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Initiatives plurielles, même objectif : L’autonomisation

Racha Darwich , Jeudi, 09 mars 2023

Assurer l’autonomisation des femmes, mais aussi et surtout oeuvrer à changer les mentalités, tels sont les objectifs d’une série d’initiatives lancée ces dernières années dans différents domaines. Focus.

Initiatives plurielles, même objectif : L’autonomisation

 « Noura » : Insérer les plus jeunes au marché du travail

 Noura est le symbole de toutes les jeunes filles égyptiennes. Cette initiative vise les jeunes filles de 10 à 19 ans qui n’ont pas poursuivi leurs études. Selon les chiffres officiels, le nombre de filles qui ont fui l’école primaire en 2021 a atteint 10 401 et l’école préparatoire 26 720. Lancée par le Conseil national de la femme égyptienne avec l’appui du Fonds des Nations-Unies pour la population et en coopération avec plusieurs ministères, l’initiative Noura a pour objectif d’autonomiser les filles. Il s’agit d’un programme de 40 semaines qui apporte une formation sociale, sanitaire, économique et technique aux filles, afin de leur permettre de trouver des offres d’emploi. Cette formation est effectuée à travers des procédés innovants comme la musique, le théâtre et le sport. Ce modèle a déjà été appliqué dans plusieurs pays et a été adapté aux circonstances égyptiennes. Sous le thème « Investir dans les filles pour un avenir brillant pour l’Egypte », cette initiative contribuera de manière significative à la création d’une génération de filles capables d’assumer des responsabilités, d’entrer sur le marché du travail et de créer leurs propres entreprises.

 « Dawwie » : Donner la parole aux filles

Il existe en Egypte plus de 20 millions de filles de moins de 20 ans qui cherchent chacune un moyen de réaliser ses rêves et de profiter au maximum de ses capacités. L’initiative Dawwie (retentissement) organise, pendant 3 jours par semaine, des cercles de discussions dans les écoles pour permettre aux jeunes filles d’exprimer dans un espace fiable et confiant leurs opinions, leurs rêves, leurs ambitions, mais aussi leurs peurs et leurs craintes. L’initiative organisée par le Conseil national de la femme, en coopération avec le Conseil national de la maternité et de l’enfance, avec le soutien de l’Unicef, est lancée dans tous les gouvernorats du pays sur plusieurs étapes. Elle a commencé par les villages de la Haute-Egypte à la fin de l’année dernière, puis a été lancée du 19 février au 22 mars dans 6 gouvernorats du nord du pays pour s’étendre ensuite à tout le pays. L’initiative consiste également à ouvrir un dialogue entre les filles et leurs parents autour des questions qui les préoccupent car à cet âge, les fillettes sont très sensibles et souvent lunatiques, alors que les parents peuvent ne pas être conscients de tous ces changements.

 « Mastoura » : L’« empowerment » économique avant tout

Afin d’assurer une autonomisation économique à la femme, l’initiative Mastoura (protégée) a présenté un financement de 404 millions de L.E. à près de 23 000 femmes. Le financement de Mastoura varie entre 4 000 et 50 000 L.E. que les bénéficiaires remboursent mensuellement sur une période allant jusqu’à 24 mois. Lancée sous le slogan « La femme égyptienne capable de travailler », l’initiative est à l’origine d’une initiative présidentielle résultant de la signature d’un protocole de coopération entre la Banque sociale Nasser et le Fonds Tahya Misr pour le soutien de la femme et son autonomisation économique en lui fournissant le financement nécessaire à la création ou le soutien des micro-projets tels que l’élevage, le commerce, les services, la production industrielle ou les projets à domicile. L’initiative a réussi à parvenir aux zones reculées que personne n’avait atteintes auparavant comme Halayeb, Chalatine, Abou-Ramad et les villages isolés de la Haute-Egypte. Afin de les aider à commercialiser leurs produits pour pouvoir s’élargir et augmenter leur compétitivité, les bénéficiaires de l’initiative Mastoura ont l’occasion de participer aux expositions de Diarna qui sont organisées tout au long de l’année. En effet, la Banque Nasser leur présente aussi des services non financiers tels que la commercialisation, la distribution et la formation avec les organismes partenaires comme l’Union des chambres de commerce, les organisations de la société civile ou l’Université américaine du Caire.

