Al-Ahram Hebdo : Comment expliquez-vous l’approche globale des droits de l’homme adoptée par l’Egypte ?
Mohsen Awad : La vision égyptienne des droits de l’homme est la même vision définie par la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948. Le monde a beaucoup changé, mais la base des droits de l’homme reste la même, à savoir que les gens sont libres et égaux en droits et en libertés. En Egypte, la Constitution de 2014 a renforcé les garanties juridiques des droits et libertés. Ce qui a été réalisé sur le terrain est aussi important. Les droits civils, économiques et sociaux ont connu des progrès remarquables, en particulier dans les domaines de l’autonomisation des femmes, le développent du système de la santé, de l’éducation et de l’élimination des bidonvilles. Dans ce cadre, la stratégie nationale des droits de l’homme, qui est en cours d’élaboration, vise à intégrer les objectifs et principes des droits de l’homme dans l’ambitieux projet de développement de l’Egypte. Pour l’Egypte, les droits de l’homme font partie intégrante de la stratégie globale de développement.
— Que signifie intégrer les droits de l’homme dans le développement ?
— L’évolution des concepts de droits de l’homme et de développement montre la prise de conscience croissante d’une vision commune associant droits de l’homme et développement, non seulement dans le but commun de garantir la liberté, l’égalité et la dignité humaine, mais aussi dans le fait que l’une renforce l’autre, consolidant les capacités des personnes et protégeant leurs droits et libertés fondamentaux, et dans certains cas, l’impossibilité de réaliser certains aspects sans obtenir des aspects similaires, d’autre part. Cette évolution a contribué à la réhabilitation de la dimension sociale dans le développement et de ses composantes fondamentales telles que l’égalité, la distribution équitable des biens et la lutte contre la pauvreté. Il a également réexaminé la dimension politique et les exigences de la démocratie de la société, la garantie des droits de l’homme ainsi que la dimension environnementale. A la fin des années 1980 et au début des années 1990, l’évolution des rapports de force au sein des Nations-Unies a entraîné une évolution importante de la notion des droits de l’homme en éliminant la séparation artificielle entre droits civils et politiques et droits économiques, sociaux et culturels. La Conférence mondiale sur les droits de l’homme, qui s’est tenue à Vienne mi-1993, a établi l’universalité et l’indivisibilité des droits de l’homme et en a démontré l’interdépendance. Dans ce contexte, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD ont défendu l’idée de l’intégration des droits de l’homme dans le développement et de la promotion de la Déclaration sur le droit au développement.

Le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, lors de sa réunion avec le comité suprême sur les droits de l'homme.
— Quels sont les efforts déployés par l’Egypte pour faire l’équilibre entre la sécurité nationale et les droits de l’homme ?
— Outre le défi du terrorisme, l’Egypte est confrontée à des défis économiques et sociaux ainsi que des transformations majeures dans la région arabe. Malgré cela, l’Egypte poursuit ses efforts pour protéger ses citoyens tout en assurant l’équilibre entre la lutte contre le terrorisme et la protection des libertés. Les droits de l’homme ne peuvent être sacrifiés en échange du droit à la sécurité. La question des droits de l’homme ne peut être divisée et traitée comme des droits séparés. Elle englobe tous les droits. Cependant, certains considèrent la lutte contre le terrorisme en Egypte comme une violation des droits de l’homme. Mais pour l’Egypte, les objectifs de protection des droits de l’homme ne contredisent pas avec les objectifs de ses mesures antiterroristes.
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