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Hazem Abou-Chanab : Il faut des résolutions stoppant la décision américaine et empêchant que d’autres pays n’en fassent de même

Osman Fekri, Mercredi, 13 décembre 2017

L’ambassadeur Hazem Abou-Chanab, dirigeant du Fatah et représentant de ce mouvement au Caire, estime que la décision américaine est susceptible d’engendrer une guerre sans fin.

Hazem Abou-Chanab
Hazem Abou-Chanab

Al-Ahram Hebdo : Vous attendiez-vous à ce que Trump franchisse ce pas ?

Hazem Abou-Chanab : De nombreux hommes politiques pensaient que Trump n’allait pas entreprendre ce pas, mais personnellement, j’avais à plusieurs reprises signalé la nécessité de ne pas négliger les indices qui ont précédé la déclaration qu’il vient de faire, car une personne comme celle-ci peut enflammer toute la région pour des raisons personnelles.

— Comment évaluez-vous les réactions de la communauté internationale suite à cette annonce ?

— Ce que j’ai entendu durant la séance du Conseil de sécurité prévoit des positions internationales qui refusent fermement la décision de Trump, la considérant comme étant une violation aux droits et à la légitimité internationaux. Les Etats qui ont annoncé ce refus sont des pays qui, d’habitude, adoptent des positions plus proches de la position américaine. Or, ce qui compte le plus ce sont leurs positions dans les prochaines réunions du Conseil, durant lesquelles il faudra condamner la position américaine, promulguer des résolutions qui stoppent la décision américaine et empêcher que d’autres Etats n’en fassent de même sous pression américaine ou israélienne.

— A votre avis, un report de la décision de transfert de l’ambassade suffirait-il à calmer la situation à Jérusalem et dans tous les territoires occupés ?

— Bien sûr que non. Ce que nous voulons, c’est une loi interdisant catégoriquement le transfert de n’importe quelle ambassade vers Jérusalem, une solution à la cause palestinienne et la résolution de la question de Jérusalem dans le cadre d’un accord global accepté par le peuple palestinien et par sa direction légitime, se basant sur la légitimité internationale et sur les résolutions de l’Onu. Nous aspirons également à une nouvelle médiation effective autre que la médiation américaine, qui est devenue une partie du problème.

— Oui, mais Netanyahu avait préalablement dit que n’importe quel accord de paix devait reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël ...

— L’histoire, la religion, l’archéologie et même les fouilles effectuées par les archéologues israéliens eux-mêmes n’ont pu prouver le mensonge de Netanyahu autour de Jérusalem. Les résolutions de l’Assemblée générale de l’Onu, du Conseil de sécurité et de l’Unesco ont prouvé que Jérusalem était une ville arabe, islamique et palestinienne.

— Pensez-vous que le Conseil de sécurité puisse sérieusement réagir ou bien les pressions américaines vont empêcher toute action positive ?

— Oui, je pense qu’il y aura une réaction de la part du Conseil de sécurité, mais il a besoin d’une motivation. C’est pour cela que l’Etat palestinien, qui est membre observateur au Conseil de sécurité et des parties arabes, s’est présenté au Conseil de sécurité et soumettra très prochainement à la discussion et au vote un projet de loi.

— Qu’en est-il de la Ligue arabe ? Que peuvent faire les pays arabes ?

— Premièrement, il faut refuser la décision, puis la condamner officiellement se basant sur le droit international. Et deuxièmement, il faut discuter avec tous les Etats pour assurer la légitimité des résolutions internationales prouvant que Jérusalem est palestinienne et que la décision de Trump n’est pas légale. Troisièmement, la décision du président américain doit être encerclée de façon à empêcher que d’autres Etats ne la suivent et ne violent la loi internationale. Et quatrièmement, tenter par tous les moyens possibles de faire promulguer une décision internationale condamnant et interdisant la décision américaine.

— Il est souvent dit que la décision de Trump est tout simplement une reconnaissance d’une réalité actuelle et historique et non pas une position politique qui changerait les frontières réelles ou politiques de Jérusalem. Qu’en pensez-vous ?

— Ce sont des tentatives d’atténuer l’effet des violations de Trump envers la loi internationale et la résolution de la légitimité internationale. Par cette décision, Trump a mis son pays dans le rang des Etats voyous.

— Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a annoncé que la décision de Trump allait transformer le conflit arabo-israélien en conflit religieux, qu’en pensez-vous ?

— C’est tout à fait vrai, la décision de Trump peut déclencher une guerre sans fin, car Jérusalem occupe une position religieuse et spirituelle très particulière et beaucoup plus importante que certains ne le pensent.

— Une nouvelle Intifada est-elle possible ?

— Plus que ça, la violation de la dignité pratiquée par Trump contre nous, Palestiniens, Arabes et musulmans, peut déclencher des sentiments de colère, puis de haine, puis de violence sans précédent. Et c’est Trump qui en assume la responsabilité.

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