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Du nouveau dans la lutte anti-EI

Maha Salem avec agences, Mardi, 11 août 2015

Les Etats-Unis pourront désormais frapper Daech depuis les bases turques. Une pre­mière depuis la création de la coalition anti-EI.

La Coalition anti-Etat islamique, conduite par les Américains, intensifie ses bombardements.
La Coalition anti-Etat islamique, conduite par les Américains, intensifie ses bombardements. (Photo: AP)

Une première, les Etats-Unis ont déployé des chasseurs F-16 en Turquie pour lutter contre le groupe Etat Islamique (EI). « Six F-16, Fighting Falcon, ont été déployés sur la base d’Incirlik (sud de la Turquie) en soutien à la lutte contre l’EI », a écrit la mission américaine auprès de l’Otan. Le ministère américain de la Défense a précisé qu’un contingent de 300 mili­taires avait en outre été déployé sur cette base. C’est la première fois depuis le lancement de la coalition internatio­nale qui bombarde ce groupe djihadiste en Iraq et en Syrie, il y a un an, que les Etats-Unis pourront faire décoller des chasseurs depuis cette base stratégique, grâce à un accord signé avec la Turquie fin juillet. Washington avait jusqu’à présent utilisé des drones armés depuis Incirlik.

Les avions de l’US Air Force devaient jusqu’à présent décoller de bases plus éloignées pour aller frapper leurs cibles djihadistes, par exemple en Jordanie ou au Koweït. « Les Américains intensifient leurs bombar­dements ces jours-ci car ils ont peur d’une intervention russe dans les com­bats. Et, pour diminuer la vague de critiques lancée contre l’alliance inter­nationale pour lutter contre l’EI. Car toute la communauté internationale accuse l’alliance anti-EI d’incompé­tence puisqu’elle n’a pas été jusque-là capable de détruire Daech. Ces accu­sations inquiètent l’Administration américaine. Cette dernière, pour sau­ver son image, essaye de temps en temps d’intensifier ses raids mais tou­jours sans pour autant détruire l’EI.

Washington veut garder un certain équilibre dans la région, autrement dit faire en sorte que les combats se pour­suivent entre toutes les parties pour les affaiblir toutes sans une vraie interven­tion américaine dans les pays concer­nés, à savoir l’Iraq et la Syrie », explique Dr Mohamad Gomaa, ana­lyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Quant à la Turquie, elle avait jusqu’à récemment refusé de participer activement aux opérations de la coali­tion contre l’EI, de peur de favoriser l’action des Kurdes de Syrie, combat­tant sur le terrain les djihadistes à proximité de sa frontière. Mais l’atten­tat survenu le 20 juillet à Suruç (sud), qui a fait 32 morts et est attribué à l’EI, a changé la donne et contraint Ankara à effectuer un tournant stratégique. Ankara a ainsi lancé le 24 juillet une « guerre contre le terrorisme », affir­mant viser simultanément la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l’EI en Syrie.

Les raids aériens, qui ont suivi, se sont concentrés sur le PKK, seuls trois d’entre eux ayant été jusqu’à présent officiellement signalés contre l’EI. Dimanche dernier, dans un nouveau bilan, l’agence gouvernementale turque, Anatolie, a affirmé que 390 rebelles kurdes ont été tués et 400 autres blessés en deux semaines de raids de l’aviation turque contre leurs repaires situés dans le nord de l’Iraq.

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