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Forum d’Assouan : Vers la reprise post-Covid en Afrique

Aliaa Al-Korachi, Mardi, 02 mars 2021

L’Egypte organise virtuellement du 1er au 5 mars la deuxième édition du Forum d’Assouan pour la paix et le développement durables. Objectif : dresser un plan pour une reprise post-Covid-19 en Afrique.

Forum d’Assouan : Vers la reprise post-Covid en Afrique

Nouvelle édition, nouveaux enjeux. Sous le titre « Façonner la nouvelle normalité de l’Afrique : récupérer plus fort, reconstruire en mieux », les travaux de la deuxième édition du Forum d’Assouan ont démarré le 1er mars. Cette plateforme annuelle, initiée par l’Egypte pour la discussion des questions africaines de paix et de sécurité, se déroule cette année via vidéoconférence, Covid-19 oblige. « Les défis imposés par la pandémie et ses conséquences ne nous empêcheront pas de faire avancer notre agenda africain. Ils renforcent plutôt notre détermination à avancer dans la mise en oeuvre de nos plans afin d’atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA) », a déclaré le président Abdel-Fattah Al-Sissi, dans un discours prononcé lors de la séance inaugurale du Forum d’Assouan II. Cette édition online du Forum, qui s’étale sur cinq jours, réunit des dirigeants de gouvernements, d’organisations régionales et internationales, d’institutions financières, du secteur privé et de la société civile, ainsi que des visionnaires, des universitaires et des experts-clés. Le secrétariat du Forum d’Assouan est assuré par le Centre international du Caire pour la résolution des conflits, le maintien et la consolidation de la paix en Afrique (CCCPA). « L’Egypte est un acteur essentiel de la paix et la sécurité en Afrique », explique Ahmed Amal, expert dans les affaires africaines, avant de préciser que « l’idée de l’organisation de ce Forum avait été lancée par le président Sissi en février 2019 lors d’un sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba. Il s’inscrit dans le cadre de la vision égyptienne préconisant des solutions africaines aux problèmes africains ».

« L’édition actuelle du Forum est consacrée à débattre les répercussions de la pandémie sur l’Afrique sur tous les volets et les solutions pour y faire face », a déclaré Sameh Choukri, ministre des Affaires étrangères, lors de la séance inaugurale, en soulignant « l’importance de l’action interafricaine commune pour réaliser la paix, base du développement sur le continent ».

La pandémie de Covid-19 constitue un défi additionnel au maintien de la paix et au développement en Afrique. « Cet événement est l’occasion d’apporter de nouvelles solutions aux problèmes de l’Afrique aujourd’hui, de mettre l’accent sur ses besoins et de lui fédérer un soutien international », a déclaré le président tunisien, Kaïs Saïd, en s’exprimant par webinar.

« Alors que l’Afrique compte pour une partie relativement faible du bilan mondial des décès dus à la pandémie de Covid-19, la crise sanitaire s’est rapidement transformée en une crise socioéconomique », souligne l’ambassadeur Ahmed Abdel-Latif, directeur général du CCCPA et directeur exécutif du Forum. Et d’ajouter : « La pandémie a également amplifié les risques et les inégalités antérieures à cette crise. En même temps, les défis à la paix, à la sécurité et au développement persistent, alors que le continent continue d’être témoin d’une recrudescence du terrorisme, de la criminalité transnationale organisée et des conflits violents ». Les estimations actuelles prévoient que l’Afrique sera confrontée à une croissance négative comprise entre -3,4 et -1,7 %. « L’Afrique doit passer de la gestion des crises à la prévention, et renforcer la résilience pour reconstruire en mieux », ajoute Abdel-Latif.

Un agenda chargé

Le programme de la deuxième édition du Forum a été riche. « Terrorisme à l’ombre de la pandémie : l’urgence de réponses intégrales », c’est le titre de l’une des séances consacrées aux enjeux sécuritaires amplifiés par la pandémie de Covid-19 sur le continent. En effet, les groupes terroristes ont profité de la pandémie pour accroître leurs opérations en Afrique et renforcer leurs gains territoriaux. Autre session : « Paix et développement durables par le biais des arts, de la culture et du patrimoine ». Le choix par l’UA de 2021 comme Année des arts, de la culture et du patrimoine offre l’opportunité d’examiner les moyens de renforcer la contribution des arts et de la culture au maintien de la paix et du développement en Afrique. Il repose sur la conviction qu’une Afrique pacifique et sûre doit être fondée sur le développement d’une « culture de la paix » dans l’esprit de ses sociétés. « Je voudrais souligner l’importance de choisir les arts, la culture et le patrimoine comme thème de l’UA pour l’année 2021, en tant que soft power dans le rapprochement des peuples », a souligné le président lors de son discours.

La jeunesse et la crise du Covid-19 a été un autre thème sur l’agenda du Forum. Un nombre croissant de jeunes Africains contribue à atténuer l’impact du Covid-19 sur les économies et les sociétés africaines en développant des solutions locales pour s’adapter à la nouvelle normalité. « Dans ce contexte, le Forum d’Assouan a voulu renforcer la participation des jeunes à ces débats, notamment à travers la tenue d’un dialogue de la jeunesse qui précède la tenue du Forum, en partenariat avec Twitter, vu l’importance des réseaux sociaux et des technologies de l’information dans le contexte actuel du coronavirus », explique Abdel-Latif.

Par ailleurs, la pandémie a amplifié également les inégalités socioéconomiques existantes. « Faire avancer l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité en Afrique pendant la pandémie et au-delà » était le thèºme d’une autre séance consacrée à la femme africaine qui vise « à examiner les voies permettant de placer les femmes au coeur des priorités du financement et de la planification nationale en tant que force pour réaliser une paix et un développement durables », selon un communiqué publié par le Forum. « La crise au Sahel de mal en pis ? », cette séance fait le point sur la manière dont la pandémie a affecté les efforts de paix et de développement internationaux et continentaux au Sahel. Cette région qui a connu depuis le début de la pandémie une forte augmentation des conflits intercommunautaires et une recrudescence des attaques terroristes.

La vision égyptienne

Le président a passé en revue, au cours de son discours, l’expérience et la vision de l’Egypte. « Le rétablissement total nécessite l’élaboration de politiques de développement durable, comprenant les dimensions économique, sociale et environnementale », a affirmé le président, avant de préciser que « les projets d’infrastructure sont un pilier fondamental des efforts de développement et de redressement en Afrique. L’expérience pionnière de l’Egypte dans les projets d’infrastructure constitue un bon exemple que nous sommes heureux de partager avec nos frères », a ajouté le président. La technologie apporte aussi des solutions aux pandémies. « Je voudrais également souligner l’importance des technologies de l’information pour faire face aux répercussions de la pandémie, ainsi que leur rôle central dans tous les aspects de la vie au cours de cette période ».

« La présidence égyptienne de la Commission de consolidation de la paix des Nations-Unies ouvre la voie au renforcement de la coopération entre l’UA et l’Onu dans ce domaine », a déclaré le président. Et d’ajouter : « Nous affirmons notre engagement à gérer le dossier de la reconstruction et du développement durant la période post-conflit, en activant le Centre de l’Union africaine chargé de cette question sur la terre d’Egypte, pour appliquer des plans et des programmes de développement en coordination avec chaque pays concerné, selon ses situations et ses priorités nationales ».

La vaccination est un autre défi que l’Afrique doit relever. « Je voudrais souligner la demande africaine, que le vaccin soit fourni d’une manière plus équitable et plus juste pour répondre aux demandes des peuples de notre continent », conclut-il.

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