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Cuba veut plus qu’une normalisation politique

Maha Salem avec agences, Mardi, 29 septembre 2015

S’exprimant pour la première fois à l’Onu, le président cubain, Raul Castro, a plaidé pour une levée totale de l’embargo imposé à son pays, comme suite naturelle à la réconciliation avec les Etats-Unis.

C’est la première fois que le président cubain, Raul Castro, s’exprime à la tribune des Nations-Unies. Intervenant quelques semaines à peine à la suite de la réconciliation entre son pays et les Etats-Unis, le chef de l’Etat cubain a trouvé l’occasion pour exiger la levée de l’embargo économique et commercial américain qui, selon lui, demeurait l’obstacle numéro un au développement de son pays.

« L’embargo est l’obstacle principal au déve­loppement économique de notre pays. L’embargo économique, commercial et finan­cier contre Cuba persiste depuis plus d’un demi-siècle, causant des dommages et des pri­vations au peuple cubain et il touche d’autres Etats étant donné sa portée extraterritoriale, il nuit aux intérêts des Américains et des entre­prises américaines », a ainsi plaidé le numéro un cubain à l’Onu. « Une telle politique est rejetée par 188 Etats membres de l’Onu, qui demandent qu’elle prenne fin », a continué Raul Castro, âgé de 84 ans.

Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant cubain, ou Raul Castro lui-même, demande la levée de cet embargo. Mais l’occasion, avec un discours devant l’Assemblée générale dans le cadre d’un sommet mondial sur le développement, était particulièrement solennelle. Pressant l’Assem­blée générale de l’Onu à résoudre le problème de son pays, Castro a rappelé que chaque année depuis plus de 20 ans, les 193 membres de l’Assemblée réclament à une écrasante majorité la levée de l’embargo par une résolution non contraignante que Washington choisit d’ignorer à chaque fois. Cuba, qui évalue à 121 milliards de dollars le tort qu’a causé l’embargo à son économie, déploie des efforts cette fois pour que l’Assemblée générale annuelle en cours adopte une nouvelle résolution demandant sa levée.

Pourtant, les Etats-Unis ont déjà levé une partie des restrictions pesant sur les sociétés américaines qui veulent commercer avec Cuba, tout en facilitant les déplacements entre les deux pays, dernière initiative en date pour allé­ger l’embargo imposé à l’île communiste. Les nouvelles réglementations concernent notam­ment les secteurs du tourisme, des télécommu­nications, des services Internet et des banques. Autrement dit, elles autorisent les sociétés amé­ricaines à se doter de filiales cubaines, par exemple via des co-entreprises avec des firmes locales. Les compagnies aériennes et maritimes qui desservent l’île pourraient, en outre, se faire livrer des pièces et du matériel, ce qui amélio­rerait la sécurité des voyageurs, et les restric­tions concernant l’exportation des logiciels informatiques seraient assouplies. « Il s’agit du développement le plus important depuis des décennies en matière de réglementation des échanges avec Cuba et des investissements », a affirmé à l’AFP John Kavulich, directeur du Conseil économique et commercial américano-cubain.

Hostilité du Congrès

Cela dit, cet allégement considéré comme un rapprochement historique entre les deux pays ne met pas un terme à l’embargo. Sa levée totale ne peut être décidée que par le Congrès, dont la majorité reste hostile au rapprochement avec La Havane. Et, aux Etats-Unis, les avis divergent. « Une relation plus forte et ouverte entre les Etats-Unis et Cuba est susceptible de créer des opportunités économiques pour les Américains comme les Cubains », déclare le secrétaire au Trésor, Jack Lew, dans un communiqué, en ajou­tant qu’« en allégeant davantage ces sanctions, les Etats-Unis contribuent à soutenir les efforts du peuple cubain pour parvenir à la liberté poli­tique et économique nécessaire pour construire un Cuba démocratique, prospère et stable ».

Mais la normalisation progressive des rela­tions entre Washington et La Havane, engagée en décembre 2014, suscite de fortes résistances aux Etats-Unis, notamment au sein de la com­munauté cubaine exilée et du Congrès à majorité républicaine. Le premier tête-à-tête entre le pré­sident cubain, Raul Castro, et son homologue américain, Barack Obama, avait eu lieu au mois d’avril, à Panama, en marge du Sommet des Amériques. Les Etats-Unis et Cuba ont repris des relations diplomatiques le 20 juillet et ont rouvert, alors, des ambassades après plus d’un demi-siècle d’animosité.

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