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Investir dans l’eau

Nada Al-Hagrassy , Jeudi, 30 mars 2023

Comment mobiliser 30 milliards de dollars par an pour assurer la sécurité de l’eau et l’assainissement durable en Afrique ? C’est à cette question que tente de répondre le rapport publié par « le panel international de haut niveau » AMCAW. Focus.

Investir dans l’eau

La sécurité de l’eau est un catalyseur de la croissance en Afrique. Chaque dollar investi dans l’eau et l’assainissement résilient au climat rapporte au moins 7 dollars. Tel est le message-clé du rapport publié par le « panel international de haut niveau » (AMCAW) sur les investissements dans le secteur de l’eau en Afrique (Africa’s Rising Investment Tide), à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars 2023, lors de la Conférence des Nations-Unies sur l’eau 2023, à New York. Le rapport porte sur la question financière et le déficit des investissements dans ce domaine au cours des quatre dernières années, ainsi que sur le moyen, toujours d’ordre financier, qui puisse assurer la sécurité hydrique en Afrique. « Plus de 400 millions d’Africains sont privés d’eau potable, et ce nombre est sujet à se doubler à cause du manque des moyens d’assainissement en raison du manque des fonds nécessaires », précise le rapport, avant de souligner que le coût de l’inaction est trop élevé : les pays africains perdent actuellement jusqu’à 200 milliards de dollars par an en raison de l’insuffisance des investissements auxquels s’ajoutent les effets du changement climatique et de l’inefficacité de leurs infrastructures. L’Afrique subsaharienne, quant à elle, perd chaque année 5 % de son PIB (soit une somme de 170 milliards de dollars par an) à cause du manque d’eau potable et la contamination, aussi bien que du mauvais assainissement.

La croissance démographique en Afrique, qui atteindra 1,6 milliard d’habitants d’ici 2030, poussera le continent à produire au moins 50 % de ses besoins alimentaires en plus et au moins 10 fois plus d’eau pour la production d’énergie, afin de permettre la croissance.

En outre, selon le rapport, « les investissements dans le secteur de l’eau en Afrique sont inférieurs aux objectifs fixés pour répondre aux besoins croissants du continent ». Actuellement, 10 à 19 milliards de dollars sont investis chaque année. Alors que pour surmonter ce défi, l’Afrique doit augmenter le taux d’investissement actuel pour atteindre 30 milliards de dollars par an. De leur côté, les experts du Panel estiment que les investisseurs institutionnels africains et mondiaux détiennent d’importantes réserves de capitaux. Ainsi, les gouvernements africains doivent puiser dans ces réserves de capitaux afin de mobiliser 30 milliards de dollars supplémentaires par an pour la sécurité de l’eau et l’assainissement durable en Afrique. « L’augmentation du taux de financement voulue pour sécuriser les besoins de l’eau exige de modifier le statu quo qui reflète l’urgence mondiale actuelle en matière d’eau et de climat », souligne le rapport du Panel, qui ne se contente pas de diagnostiquer le problème, mais cherche aussi des solutions.

Ainsi incite-t-il les gouvernements africains à établir des partenariats plus étroits entre les investisseurs intentionnels et le secteur public. « La réalisation de cet objectif est un impératif à la fois continental et mondial, et offre une opportunité d’investissement significative pour les investisseurs institutionnels africains et mondiaux disposant d’un capital à long terme. Les banques multilatérales de développement, ainsi que les institutions financières et privées ont un rôle crucial à jouer dans ce processus », stipule le rapport. En fait, l’assurance de la fourniture d’eau potable aux citoyens du continent noir permet d’atteindre certains avantages sociétaux tels que l’assurance des droits d’avoir accès à l’eau, à la santé, à la sécurité alimentaire, à un environnement sain et à l’égalité des sexes.

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