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Rentrée scolaire, l’école repensée

Ola Hamdi, Mercredi, 16 septembre 2020

Assurer la continuité des cours et contenir le coronavirus, tel est l’objectif du plan mis en place par l’Egypte pour la nouvelle année scolaire 2020-2021. Tour d’horizon des changements attendus cette année.

Rentrée scolaire, l’école repensée
Le ministre de l'Education, Tarek Shawki, présentant le plan de la nouvelle année scolaire 2020-2021.

Le compte à rebours est lancé. En Egypte comme dans le monde, alors que la pandémie du Covid-19 est loin d’être terminée, les élèves s’apprêtent à retrouver le chemin de l’école. La nouvelle année scolaire 2020-2021 débutera le 17 octobre dans toutes les écoles égyptiennes, tandis que les écoles internationales ont ouvert leurs portes le 15 septembre. « La pandémie du coronavirus est un défi sans précédent pour le système éducatif », a déclaré Dr Naïma Al-Qassir, représentante de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Egypte. Selon le dernier rapport de l’Onu intitulé « L’éducation pendant la pandémie et au-delà », la crise du Covid-19 a créé le plus grand bouleversement de l’histoire au niveau des systèmes éducatifs, touchant près de 1,6 milliard d’apprenants dans plus de 190 pays. La fermeture d’écoles et autres établissements pédagogiques concerne 94 % de la population étudiante dans le monde, une proportion qui a atteint jusqu’à 99 % dans les pays à faible et à moyen revenu. D’ailleurs, « la perte d’apprentissage entraînera une perte de compétences. Or, les compétences sont liées à la productivité », indique un autre rapport publié en août dernier par l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE). « La perturbation de la scolarisation due au Covid-19 entraînera une perte de compétences qui pourrait entraîner une baisse de 1,5 % de la production économique mondiale pour le reste de ce siècle », note le rapport.

Le retour à l’école durant la pandémie pose de nombreux défis : comment assurer la réussite de la rentrée scolaire dans ce contexte exceptionnel ? « Garantir la continuité des cours et l’assiduité de 23 millions d’élèves et d’un million d’enseignants tout en maîtrisant le virus, tel est le défi de la nouvelle année scolaire », a déclaré Tarek Shawki, ministre de l’Education et de l’Enseignement technique, le 8 septembre lors d’une conférence de presse avant de dévoiler la stratégie nationale pour l’éducation publique pré-universitaire pour la nouvelle année scolaire 2020-2021. « L’année écoulée a été marquée par beaucoup de défis », a déclaré Shawky. Et d’ajouter : « L’Egypte a réussi à traverser la crise, comparée à beaucoup d’autres pays ». Moins de trois mois avant la fin de l’année scolaire 2019-2020, l’Egypte avait suspendu les cours dans les écoles et les universités dans le cadre de mesures anti-coronavirus, introduisant un nouveau système de recherche comme alternative aux examens écrits et oraux, sauf pour les élèves du bac et des diplômes techniques qui ont passé les examens en juin et juillet derniers. Bilan : 19 millions de projets de recherche ont été évalués pour les classes de 3e primaire et de 3e préparatoire. 1,2 million d’élèves ont passé leur examen en ligne pour les 1re et 2e années secondaires. De plus, 652 000 élèves ont passé l’examen du bac, et 776 000 élèves les examens des diplômes techniques. Le plan de la nouvelle l’année scolaire vise à adapter le processus éducatif à la crise du coronavirus, en activant les ressources d’apprentissage en ligne et les chaînes éducatives. Comment la nouvelle année scolaire sera-t-elle donc restructurée ?

Une répartition équilibrée des étudiants

Le plan vise à réduire le nombre de jours de fréquentation de l’école pour les différents cycles scolaires. Ainsi, les élèves du secondaire ne fréquenteront l’école que 2 jours par semaine. Idem pour le cycle préparatoire. Dans le cycle élémentaire, les classes de 4e, de 5e et de 6e primaires fréquenteront l’école à raison de 2 jours par semaine pour les écoles à vacation unique, et de 3 jours pour les écoles à double vacation. De la maternelle à la 3e primaire, la fréquentation sera de 4 jours dans les écoles à vacation unique et de 3 jours dans les écoles à double vacation.

