Vendredi, 29 mars 2024
Dossier > Dossier >

Les Soudanais encore dans la rue

Ola Hamdi, Mardi, 16 avril 2019

Des milliers de manifestants campent toujours devant le quartier général de l’armée à Khartoum malgré la chute de Béchir. Etat des lieux des forces qui orchestrent aujourd’hui le mouvement des contestations dans la rue soudanaise.

Les Soudanais encore dans la rue
(Photo : Reuters)

Les Soudanais encore dans la rue

Des milliers de manifestants campent toujours devant le quartier général de l’armée à Khartoum malgré la chute de Béchir.

Etat des lieux des forces qui orchestrent aujourd’hui le mouvement des contestations dans la rue soudanaise.

« Nous exhortons la nouvelle direc­tion de l’armée, dont le chef, le lieute­nant général Abdel-Fattah Al-Burhan Abdelrahman, à écouter la voix de la rue et à entreprendre immédiatement le transfert du pouvoir à un gouvernement civil de transition, par le biais du conseil de direction de l’Alliance pour la liberté et le changement », a déclaré cette alliance dans un communiqué.

Fer de lance du mouvement de contes­tation anti-Béchir, cette alliance ras­semble l’Association des Professionnels Soudanais (APS), l’Alliance des forces nationales du consensus, les Forces de l’appel du Soudan et le groupe syndica­liste de l’opposition. Les forces du consensus national, ou l’alliance des partis d’opposition soudanais, qui font partie de cette alliance, constitue un bloc de 17 partis d’opposition au Soudan. Fondée en septembre 2009 par Farouk Abu Issa, cette alliance des par­tis d’opposition s’abstenait de participer à la vie parlementaire du pays et s’oppo­sait toujours aux orientations du régime d’Al-Béchir. Le parti Oumma, dirigé par Sadeq Al-Mahdi, fait partie de ce bloc, à côté du Parti communiste souda­nais, du Parti du congrès populaire diri­gé par Hassan Al-Tourabi et du Mouvement de libération du peuple soudanais (SPLM).

L’APS, acteur-clé sur la scène politique

Dès les premiers jours de la contesta­tion, lancée le 19 décembre 2018, cette alliance de l’opposition a délégué à l’APS la direction des opérations sur le terrain. Cette association s’occupe ainsi de tout ce qui est politique, et se trouve toujours en contact direct avec les comi­tés de résistance dans les quartiers, avec les syndicats, les comités de profession­nels, d’où provient la force de ce mouve­ment, dont la capacité à mobiliser les Soudanais augmente de jour en jour. Créée en 2013 à l’issue des manifesta­tions contre la cherté de la vie, l’APS est un rassemblement professionnel infor­mel, qui regroupe surtout des médecins, enseignants et ingénieurs. Ses objectifs étaient de créer un groupe digne de confiance pour diriger l’opposition à la place des partis traditionnels, afin de trouver une alternative aux syndicats officiels contrôlés par le régime et d'aller pacifiquement vers un changement poli­tique. En outre, le groupe a réussi à atti­rer dans ses rangs certaines forces de l’opposition, telles que la Coalition du consensus et l’appel du Soudan, en plus des 19 organisations et mouvements de jeunesse. Ce rassemblement, qui applique une politique nommée « La politique de protestation patiente », entend maintenir la pression dans la rue. « Nous attendons de nouvelles consignes de l’APS pour savoir si nous maintenons notre rassem­blement jusqu’à obtenir entière satisfac­tion à nos demandes ou si on évacue », a déclaré un manifestant à l’AFP.

Les 9 demandes des protestataires

Une délégation de dix représentants des protestataires a rencontré samedi le conseil militaire, au pouvoir depuis le 11 avril, et a présenté ses demandes, a indiqué dans un communiqué Omar el-Digeir, chef de l’Alliance pour la liberté et le changement. Parmi les demandes figurent la formation d’un gouverne­ment entièrement civil, l’intégration de civils au conseil militaire de transition et la restructuration du puissant service de renseignements soudanais (NISS). En outre, la libération de tous les déte­nus politiques, la tenue d’élections avant la fin de la période de transition, la dissolution de la présidence, du Conseil des ministres et des gouverne­ments des Etats et de leurs conseils. De plus, les protestataires ont demandé un cessez-le-feu complet dans tout le Soudan et le maintien des relations internationales équilibrées. Les demandes comprenaient également la saisie des avoirs et des biens du Parti du congrès national, de ses comptes ban­caires, ainsi que la protection de son rôle et de ses locaux afin de ne pas éli­miner les preuves de corruption.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique