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Amani Gamal El Din, Mardi, 31 octobre 2017

La visite du président Sissi à Paris a été fructueuse sur le plan économique. Bilan.

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Al-Sissi et le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, lors d'une rencontre avec les chefs d'entreprises françaises. (Photo : AFP)

Lors de sa visite en France du 23 au 26 octobre, le président Abdel-Fattah Al-Sissi, accompagné d’une délégation de responsables de haut niveau et d’hommes d’affaires, a conclu 17 protocoles d’entente. Certains se rapportent à des prêts octroyés au gouvernement égyptien par des institutions publiques françaises et des agences comme l’Agence Française de Développement (AFD). D’autres ont trait à des partenariats dans divers domaines. « Pour la première fois, les projets ne sont pas concentrés au Caire, mais suivent une formule plus décentralisée, à l’exemple des projets d’énergie solaire à Benban à Assouan », assure à l’Hebdo Hassan Behnam, le directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Egypte (CCIF). La visite du président intervient au moment où l’Egypte mène des réformes structurelles, après le flottement de la livre égyptienne. Une nouvelle loi sur l’investissement, qui ouvre la porte aux investissements étrangers directs à travers une série d’avantages, a vu le jour. « Les réformes entreprises au cours des derniers mois ont permis d’éliminer les obstacles qui se dressaient face aux investisseurs français comme la pénurie du dollar sur le marché égyptien et les difficultés à rapatrier les profits des entreprises. Nous prévoyons une croissance des investissements de 10 % en 2018 », affirme au quotidien Al-Borsa Fouad Younès, président du Club d’affaires franco-égyptien. Un autre pas qui va réconforter les investisseurs est l’adoption de la charte exécutive de la loi sur l’investissement qui organise les aspects administratifs et bureaucratiques.

Des liens économiques renforcés

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Al-Sissi et le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, lors d'une rencontre avec les chefs d'entreprises françaises. (Photo : AFP)

La France est le sixième investisseur étranger en Egypte. « Le volume des investissements français directs a connu une progression importante se chiffrant à 5 milliards d’euros en 2017, contre 3,5 milliards d’euros en 2015, avec 160 sociétés et entreprises opérant sur le marché et procurant 30 000 emplois », selon Younès. Le ministre de l’Industrie, Tareq Qabil, a dévoilé pour sa part que le volume des échanges commerciaux entre l’Egypte et la France a augmenté de 12,4 %, passant de 1,1 milliard d’euros au premier semestre de 2017 à 1,2 milliard au second semestre. Les exportations égyptiennes vers la France ont augmenté de 17 % au premier semestre de 2017, enregistrant 321,3 millions d’euros, contre 274 millions d’euros, au second semestre de 2016.

Les négociations entre la délégation égyptienne et les chefs d’entreprises françaises ont porté sur le potentiel d’investissement dans les mégaprojets nationaux comme celui du Canal de Suez, Al-Alamein et autres. « Le président Sissi a rencontré environ 40 chefs d’entreprises implantées en Egypte avec qui il a négocié une éventuelle contribution française aux mégaprojets. Une carte leur a été fournie sur les objectifs et les emplacements de ces projets », indique Behnam. Et d’ajouter que des accords et des protocoles d’entente ont été conclus avec les entreprises françaises dans les domaines comme l’énergie renouvelable. Proparco (promotion et participation pour la coopération économique), qui est une filiale de l’Agence française de développement et qui participe au financement et au soutien des investissements privés dans les pays en développement, financera plusieurs projets de génération d’énergie solaire à Assouan. Ces projets seront exécutés par le groupe EDF, premier électricien mondial, et le groupe EREN dédié à l'économie des ressources naturelles, en partenariat avec le gouvernement égyptien et El-Seweedy.

Dans le domaine des transports, des mémorandums d’entente ont été signés entre le groupe RATP (Régie Autonome des Transports Parisiens, entreprise d’Etat pour la gestion des transports de Paris et de l’Ile de France) pour l’entretien de la première ligne du métro et la mise en marche de la troisième ligne. Le PDG de la SNCF (Société Nationale des Chemins de Fer) a signé également un mémorandum d’entente pour la restructuration du réseau ferroviaire en Egypte.

Le soutien aux PME était également au menu. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Tareq Qabil, a signé un accord de coopération avec le ministère français des Finances pour encourager les PME en Egypte à travers des stages techniques et de financement. Dans le même contexte, il est question d’une coopération dans le domaine du textile. Selon Marie-Louis Béchara, vice-présidente de la compagnie égyptienne de prêt-à-porter BTM, « 5 entreprises françaises spécialisées dans le textile doivent visiter l’Egypte le 10 novembre prochain. Au cours de cette visite, un protocole d’entente sera conclu dans les domaines de la formation technique et du textile », affirme-t-elle, ajoutant qu’il est question de créer une zone industrielle où s’établiront des PME opérant dans l’industrie du textile. D’autres protocoles ont été signés sous forme de prêts entre le gouvernement égyptien et l’AFD et qui se trouvent en rapport étroit avec les réformes structurelles engagées par l’Egypte, tels que le prêt accordé en soutien au secteur de l’énergie égyptien, celui ayant trait à la modernisation d’une station de drainage sanitaire à Alexandrie. Et celui consacré au développement des soins médicaux primaires dans 5 gouvernorats, ainsi qu'un quatrième en soutien à la protection sociale dans le budget.

Encore des défis

Mais ces protocoles d’entente et ces partenariats ne veulent pas dire que tous les obstacles sont éliminés. Il y a encore la lenteur des mesures douanières et la hausse des taxes imposées sur les entreprises françaises, selon Younès. Cependant, comme l’estime Ayman Hadhoud, économiste et expert dans les projets de développement, cela nécessiterait un changement radical des politiques douanières de l’Etat. Hadhoud poursuit : « Les décideurs politiques et les organes concernés par l’investissement doivent se réunir autour d’une table pour mettre en place les politiques publiques de promotion de l’investissement ». En attendant des jours meilleurs au niveau des relations économiques franco-égyptiennes, l’application des modalités de la loi sur l’investissement doit être évaluée avec rigueur. « Ce qui garantit la réussite de n’importe quel cadre législatif, c’est l’évaluation et l’existence d’un mécanisme pour répondre aux plaintes des investisseurs », conclut Hadhoud.

inforgraph

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