Des plateformes d’apprentissage électroniques seront mises à la disposition des élèves pendant les cours à domicile comme la plateforme « Zaker » sur le site de la Banque égyptienne de la connaissance, la plateforme « Edmodo », un réseau privé de communication entre les enseignants, les parents et les élèves, ou encore les classes virtuelles sur Youtube. Les étudiants auront également accès à une bibliothèque numérique de livres interactifs. « Cette année, nous donnons aux directeurs d’écoles une grande marge de manoeuvre afin de renforcer pleinement le système scolaire en cette période de crise », a déclaré Shawky. Selon Mahmoud Salama, expert pédagogique, « accorder davantage de pouvoirs aux directeurs des établissements scolaires est un pas vers la suppression de la centralisation dont souffre le système éducatif. Car le directeur de l’école, en collaboration avec le corps enseignant, doit pouvoir déterminer les règles internes et le calendrier des cours en fonction du nombre d’enseignants dans chaque école, et ce, pour réduire la densité des classes ».

Sur sa page Facebook, Tarek Shawki a affirmé que les détails relatifs aux groupes de soutien scolaire, à l’abonnement aux plateformes éducatives, au rôle des directeurs d’écoles et aux emplois du temps seront annoncés après le 20 septembre.

Sanawiya amma : Un système compétitif

Autre changement, le système d’examen de la sanawiya amma, vieux de plusieurs décennies, a été aboli et remplacé par un module électronique à partir de la prochaine année scolaire 2020-2021. « Il n’y aura plus d’examen unique pour l’ensemble de la République. Les examens seront passés et corrigés électroniquement, sans aucune intervention humaine », a déclaré Shawki. Les examens seront basés sur des questions à choix multiples et les étudiants connaîtront les résultats dès qu’ils auront terminé. Les lycéens qui passeront les épreuves du bac en juin auront l’occasion d’améliorer leurs notes en août, via le SAT (Scholastic Assessment Test), la note la plus élevée sera retenue. Cette mesure permet de relancer le système d’amélioration des notes. « Nous ne voulons pas que les examens de la sanawiya amma soient une question de vie ou de mort. Le concept d’égalité des chances ne signifie pas que les tests doivent être standardisés. Il y aura 4 modèles d’examens ayant le même degré de difficulté », a souligné le ministre. Et d’ajouter : « Ce nouveau système mettra fin à la fuite des examens et à la triche », a souligné Shawky. « Ces modifications mettent l’enseignement secondaire égyptien en concurrence avec des diplômes internationaux qui avaient commencé à attirer, ces dernières années, les élèves égyptiens fuyant le stress de l’ancien système et le problème des notes. Ce qui renforce cette compétitivité c’est que les examens seront effectués par voie électronique, ce qui n’est pas appliqué dans les examens scolaires américains (SAT) ou britanniques (IGCSE) ». Pour sa part, Magda Nasr, membre de la commission parlementaire de l’éducation, espère que ce mécanisme permettra d’éradiquer complètement le phénomène des leçons particulières qui coûtent aux familles égyptiennes environ 47 milliards de L.E. par an.

Le défi du e-learning

Le plan vise également à généraliser l’e-enseignement. « Généraliser l’enseignement en ligne sera l’un des défis les plus importants du nouveau système, puisque de nombreux élèves ne disposent pas d’une tablette ou d’un portable, ou même d’une connexion Internet à domicile », estime Mahmoud Salama. Selon les estimations, seuls 37 % des Egyptiens possèdent une connexion Internet à domicile. « D’où l’importance du rôle du ministère des Télécommunications qui sera un partenaire actif dans la transformation de l’enseignement traditionnel en enseignement électronique, en permettant un accès à Internet moyennant un prix réduit et en mettant à la disposition des élèves des sites pédagogiques entièrement gratuits », ajoute-t-il. Amr Talaat, ministre des Télécommunications et des Technologies de l’information, a annoncé que l’infrastructure électronique est aujourd’hui prête pour soutenir le nouveau système éducatif. « Deux milliards de dollars ont été injectés pour moderniser l’infrastructure des télécommunications en 2019, ce qui a permis d’améliorer l’efficacité des réseaux Internet », a déclaré le ministre. Le ministère des Télécommunications négocie en ce moment avec les sociétés de téléphonie portable pour faire des offres bon marché aux élèves.

Quant à la ministre de la Santé, Hala Zayed, elle a affirmé qu’un protocole sanitaire strict serait appliqué dans les écoles, qui est élaboré sous les auspices de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Unicef. « En vertu de ce protocole, une cellule de crise permanente sera créée pour réagir rapidement en cas de besoin », a-t-elle conclu.

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