseil de sécurité a déjà condamné la République islamique dans six résolutions, dont quatre assorties d’une rafale de sanctions économiques, sanctions encore renforcées unilatéralement par les Etats-Unis et l’Union européenne.

Sur le qui-vive

De peur que les échecs successifs des négociations nucléaires n’entraînent une riposte militaire surtout après la fin des élections israéliennes et américaines, la République islamique était sur le qui-vive cette semaine. Relevant le défi à l’Occident

à la veille des négociations avec les Six, Téhéran a affirmé samedi qu’il entendait envoyer « très prochainement » des navires de guerre dans les eaux territoriales au nord de l’océan Indien, au golfe d’Aden et jusqu’à la mer Rouge et la Méditerranée dans une mission qui durerait trois mois. Ces navires visent à faire face à toute frappe internationale. Selon les experts, toute action militaire contre Téhéran n’entraînerait pas l’enterrement du programme nucléaire iranien, mais plutôt son report pour quelques années.

L’entêtement iranien en matière nucléaire se manifeste par la poursuite de l’enrichissement de l’uranium

malgré les sanctions internationales, dont les dernières ont frappé le secteur pétrolier en juillet. Signe que ces sanctions étaient efficaces malgré l’arrogance iranienne, le président Ahmadinejad a estimé cette semaine que son pays devait adapter son économie en réduisant notamment sa dépendance au pétrole pour surmonter les sanctions occidentales. Il a proposé la fin de la dépendance budgétaire aux pétrodollars, qui est l’une des faiblesses de l’économie.

Dans ses propos, Ahmadinejad a reconnu que les sanctions avaient provoqué un effondrement de la monnaie iranienne et une flambée des prix, exerçant une pression sur une grande partie de la population. L’Iran fait face à un effondrement de ses exportations pétrolières en raison de l’embargo mis en place début 2012 par les Occidentaux.

Enthousiaste, la Maison Blanche a affirmé samedi que les déclarations du président iranien montraient que les sanctions avaient fort alourdi l’économie iranienne, et a appelé une nouvelle fois Téhéran à respecter ses « obligations » internationales. Selon le porte-parole du président américain Barack Obama, Jay Carney, ces sanctions n’ont pas seulement eu un impact profond sur l’économie iranienne, mais aussi sur la situation politique en Iran. « L’Iran est en train de payer cher son refus de respecter ses obligations conformément aux résolutions du Conseil de sécurité », a défié Carney, ajoutant qu’un autre chemin est possible pour l’Iran : c’est le chemin qui lui permettrait de rejoindre la communauté internationale, a-t-il plaidé. Reste à se poser une question : Téhéran va-t-il sacrifier ses rêves nucléaires au profit de son économie menacée ?.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique