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Coup de pouce au secteur privé

Marwa Hussein , Mercredi, 26 octobre 2022

Le renforcement du rôle du secteur privé dans l’économie égyptienne était le point central des discussions au cours de la deuxième journée de la Conférence économique.

Coup de pouce au secteur privé
Le textile fait partie des sept secteurs prioritaires de la stratégie industrielle du gouvernement.

Plusieurs papiers ont été présentés sur le sujet. L’objectif de l’Etat est de promouvoir les investissements privés afin qu’ils représentent 65 % de l’ensemble des investissements d’ici trois ans contre 30 % actuellement. « Malgré l’augmentation des investissements en général, la participation du secteur privé est en baisse depuis 2011-2012 en raison des troubles politiques qui ont marqué cette période », souligne le gouvernement dans un papier soumis à la conférence. Et d’expliquer que l’Etat a dû investir plus afin de compenser la réticence du secteur privé à participer à l’activité économique. Ahmad Kojouk, sous-ministre des Finances et porte-parole officiel du document de « la propriété de l’Etat », qui a méticuleusement été débattu durant la conférence, a défini ce document comme étant une sorte de « Constitution économique » visant à accroître le rôle et la contribution du secteur privé, en maximisant ses capacités d’exportation et de production sur les marchés régionaux et mondiaux et en améliorant sa contribution aux investissements publics et à la production nationale. « L’investissement public représente 85 % de l’ensemble des investissements, ce qui n’est pas mauvais, ce qui est mauvais, en revanche, c’est que les investissements privés ont baissé », a commenté Hani Sarieddine, président de la commission économique du Sénat.

Selon le document qui doit réguler la relation entre l’Etat et le secteur privé, le gouvernement entend sortir de 79 secteurs et réduire ses investissements dans 45 autres secteurs sur le moyen et le long terme. « L’intention de l’Etat de se retirer de certains secteurs économiques ne signifie pas nécessairement qu’il vendra ses actifs. Le plan est plutôt de fixer un cadre qui réglemente les relations entre le gouvernement et le secteur privé », a déclaré le premier ministre, Moustapha Madbouli, en soulignant que l’Etat gardera la propriété des actifs tout en accordant leur gestion au secteur privé.

Garantir la neutralité concurrentielle

Le gouvernement affirme que l’objectif est de garantir la neutralité concurrentielle dans une économie où opèrent les secteurs privé et public. « Nous remercions l’Etat pour avoir élaboré ce document. Nous partageons avec l’Etat son objectif d’amener les exportations à 100 milliards de dollars, c’est un chiffre réalisable », a dit Hani Berzi, président du Conseil d’exportation des produits alimentaires, président et membre délégué d’Edita pour les produits alimentaires. « Il faut cependant établir une stratégie pour l’industrie et promulguer des lois qui restent valides une dizaine d’années et qui ne changent pas avec les remaniements ministériels », a ajouté l’homme d’affaires, soulignant que le secteur privé doit faire face aux procédures compliquées et assumer des frais inutiles, ce qui affecte l’activité économique, la production et la compétitivité des produits égyptiens ainsi que les exportations. Le premier ministre a, pour sa part, révélé que dorénavant il sera interdit aux entités gouvernementales d’imposer des frais aux entreprises privées sans l’approbation du Conseil des ministres. Il a également révélé qu’une stratégie relative à l’industrie sera élaborée d’ici trois mois et sera le résultat d’une coopération entre le ministère de l’Industrie et les producteurs. « Nous avons choisi sept secteurs prioritaires ayant un impact direct sur la sécurité alimentaire et offrant des opportunités à l’exportation », a déclaré le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ahmad Samir. Il s’agit des secteurs des industries mécaniques, des industries chimiques, des matériaux de construction, du textile, de l’agroalimentaire et de l’agriculture, ainsi que le secteur médical et celui des meubles et du bois.

Les participants ont surtout souligné l’importance de créer un environnement propice à l’investissement sur plusieurs niveaux. « L’environnement des affaires en Egypte n’a pas besoin de rédiger de nouvelles lois ou réglementations. Il suffit de réviser les lois existantes à la fois dans l’intérêt de l’Etat et des investisseurs, et de mettre en place des mécanismes pour les appliquer », a déclaré Ziyad Bahaeddine, économiste et ancien ministre de l’Investissement. Les participants ont aussi évoqué l’importance de la stabilité financière. « Il nous faut une vision claire pour attirer les investisseurs étrangers », a dit Khaled Nosseir, président d’Alkan Holdings. Et d’ajouter qu’il faut encourager l’investissement local et attirer les investissements privés. En effet, le succès des investisseurs locaux est le moyen le plus efficace pour avoir la confiance des investisseurs étrangers. La ministre de la Planification et du Développement économique, Hala Al-Saïd, a affirmé que le gouvernement avait pris des mesures pour renforcer le secteur privé et augmenter sa contribution au PIB à 60 %. Parmi ces mesures, l’adoption d’une politique de neutralité concurrentielle, la création du Fonds souverain égyptien et la transformation de la zone économique du Canal de Suez en un centre logistique et industriel mondial.

 Les recommandations de la Conférence

  • Poursuivre la réduction du ratio de la dette publique par rapport au produit intérieur brut de remboursement pour maintenir la capacité de l’économie à répondre à ses obligations.
  • Conclure un accord avec le Fonds Monétaire International (FMI) le plus rapidement possible.
  • Assurer la flexibilité des taux de change pour refléter les dynamismes du marché (offre et demande) et faire face aux chocs extérieurs.
  • Lier la monnaie nationale à l’or et aux devises des principaux partenaires commerciaux de l’Egypte.
  • Renforcer le rôle du Fonds souverain de l’Egypte en mettant sous sa responsabilité plusieurs entreprises publiques.
  • Mettre en place des lignes de transport rapides pour acheminer les exportations agricoles aux différents marchés.
  • Offrir des crédits faciles aux projets de santé.
  • Répondre aux demandes des investisseurs dans un délai déterminé. Tout retard sera considéré comme une approbation implicite.
  • Créer une zone économique pour les technologies de l’information.
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