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La mobilisation des Palestiniens se renforce

Amira Samir, Lundi, 16 avril 2018

La grande marche du retour se poursuit pour la 3e semaine consécutive à la frontière entre la bande de Gaza et Israël. Avec le même scénario : des manifestations pacifiques, une riposte israélienne disproportionnée et des condamnations internationales.

Pour la troisième semaine consécutive, les protestations de milliers de Palestiniens se poursuivent dans le cadre de « la marche du retour ». Il s’agit d’un mouvement de protestation palestinien, lancé le 30 mars dernier, qui prévoit des manifestations et campements rassemblant des dizaines de milliers de Palestiniens durant 6 semaines près de la frontière avec l’Etat hébreu, pour réclamer « le droit au retour » à des millions de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres ou ayant fui lors de la guerre qui a suivi la création de l’Etat israélien le 14 mai 1948. Après le Vendredi du caoutchouc (vendredi 6 avril), en référence aux milliers de pneus usés, vendredi 13 avril était celui du « Drapeau palestinien ».

Ce jour, les manifestants ont brûlé des drapeaux israéliens et ont hissé les drapeaux palestiniens. Avec encore le même scénario: des heurts et une violence disproportionnée de la part des forces de l’ordre israéliennes. Selon le ministère de la Santé à Gaza, depuis le 30 mars, les affrontements ont fait une trentaine de morts chez les Palestiniens, dont 3 enfants, et plus de 3200 blessés. Parmi les blessés figurent environ 500 enfants, une vingtaine de membres des équipes d’urgence du Croissant-Rouge palestinien, et au moins 15 journalistes. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est inquiétée de ce que près de 350 blessés risquaient de rester provisoirement ou définitivement handicapés. Aucune victime n’a été à déplorer côté israélien.

Alors que les Israéliens accusent les manifestants de tenter de s’infiltrer en Israël, les Palestiniens affirment que des balles sont tirées alors qu’ils ne présentent aucune menace pour les forces israéliennes. D’où des critiques des organisations de défense des droits de l’homme. Sur Internet, des vidéos montrant des forces israéliennes tirant sur des manifestants palestiniens ont été diffusées. Malgré les critiques des Nations-Unies et de l’Union Européenne (UE), qui ont réclamé une « enquête indépendante » sur l’usage par Israël de balles réelles le 30 mars, les Israéliens se montrent très fermes et refusent toute enquête.

« Jusqu’ici, ce mouvement pacifique a réussi, entre autres, à attirer l’attention de la communauté internationale une fois de plus sur l’épineuse question du droit du retour du peuple palestinien », explique Mohamad Omar, spécialiste des affaires palestiniennes, en prévoyant que les autorités israéliennes oeuvreront à contrer à tout prix ces marches du retour. Les protestations devraient prendre fin mi-mai, à l’occasion du 70e anniversaire de la Nakba, qui marque la création de l’Etat d’Israël. C’est aussi la date prévue pour un possible transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Un rendez-vous explosif.

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