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Onu : Au-delà du maintien de la paix

Abir Taleb, Mardi, 23 juin 2015

L’Onu célèbre, ce 26 juin, 70 ans d’existence. L’occasion de revenir sur le bilan mitigé de l’Organisation internationale dont les échecs ne manquent pas.

Onu : Au-delà du maintien de la paix
Le système de veto handicape souvent le fonctionnement du Conseil de sécurité.
En 70 ans, l’Organisation des Nations-Unies, ses institutions spécialisées et ses fonctionnaires ont reçu onze prix Nobel de la paix, dont deux pour le seul Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, et deux à des secrétaires généraux. Le dernier d’entre eux remonte à 2011, lorsque le prix Nobel de la paix a été conjointement décerné au secrétaire général de l’époque, Kofi Annan, et à l’organisation. Les membres du comité norvégien avaient alors précisé qu’« au cours de son histoire, l’Onu (avait) connu de nombreux succès et souffert de beaucoup d’échecs ».
Car les échecs ne manquent pas en effet. Alors que le but même de son existence, aux suites des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, était de « maintenir la paix et la sécurité internationales », le monde n’a, depuis, jamais connu autant de guerres et de conflits. Et les Nations-Unies se sont trouvées impuissantes face à certains de ces conflits. Dès les premières années de sa création, l’Onu n’a pas réussi à empêcher la Guerre froide, et la Détente des années 1960 avait résulté d’une action conjointe entre les Etats-Unis et l’URSS, les deux puissances qui se confrontaient en acteurs interposés dans d’autres conflits à travers le monde.
S’ensuivit une série d’échecs qui ont sérieusement entamé la crédibilité de l’Organisation internationale.
Il y a eu, bien sûr, la Bosnie (1995), où elle n’a pu empêcher les massacres, et surtout le Rwanda (1994), où elle a laissé se commettre l’un des importants génocides de l’histoire de l’humanité, ou encore son piteux retrait de Somalie, en 1993, laissant derrière elle un pays exsangue, livré aux milices. L’Onu a aussi dû jeter l’éponge en Angola en 1999, secoué, vingt-six ans durant, par un conflit particulièrement meurtrier. Et alors qu’elle tente, tant bien que mal, de mettre fin à la guerre qui divise l’ex-Zaïre, depuis août 1998, les Congolais n’ont pas oublié son fiasco dans leur pays, au début des années 1960.
Maudit veto
Au total, depuis 1945, plus de 130 conflits locaux que l’Onu a eu à gérer ont fait plus de 10 millions de morts. Un constat alarmant. Si, pendant 70 ans, l’Onu semble avoir été bien souvent dans l’incapacité d’assurer les missions qu’elle s’était fixées, c’est en partie en raison de difficultés internes relatives à son système de fonctionnement avec, en premier lieu, le système du veto dans le vote des résolutions au Conseil de sécurité. Ainsi, dès les premières années de sa création, la Guerre froide a empêché les institutions des Nations-Unies de jouer pleinement leur rôle et le jeu des veto a fortement paralysé son action. De plus, dès sa fondation, l’Onu a été, et est toujours, dominée par l’influence des Etats-Unis. Pour preuve, les multiples veto américains ayant empêché la résolution du conflit israélo-palestinien (voir sous-encadré).
Malgré ce bilan décevant, les défenseurs de l’Onu tiennent à rappeler que l’organisation n’est pas uniquement engagée dans le maintien de la paix, comme avait tenu à préciser le jury du Nobel en récompensant, en 2011, l’ensemble de son action. Les institutions de l’Onu interviennent dans des domaines aussi divers que l’agriculture, l’éducation, le droit du travail ou la protection de l’enfance, à travers une trentaine d’institutions spécialisées. Plusieurs d’entre elles ont d’ailleurs déjà été primées dans le passé, dont le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et le Fonds des Nations-Unies pour l’Enfance (UNICEF). Et, aujourd’hui, l’Onu étend également son rôle, en particulier en matière de justice internationale, avec la création de tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda et de la Cour pénale internationale, chargée de poursuivre et juger les auteurs des crimes les plus graves comme le génocide. Une façon peut-être de corriger ses précédents échecs .
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