Le bilan humain le plus lourd
2022 a été l’année la plus sanglante pour les Palestiniens depuis la 2e Intifada, selon l’Onu, qui a mis en garde contre un bilan encore plus lourd cette année. La Cisjordanie et Jérusalem ont été, tout au long de l’année écoulée, le théâtre d’une escalade significative de la violence et des attaques de colons contre les Palestiniens, qui ont fait de nombreux morts ou blessés. Selon le ministère palestinien de la Santé, depuis le début de l’année écoulée, 174 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens dont 51 dans la bande de Gaza lors de l’agression israélienne en août dernier. Dans ce contexte, la coordonnatrice humanitaire des Nations-Unies par intérim, Lucia Elmi, a indiqué que le taux mensuel de victimes palestiniennes a augmenté de 57% en 2022 par rapport à l’année précédente. Les villes de Naplouse et de Jénine ont été les villes plus ciblées par les forces israéliennes en 2022. Mais Jénine a payé le prix le plus élevé, avec 46 morts.
La correspondante de la chaîne Al-Jazeera, Shireen Abu Akleh, a été lâchement assassinée en mai par l’armée israélienne dans le camp de Jénine, en Cisjordanie occupée, suscitant de vives condamnations par la communauté internationale. Quant au nombre de blessés en Cisjordanie, il a atteint cette année 800 avec des blessures graves à la tête et à la poitrine. Le 15 décembre, 3 experts onusiens ont publié une déclaration conjointe dans laquelle ils ont condamné la violence généralisée des colons israéliens et l’usage excessif de la force par les forces israéliennes contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée. « Nous rappelons à Israël qu’en attendant le démantèlement de son occupation illégale, les Palestiniens des Territoires occupés doivent être traités comme des personnes protégées, et non comme des ennemis ou des terroristes », ont souligné les experts onusiens.
Le grand déplacement forcé des Palestiniens

Au cours du mois de mai, les Territoires palestiniens ont connu le plus grand processus de déplacement en 2022. La Cour suprême israélienne a approuvé l’ordre d’éviction de 8 villages palestiniens dans la région de Masafer Yatta en Cisjordanie occupée dans le cadre de son plan d’établir un site d’entraînement militaire. Cette décision israélienne, que les Nations-Unies ont qualifiée de crime de guerre, menace de déplacer entre 1200 et 4 000 Palestiniens. Ce déplacement forcé est le plus grand déplacement massif de Palestiniens en Cisjordanie occupée depuis 1967, quand Israël a occupé la Cisjordanie et Gaza et a expulsé leurs résidents. Le transfert forcé de population est considéré comme une violation du droit international humanitaire selon l’article 49 de la 4e Convention de Genève et un crime de guerre selon le Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale (CPI). En octobre 2022, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés, a condamné les opérations de déplacement forcé en cours en Palestine. Dans son rapport, Albanese a conclu que « l’occupation met en danger l’existence culturelle du peuple palestinien et viole la capacité des Palestiniens à s’organiser en tant que peuple libre de la domination et du contrôle étrangers ».
Les enfants, les premières victimes de l’occupation

« Israël devrait être ajouté à une liste noire des Nations-Unies si ses violences contre les enfants palestiniens se répètent cette année », a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies, en dénonçant des attaques illégales et injustifiées contre les enfants palestiniens, ainsi que l’utilisation de la force mortelle à leur encontre. « Je suis choqué par le nombre d’enfants tués et mutilés par les forces israéliennes pendant les hostilités, lors de frappes aériennes sur des zones densément peuplées et par l’utilisation de balles réelles lors d’opérations de maintien de l’ordre », a ajouté Guterres. 2022 a été aussi l’année la plus meurtrière pour les enfants palestiniens, notamment en Cisjordanie. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a accusé Israël d’avoir exécuté plus de 52 enfants au cours de cette année. Certains d’entre eux ont été abattus par l’armée israélienne, d’autres à cause de la négligence médicale, et ce, en pleine violation des règles du droit international et des résolutions des Nations-Unies. De même, en 2022, les tribunaux israéliens ont maintenu plus de 600 enfants palestiniens en résidence surveillée. Il s’agit d’une période pendant laquelle l’enfant ne peut pas du tout quitter la maison, doit porter un bracelet de suivi électronique et ne sera pas autorisé à fréquenter l’école jusqu’à ce que son cas soit tranché par le tribunal.
Une colonisation rampante

Au cours de la première moitié de 2022, le nombre des colonies construites sur des terres palestiniennes a augmenté de 62%, pendant la période du gouvernement Naftali Bennett-Yaïr Lapid, selon le groupe de défense des droits israélien Peace Now, en comparaison avec le gouvernement qui l’a précédé et qui a été dirigé par Benyamin Netanyahu. La démolition des maisons palestiniennes est une autre arme de l’occupation. Selon le rapport, le taux de démolitions de maisons et de biens palestiniens a augmenté de 35% durant cette période. Il est prévu que le processus de construction de colonies en 2023 s’accélèrera après la formation du gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël. Et ce n’est pas fini, le Likoud a révélé dans un document les principes directeurs du nouveau gouvernement : « Le peuple juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les parties de la terre d’Israël. Le gouvernement encouragera et développera le peuplement dans toutes les parties de la terre d’Israël— en Galilée, dans le Néguev, dans le Golan, en Judée et en Cisjordanie occupée ».
A Gaza, le blocus se renforce

Au cours de l’année 2022, le blocus israélien sur la bande de Gaza s’est durci, affectant tous les aspects de la vie, de l’alimentation à la santé, ainsi que l’éducation, les infrastructures et le logement. Les taux de chômage dans la bande de Gaza figurent parmi les plus élevés au monde. Il a atteint, lors du premier trimestre 2022, 46,6%, selon le Bureau des Nations-Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Par conséquent, le nombre de Palestiniens qui vivent en dessous du seuil de pauvreté a augmenté. Les statistiques indiquent que 1,3 million de Palestiniens sur 2,1 millions à Gaza, soit 62% de la population, dépendent de l’aide humanitaire. Par ailleurs, les restrictions d’accès imposées par les autorités israéliennes ont miné l’économie de Gaza, entraînant une insécurité alimentaire. Alors qu’environ 31% des familles à Gaza rencontrent des difficultés financières pour répondre aux besoins éducatifs fondamentaux, tels que les frais de la scolarité et les livres.
Lien court: