29 000 morts. C’est le bilan de la guerre contre le régime syrien depuis le début de la révolte. Selon Amnesty International, les civils parmi lesquels de nombreux enfants sont les principales victimes des attaques « aveugles » menées par l’armée. Pourtant, rien à craindre pour Bachar Al-Assad qui reste toujours fortement soutenu pas ses alliés dans la région : l’Iran et le Hezbollah, ainsi que certaines tendances palestiniennes.
Le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a souligné mercredi dernier dans une rencontre avec Assad « l’appui illimité » de Téhéran « aux efforts pris par le gouvernement syrien pour ramener la sécurité et la stabilité ». Peu avant, il avait souligné que le règlement de la crise se ferait « uniquement à l’intérieur de la famille syrienne ». Assad a, quant à lui, affirmé que « la bataille qui se déroule actuellement ne visait pas seulement la Syrie, mais aussi tout l’axe de résistance » à Israël. Aux yeux des Syriens, « l’axe de résistance »comprend la Syrie, l’Iran et leurs alliés libanais du Hezbollah et palestiniens du Hamas et du Djihad islamique.
L’Iran arrive sans aucun doute en tête de liste des alliés du régime de Bachar Al-Assad. Depuis le début de la révolte contre son régime en mars 2011, l’Iran préconise un dialogue entre le régime et l’opposition, s’opposant à toute idée d’ingérence en Syrie des pays occidentaux qui réclament, eux, un départ du pouvoir d’Al-Assad. D’ailleurs, l’Iran a publiquement admis le 16 septembre dernier, et pour la première fois, avoir envoyé des membres des Gardiens de la révolution en Syrie pour aider le régime face à la rébellion.
En effet, un certain nombre de membres de la force Qods sont présents en Syrie et au Liban, a déclaré le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution (Pasdaran), garde prétorienne du régime iranien. La force Qods est l’unité des Gardiens de la révolution chargée de toutes les opérations extérieures, officielles ou clandestines, du corps d’élite de la République islamique. Mais « cela ne veut pas dire que nous y avons une présence militaire. Nous fournissons (à ces deux pays) des conseils et des avis et les faisons bénéficier de notre expérience ; nous sommes fiers (...) de défendre la Syrie qui est un élément de la résistance contre Israël »,a ajouté le patron des Pasdaran, qui a opposé le transfert d’expérience apporté par Téhéran au régime de Damas et le soutien d’autres pays aux groupes terroristes en Syrie.
Conséquences sur le pouvoir chiite
Pour le politologue Gamal Abdel-Gawad du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, le succès de la révolte sunnite en Syrie pourrait effectivement avoir de graves conséquences sur le pouvoir chiite en place à Téhéran et son « axe de résistance » contre Israël et les Etats-Unis. Les partisans de la ligne dure au pouvoir à Téhéran, ainsi que dans l’armée, considèrent que la Syrie ayant été le seul pays arabe aux côtés de l’Iran durant la guerre contre l’Iraq de 1980 à 1988, la République islamique lui doit sa loyauté. « La Syrie est un allié stratégique de l’Iran, raison pour laquelle ce dernier soutient Bachar Al-Assad avec force. Téhéran aurait donc de profondes craintes en cas de changement du régime d’Al-Assad, surtout avec l’arrivée probable d’un gouvernement sunnite à la tête de la Syrie », poursuit Abdel-Gawad.
Parallèlement, le conflit en Syrie a débordé sur le Liban voisin à plusieurs reprises. Le Liban, soumis à la tutelle syrienne pendant 30 ans jusqu’en 2005, est profondément divisé entre partisans et détracteurs du président syrien Bachar Al-Assad. Mais, étant en conflit avec Israël, le Hezbollah a tout intérêt à ce que les choses soient stables sur l’autre partie de la frontière. La semaine dernière, son chef Hassan Nasrallah a réaffirmé son soutien à la Syrie « telle qu’elle est ». « La vraie Syrie est celle de Bachar Al-Assad, celle des martyrs, celle de Assef Shawkat, Dahoud Rajah et Hassan Turkmani (trois des quatre hauts responsables syriens victimes de l’attentat du 18 juillet) »,a-t-il dit devant plusieurs milliers de ses partisans rassemblés à Beyrouth, dont certains brandissaient le drapeau syrien et des portraits d’Al-Assad. Début juillet, Ahmed Jibril, dirigeant du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), avait déjà annoncé cette mobilisation pro-syrienne : « Nous (le FPLP), le Hezbollahet l’Iran, combattrons aux côtés de la Syrie en cas d’agression ».
Abdel-Gawad explique : « Sur le plan politique, la tutelle syrienne au Liban a été très forte depuis la fin des années 1970, et est toujours très influente depuis le retrait effectif du pays en avril 2005. La plupart des leaders actuels, aux postes-clés, ont été nommés soit sous la tutelle syrienne effective, soit après la tutelle, mais avec l’aval du régime syrien. Sur le plan religieux aussi, Hassan Nasrallah et Bachar Al-Assad sont deux acteurs qui ont joué la carte des minorités dans la région. Ils peuvent être vus comme un rempart contre l’islamisme sunnite ».
Ainsi, le Hezbollah n’a pas intérêt à ce que les choses changent. Sans Bachar Al-Assad, la force du Hezbollah diminuera et se transformera en un simple parti politique.
Qu’il s’agisse de l’Iran ou du Hezbollah, les deux forces soutiennent la Syrie pour garantir leur survie. Mais beaucoup d’incertitudes entourent leur avenir.
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