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Ossama Kamal : La fluctuation des prix revient à des raisons plus politiques qu’économiques

Gilane Magdi, Mardi, 26 juin 2018

L’ex-ministre du Pétrole, Ossama Kamal, explique à l’Hebdo l’évolution du marché pétrolier et analyse l’impact de la fluctuation des prix du pétrole sur l’Egypte et les pays du Golfe.

Ossama Kamal : La fluctuation des prix revient à des raisons plus politiques qu’économiques

Al-Ahram Hebdo : Lors de leur dernière rencontre, vendredi 22 juin, les Etats membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) ont évoqué une augmentation de leur production d’un million de barils/jour. Qu’en est-il et quelle est la portée d’une telle décision ?

Ossama Kamal : Ils ne sont pas encore parvenus à un accord définitif d’augmenter la production. C’est simplement une déclaration médiatique en vue de calmer l’opinion publique internationale. En réalité, cet accord ne sera pas applicable, car la majorité des pays producteurs du pétrole ne vont pas réagir avec la décision de l’augmentation de la production quotidienne. Les pays de l’Opep ne vont pas profiter de l’augmentation de la production pour faire baisser les prix, mais ils ne peuvent pas exprimer leur intention clairement au monde. Par exemple, un pays comme l’Arabie saoudite qui produit 10 millions de barils par jour et exporte 7 millions de barils/jour n’a pas besoin d’augmenter sa production.

— Cela signifie-t-il que la fluctuation des cours de l’or noir se poursuivra dans la période à venir?

— La fluctuation des prix revient à des raisons plus politiques qu’économiques liées au manque d’offre. Aujourd’hui, la production quotidienne du pétrole s’élève à 92 millions de barils/jour, dont 40 millions de baril représentent la production de l’Opep et le reste provient des pays non membres à l’organisation internationale. A mon avis, les prix de l’or noir ne vont pas dépasser dans la moyenne les 75 dollars jusqu’à la fin de l’année. Toutefois, il y aura un certain recul au niveau des prix si les Etats-Unis imposent des sanctions agressives en novembre prochain contre l’Iran et la Russie. Dans ce cas, les Américains peuvent augmenter leur production de pétrole de schiste (shale oil) en causant un surplus d’offre sur le marché, ce qui peut mener à l’effondrement des prix du pétrole.

— Qui sont les gagnants et les perdants de la fluctuation des prix du pétrole ?

— L’impact diffère d’un pays à un autre. Pour les pays producteurs du pétrole, tels l’Arabie saoudite et le Koweït, qui dépendent à 80% des revenus pétroliers, c’est une aubaine, car le recul des cours entraîne de grandes pertes et influence leurs plans de développement. C’est pourquoi ces pays ne vont pas augmenter leur production pour contrôler les prix de l’or noir.

— Qu’en est-il du cas égyptien ?

— Pour l’Egypte, en tant qu’importateur net du pétrole, l’impact de la hausse des prix de l’or noir est significatif sur le budget. Le gouvernement, en préparant son exercice financier, prend en considération les facteurs économiques (liés au volume d’offre des produits pétroliers, les contrats des sociétés d’exploration pétrolières) et politiques liés aux tensions politiques affectant les prix mondiaux de l’or noir. Aujourd’hui, les cours mondiaux franchissent le seuil de 74 dollars, alors que le gouvernement a fait ses calculs sur 67 dollars le baril dans l’exercice financier 2018-2019. Une augmentation d’un dollar dans le prix du baril coûte 3,5 à 4 milliards de L.E. de plus aux subventions à l’énergie. Le prix mondial de l’or noir n’est pas le seul facteur. Il existe aussi les cours du dollar qui a fluctué pendant la dernière période entraînant la hausse de la facture des importations pétrolières qui représente le quart du total de nos exportations.

— Et que peut faire le gouvernement égyptien pour sortir de cette impasse ?

— Il faut encourager le recours à de nouvelles sources d’énergie autres que le pétrole brut, dont le prix est trop cher par rapport au gaz naturel. L’Egypte possède de grandes opportunités pour la production d’énergie solaire. Il existe plus de 8 zones qui possèdent de grands taux de concentration solaire dans le monde, y compris l’est de Owaynat. De plus de 2200 mégawatts d’électricité peuvent être produites de ces zones, équivalant à la consommation en Europe. De même, il faut encourager l’usage de véhicules électriques ou le gaz naturel au lieu du pétrole.

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