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Avantages mutuels

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 27 août 2013

1 milliard d’euros, c’est la somme allouée par l’UE à l’Egypte dans le cadre de la politique européenne de voisinage. Des interrogations se posent autour de la bonne gestion de cette somme.

Avantages
Réunion de l'UE autour des aides allouées à l'Egypte. (Photo: Reuters)

En 2004, l’UE et l’Egypte ont signé un accord d’association. Depuis, les deux entités sont devenues des partenaires commerciaux importants dans la région du Sud de la Méditerranée. L’UE s’emploie à développer des relations étroites avec l’Egypte, qui est pour elle un voisin et un partenaire important dans une région stratégique. Le contenu des relations UE-Egypte est présenté dans ce qu’on appelle le plan d’action UE-Egypte.

Avant comme après la révolution du 25 janvier 2011, l’Egypte a figuré parmi les principaux bénéficiaires de l’aide distribuée par l’Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat (IEVP), utilisé par l’Union européenne et adopté au titre de la Politique Européenne de Voisinage (PEV).

Un milliard d’euros. C’est la somme allouée à l’Egypte par l’UE pour la période 2007-2013. Quelque 60 % de cette somme sont transférés au titre de l’Appui Budgétaire Sectoriel (ABS) au gouvernement égyptien, le reste étant versé dans le cadre de projets choisis d’un commun accord avec les autorités égyptiennes. L’UE a également mis des montants plus modestes directement à la disposition d’organisations de la société civile, en particulier grâce à l’Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IEDDH).

Cette aide de l’IEVP est répartie principalement sur 3 axes, à savoir soutenir les réformes dans les domaines de la démocratie, des droits de l’homme et de la justice auxquels sont consacrés 90 millions d’euros, développer la compétitivité et la productivité de l’économie avec 409 millions d’euros, et assurer la viabilité du développement avec 508 millions d’euros. L’ambassadeur Gamal Bayoumi, secrétaire général du partenariat égypto-européen au ministère de la Coopération internationale, a souligné que durant cette année uniquement, la moitié de la somme a été envoyée. « L’Egypte a reçu une aide de 449 millions de dollars de l’Union européenne à travers le programme d’aide au cours de la période 2012-2013. La somme restante de 500 millions a été gagée jusqu’à l’obtention du crédit de la Banque mondiale ».

Sur le plan militaire, l’influence européenne est modeste, avec une aide annuelle qui s’est élevée à 140 millions d’euros entre 2009 et 2011. Une somme bien inférieure à celle des Etats-Unis qui apportent 1,3 milliard de dollars, soit 80 % des dépenses d’équipement de l’armée égyptienne, selon le Service de recherche du Congrès américain (CRS).

L’économiste Fakhri Al-Fiqi, ancien conseiller à la Banque mondiale, explique que les relations et les gains entre l’UE et l’Egypte sont bien plus compliqués qu’une simple question d’aide financière. D’abord, un grand marché commercial s’est ouvert entre les deux parties. « Le montant des exportations égyptiennes vers l’Europe s’élève à 11 milliards de dollars. De l’autre côté, le montant des importations est de 19 milliards de dollars. Donc, l’UE bénéficie de ces relations commerciales avec l’Egypte à hauteur de 8 milliards », dit-il. De plus, une partie de cette aide est aussi représentée sous forme d’investissements et d’entreprises de ces 28 pays européens en Egypte. Une troisième partie est attribuée à des prêts utilisés dans des projets de développement comme les lignes du métro, et sont remboursés avec un intérêt de 1,5 % sur une longue période, pouvant atteindre 10 ans. Et enfin, comme l’affirme l’économiste, « la force douce qui permet à l’Egypte, en cas de besoin d’un soutien étranger, de recourir à ces pays de l’UE ».

Aussi, dans le cadre des aides, en novembre 2012, l’UE et ses institutions financières, notamment la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), ont élaboré un vaste programme d’assistance supplémentaire de 5 milliards d’euros pour la période 2012-2014, destiné essentiellement à améliorer la vie quotidienne des Egyptiens. La plupart des projets reste cependant gelée en raison de l’instabilité dans le pays et de l’absence de progrès dans sa démocratisation. Comme résultat, seuls 16 millions d’euros ont été accordés à l’Egypte par l’Union européenne depuis le début de l’année.

Pas de bureaux de surveillance

Mais les sommes versées sont-elles bien gérées dans leurs domaines ? Al-Fiqi explique que l’UE, contrairement aux Américains, ne possède pas en Egypte de bureau de surveillance des sommes versées. Selon la Cour des comptes européenne, l’UE n’a pas conditionné son aide à suffisamment de transparence budgétaire et d’effort de démocratisation (...). Elle ferme les yeux sur la manière dont l’Egypte gère les centaines de millions d’euros d’aides publiques au développement versées. Son rapport paru en juin et intitulé La coopération de l’UE avec l’Egypte dans le domaine de la gouvernance dresse un constat édifiant sur l’incapacité à améliorer efficacement la gouvernance dans ce pays. Le soutien apporté à l’Egypte était « bien intentionné, mais inefficace », affirme le rapport. La Cour des comptes a ciblé la période 2007-2013, durant laquelle l’UE a fourni au Caire près d’un milliard d’euros, dont la moitié approximativement a transité par le Trésor égyptien.

Bref, même très importantes pour l’Egypte, les aides de l’UE sont aussi un avantage pour les 28 pays de l’UE.

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