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Vers une optimisation des relations économiques afro-africaines

Marwa Hussein, Mardi, 11 décembre 2018

Tenu à Charm Al-Cheikh les 8 et 9 décembre, le Forum économique Afrique 2018 a été marqué par la signature de nombreux accords et le lancement d’initiatives visant à promouvoir le commerce et l’investissement intra-africains.

Les investissements égyptiens en Afrique ont augmenté de 1,2 milliard de dollars.
Les investissements égyptiens en Afrique ont augmenté de 1,2 milliard de dollars.

Sous le slogan « Leadership audacieux et engagement collectif: faire progresser les investissements intra-africains », le Forum Afrique 2018 a été accueilli par l’Egypte pour la troisième année consécutive. Cette édition a été marquée par l’annonce de plusieurs initiatives et accords qui devront activer les échanges économiques entre les pays du continent noir. Le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi a annoncé, lors de la cérémonie de clôture, le lancement d’un fonds d’assurance des risques destiné à encourager les entrepreneurs égyptiens à investir en Afrique. Il a également annoncé la création d’un fonds d’investissement dans l’infrastructure des technologies de l’information en Afrique, basé sur les systèmes technologiques les plus récents, « afin de construire des économies modernes ». Dans son discours de clôture, le président a révélé avoir décidé de mener des négociations avec les institutions internationales pour soutenir les infrastructures, pierre angulaire du développement réel, notamment pour accélérer l’achèvement de la route Le Caire-le Cap, afin de stimuler le commerce transfrontalier en Afrique.

Plus tôt, au cours de la conférence, le président avait annoncé que l’Egypte souhaitait augmenter encore ses investissements en Afrique (ces investissements ont déjà connu une hausse de 1,2 milliard de dollars en 2018, pour atteindre un total de 10,2 milliards de dollars).

En fait, l’Egypte vise à promouvoir ses relations économiques avec les pays africains où beaucoup d’opportunités se présentent, d’autant plus qu’elle présidera l’Union Africaine (UA) en 2019. « Lors de notre présidence de l’UA, nous allons travailler à activer les projets permettant un développement intégré et durable afin que notre continent atteigne la position qu’il mérite sur la carte de l’économie mondiale », a souligné Sissi.

La secrétaire générale du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), Chileshe Kapwepwe, a prévu que les investissements et les activités interservices entre les Etats membres de l’organisation augmenteraient considérablement après la présidence de l’Egypte. « L’organisation par l’Egypte du Forum africain pour la troisième année consécutive affirme l’engagement du Caire à faire progresser l’action collective des pays africains dans le but de parvenir au développement durable, d’augmenter les taux de croissance économique et les investissements communs et de réduire les taux de pauvreté », a déclaré Kapwepwe, ajoutant que les pays africains pouvaient bénéficier de l’expertise de l’Egypte dans les domaines du développement durable, des réformes économiques, du transfert de technologie et des infrastructures.

Série d’accords

En outre, plusieurs accords ont été conclus au cours et en marge du forum, dont l’un signé entre le ministère égyptien des Télécommunications et le leader africain des télécommunications, Liquid Telecom, qui va investir 400 millions de dollars en Egypte au cours des trois prochaines années. Cela fait partie d’un partenariat majeur avec Telecom Egypt qui inclut une infrastructure de réseaux et des centres de données. Telecom Egypt utilisera ce réseau pour connecter des entreprises égyptiennes au reste de l’Afrique, tout en s’associant à Liquid Telecom pour construire des centres de données dans l’ensemble du pays. L’Autorité d’investissement égyptienne et son homologue ougandaise ont signé un mémorandum d’entente visant à renforcer mutuellement les investissements. Un accord similaire a été signé entre le ministère égyptien de l’Investissement et l’Ethiopie. D’autres accords ont également été conlus entre l’Egypte d’une part, et d’autre part, la Banque arabe pour le développement économique, la Banque asiatique d’investissement, la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissements et le Fonds koweitien de développement entre autres.

Les orateurs ont exprimé, lors de la conférence, l’espoir que la Zone de Libre-Echange continentale Africaine (ZLEA) visera à rassembler tous les Etats de l’UA. Cet accord doit être ratifié par 22 pays pour entrer en vigueur. Ce chiffre devrait être atteint en 2019 (jusqu’à présent, 13 pays sur les 49 pays signataires ont déjà ratifié l’accord). L’ancien ministre du Commerce de la Zambie, Felix Mutati, invité en tant qu’orateur, a souligné la nécessité pour les gouvernements africains de relever les défis qui freinent la croissance des jeunes entrepreneurs africains. Mutati a déclaré que les jeunes entrepreneurs étaient fatigués de voir les gouvernements africains signer uniquement des accords commerciaux et souhaitait qu’ils franchissent une étape supplémentaire dans la mise en oeuvre concrète desdits accords.

Le président malgache a souligné de son côté que le commerce intra-africain ne représente que 15% du commerce du continent. « Il n’est plus acceptable de voir nos jeunes exposer leur vie à un danger en essayant de partir », a-t-il déclaré. En effet, le commerce intra-africain est faible. Il est freiné par de nombreux problèmes tels que les conflits armés, l’instabilité politique, et les problèmes de transport.

En revanche, la ministre égyptienne de l’Investissement et de la Coopération internationale, Sahar Nasr, a déclaré que « l’Afrique a besoin d’investissements étrangers d’une valeur de 150 milliards de dollars. Cela signifie que l’écart est de 90 milliards de dollars ». Heba Salama, PDG de l’Agence régionale d’investissement du COMESA (RIA), a déclaré « que la part du lion des investissements en Afrique appartient à des étrangers ». « Pourquoi ne travaillons-nous pas ensemble et n’ouvrons-nous pas des canaux de communication ? », s’interroge-t-elle. Et d’ajouter: « La variété sur notre continent est incroyable. Nous avons 3000 ethnies et 2000 langues».

Le forum, organisé conjointement par l’Egypte et le COMESA, a rassemblé plus de 1 000 chefs d’entreprises et de politiques de l’Afrique et du monde, selon son site Internet. Ils ont abordé des questions, entre autres, concernant l’infrastructure, l’entreprenariat, l’investissement et les questions relatives aux femmes sur l’ensemble du continent africain l

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