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Dr Chérif Ezzat : Le secteur de l’industrie médicale a besoin de redéfinir ses priorités

Propos recueillis par Ola Hamdi, Lundi, 01 juin 2020

Dr Chérif Ezzat, chef de la branche des équipements médicaux au sein de l’Union des industries égyptiennes, explique le potentiel du secteur et ses besoins pendant et après la crise du coronavirus.

Dr Chérif Ezzat

Al-Ahram Hebdo : Alors que le port du masque est devenu obligatoire dans le cadre du plan de coexistence, quel est le volume de production de masques avant et après la crise ?

Dr Chérif Ezzat: Le volume de notre production avant la crise était de 250000 masques par jour, ce qui couvrait le besoin du secteur médical et des hôpitaux. Aujourd’hui, avec la multiplication des lignes de production, nous avons atteint un taux de 750000 par jour. Ce chiffre devrait passer à un million dans quelques jours. Avant l’apparition du coronavirus, nous avions 3 usines de fabrication de masques à usage unique. Aujourd’hui, nous en avons 12 et d’autres ouvriront bientôt pour couvrir les besoins du marché local. La décision de la ministre du Commerce et de l’Industrie, Névine Gamie, de suspendre l’exportation des masques et des stérilisants a contribué à assurer les quantités requises par le marché durant cette période.

— Quels sont les différents types de masques ?

— Tout d’abord, j’aimerais préciser que le masque médical se compose de trois couches, deux couches non tissées enserrant un filtre entre elles, et qu’il est utilisé dans les hôpitaux, aux soins intensifs et pendant les opérations. Mais suite à la crise du Covid-19, le prix du filtre utilisé dans le masque a considérablement augmenté du fait qu’il est importé, passant de 3 000 dollars la tonne à 55000. Avec la propagation de la pandémie, le filtre est devenu disponible en très petites quantités, car la demande s’est accrue dans le monde entier et c’est la Chine qui le produit. Et même si on arrive à s’en procurer et à l’importer, le prix du masque sera exorbitant. C’est pourquoi la plupart des fabricants ont commencé à le fabriquer avec 3 couches de tissu non tissé. Mais ce masque ne convient pas aux médecins. Il convient seulement à l’usage des citoyens, mais il doit être changé toutes les 4 heures.

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux Etats-Unis ont dernièrement recommandé le port des masques en tissu vu qu’ils sont plus pratiques du point de vue économique. Selon les critères des CDC, ces masques doivent se composer d’une couche en coton et d’une autre, extérieure, en polyester. Après le plan de coexistence, nous avons besoin d’une grande quantité de masques pour les 100 millions d’habitants. La branche des équipements médicaux recommande ainsi de consacrer les masques médicaux au secteur médical et les masques en tissu aux citoyens.

— On trouve sur le marché des masques non conformes aux normes, comment le citoyen peut-il vérifier leur validité ?

— Le citoyen doit s’assurer que le nom de l’usine ou de l’importateur est inscrit sur la boîte et il ne doit pas acheter le masque par pièce, mais acheter une boîte entière. Il ne doit pas non plus acheter les masques à origine inconnue, car dans ce cas, ils ne sont pas conformes aux normes. C’est à l’Organisme des normes et de la qualité qu’incombe la mission de surveiller les marchés afin de protéger les citoyens.

— Que pensez-vous des initiatives de fabrication locale de respirateurs artificiels ? Quels sont les défis auxquels elle est confrontée en Egypte ?

— Il existe trois types de respirateurs artificiels: les respirateurs en mode invasif avec intubation, pour les patients dans un état grave, et les respirateurs non invasifs (VNI) avec un petit masque sur le visage, sans intubation. Le troisième est utilisé pendant les opérations après que le patient est anesthésié. Les deux premiers types sont ceux dont un patient du Covid-19 a besoin. Toutes les initiatives se sont focalisées sans étude sur la production du troisième type. Le respirateur artificiel est un dispositif médical dangereux de classe III. Avant de permettre sa commercialisation, des tests de 6 à 8 mois doivent être effectués, en plus du fait qu’il est difficile d’obtenir ses composants à l’heure actuelle. Bref, les tests et les composants sont les défis les plus importants auxquels est confrontée cette industrie. Nous sommes tout à fait capables d’en fabriquer en Egypte, mais il faut le faire comme il faut et le soumettre à des tests qui prennent beaucoup de temps.

— La crise du coronavirus a révélé l’importance de l’industrie médicale. A votre avis, qu’est-ce qui manque au secteur des équipements médicaux ?

— Notre production d’équipements et d’appareils médicaux oscillait entre 350 et 500 millions de dollars par an. La moitié de la production était destinée à l’exportation, l’autre au marché local. Mais les chiffres ont baissé ces derniers temps, la production a chuté à 200 millions de dollars et l’exportation est passée à moins de 50%, alors que nos importations d’équipements et d’appareils médicaux sont passées de 600 à 700 millions de dollars par an. L’avenir des industries médicales en Egypte présente de nombreux défis, notamment avec l’apparition du Covid-19. Le secteur a besoin de redéfinir ses priorités et d’élaborer une stratégie, notamment après le Covid-19

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