 « Waaya » : Former des femmes rurales en Haute-Egypte

 Lancée depuis 2019 par le Conseil national de la femme, l’initiative Waaya (avisée) a pour objectif de former des cadres de femmes rurales en Haute-Egypte qui peuvent contribuer au développement des ressources de la campagne égyptienne et soutenir les familles rurales dans les gouvernorats de Béni-Souef, Minya, Assiout, Sohag, Qéna, Louqsor et Assouan. Exécutée en partenariat avec les institutions agricoles partenaires du projet dans les gouvernorats ciblés, l’initiative donne l’occasion aux femmes rurales de participer à toutes les activités du projet. Elle cible les femmes et les filles rurales, les petites exploitantes, les travailleurs agricoles, les diplômées des écoles secondaires agricoles, les personnalités féminines qui ont un leadership dans leurs sociétés, ainsi que les entrepreneuses rurales. Elle vise ainsi à renforcer la capacité des agricultrices pour améliorer la qualité et la quantité de leurs cultures. Elle présente des programmes de formation aux étudiantes dans les écoles techniques agricoles et les forme pour trouver des offres d’emploi dans l’agriculture et l’artisanat. Elle permet aussi aux femmes rurales de mettre en place des projets agricoles rentables, encourage les efforts visant à assurer des aliments sains et sûrs à la famille et parraine les femmes leaders au niveau local.

 « Tahwicha » : Une caisse d’épargne électronique

 Le Conseil national de la femme a lancé en mars 2022 l’initiative Tahwicha (épargne), en partenariat avec la Banque Centrale qui fournit des mécanismes d’épargne et des prêts numériques et aide les femmes des villages égyptiens à mettre en place des activités ou des projets verts rentables pour améliorer la qualité de vie de leurs familles. Il s’agit d’une application dont l’idée consiste à développer le système des tontines rotatives traditionnelles exécutées auprès d’un groupe de femmes dans le but d’économiser. L’initiative vise à renforcer l’autonomisation économique des femmes et à soutenir l’idée des groupes d’épargne et de prêts, ainsi que l’encouragement de la numérisation et de l’utilisation de la technologie moderne. Le Conseil national de la femme exécute le projet par le biais de « facilitatrices financières », qui sont des femmes ayant été formées pour diffuser l’alphabétisation financière. Celles-ci forment des groupes composés de 3 femmes chacun et qui ont un compte bancaire commun relié à l’application. Ce compte bancaire est relié à 3 bracelets qui sont livrés à chaque femme. Les facilitatrices sont munies de smartphones sur lesquels est téléchargée l’application. Pour enregistrer les données des femmes de chaque groupe, elles scannent la carte d’identité sur l’application, afin de garantir l’exactitude des données et la rapidité de l’enregistrement.

 « Unissez-vous » : Faire face à la violence contre la femme

 

Depuis 2008, l’Onu organise chaque année, dans les différents pays du monde, une campagne de 16 jours appelée « Unissez-vous ». Elle commence le 25 novembre, qui correspond à la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre la femme, et se termine lors de la Journée internationale des droits de l’homme, le 10 décembre. Cette campagne appelle à une action mondiale pour sensibiliser la société à ce danger, ouvrir un dialogue autour des défis et des solutions, être solidaire avec les activistes des droits des femmes et soutenir les mouvements féministes du monde entier pour résister et défendre les droits des femmes. Dans ce contexte, l’Egypte a adopté des mesures claires pour lutter contre le phénomène de la violence contre la femme. C’est ainsi que 27 unités ont été créées dans les universités publiques pour lutter contre le harcèlement, et un premier code a été élaboré pour déterminer les critères que doivent suivre les médias pour traiter des questions relatives aux femmes. Le ministère de la Santé a également créé 8 unités d’intervention médicale dans les hôpitaux universitaires pour s’occuper des femmes victimes de violence, alors qu’un plan national a été lancé pour éradiquer le phénomène des mutilations génitales (2022-2026).

De nombreuses initiatives ont également été lancées au cours des dernières années pour sensibiliser le public aux diverses formes de violence contre la femme, comme la campagne « Ta vie est une série d’étapes. Ne laisse pas une étape t’arrêter » qui lance des messages concernant le planning familial, le harcèlement, le mariage précoce et d’autres. Quant à la campagne « Ne te tais pas », elle encourage les femmes à porter plainte en cas de harcèlement, alors que la campagne « Parle. Protège-toi et protège les autres » vise à sensibiliser aux cyber-risques et aux moyens de porter plainte contre la violence numérique.

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