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La réforme de l’Onu mise en sourdine

Abir Taleb, Mardi, 23 juin 2015

Cela fait plus de dix ans qu’est réclamée, en vain, la réforme de l’Onu, en particulier celle du Conseil de sécurité, aujourd’hui loin des réalités géopolitiques.
L’Onu a raté le rendez-vous de 2005 qui aurait dû être un moment historique important. Il semble qu’il en sera de même cette année. En effet, la 60e Assemblée générale de l’Onu de septembre 2005 était censée marquer un tournant, non seulement parce qu’il s’agissait de célébrer les 60 ans de l’organisation, mais aussi parce qu’on devait y entériner les projets de réformes présentés par Kofi Annan (secrétaire général de l’Onu de 1997 à 2006). Ce dernier proposait une réforme des institutions et revenait sur les objectifs du millénaire. C’est en effet aux suites des attentats du 11 septembre 2001 et aux divisions nées de la guerre en Iraq en 2004 que l’ancien secrétaire général a décidé de constituer un panel chargé d’étudier les réformes nécessaires pour faire face aux menaces du XXIe siècle. Kofi Annan avait alors déclaré avoir « le sentiment inconfortable que le système ne fonctionnait pas comme il le devrait ».
Or, il semble que le système ne fonctionne toujours pas comme il faut, et il est certain que rien ou presque n’a été fait au cours des 10 dernières années. Pourtant, la réforme s’impose, notamment celle du Conseil de sécurité, organe-clé de l’Organisation internationale.
En effet, dans l’état actuel des choses, le Conseil de sécurité de l’Onu est loin de représenter les réalités géopolitiques modernes. Reflétant le rapport de force au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le principal organe de décision de l’Onu est actuellement composé de 15 membres. Cinq d’entre eux (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) sont permanents et possèdent le droit de veto. Et c’est là tout le problème. D’abord parce qu’une telle réforme exige un amendement de la Charte de l’Onu. Surtout parce qu’il n’y a pas d’unanimité sur le visage que doit prendre la réforme. Plusieurs propositions ont été mises sur la table : la première prévoit la création de huit nouveaux sièges « semi-permanents » attribués pour 4 ans renouvelables, ainsi que la création d’un nouveau siège de non permanent. Ce cas de figure déplaît fortement au G4, qui regroupe l’Allemagne, le Japon, le Brésil et l’Inde qui réclament chacun une place au Conseil en tant que membres permanents dotés du droit de veto. Ils favorisent une autre proposition : la création de 3 sièges tournants et de 6 sièges permanents, 2 pour l’Asie, 2 pour l’Afrique, un pour l’Europe, et un pour les Amériques.
Or, toutes ces propositions qui ont fait beaucoup parler d’elles il y a une dizaine d’années sont aujourd’hui presque oubliées, et le projet de réforme est reporté sine die, semble-t-il. Car, au fond, le besoin de réformer les Nations-Unies existe depuis sa fondation même à cause de son défaut originel : l’institutionnalisation au Conseil de sécurité des rapports de force après la Seconde Guerre mondiale. Et surtout l’utilisation par les Etats-Unis, maîtres du monde, du levier financier pour servir leurs intérêts au sein du Conseil de sécurité grâce à leur droit de veto.
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