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Flottement et dévaluation

Samar Al-Gamal, Lundi, 07 novembre 2016

La Banque Centrale a décidé de laisser flotter la livre égyptienne. Explications en Q&R.

Qu’est-ce que la dévaluation et qu’est-ce que le flottement ?

La dévaluation consiste à modifier le taux de change officiel d’une monnaie par rapport à une devise internationale de référence, comme le dollar par exemple. Quant au flot­tement, c’est de soumettre la monnaie à l’offre et à la demande.

Quand ont-ils lieu ?

Les pays peuvent choisir de maintenir leur monnaie à un taux stable par rapport à une autre monnaie. C’était le choix de l’Egypte qui maintenait une parité fixe avec le dollar. Or, lorsque la situation économique d’un pays ne permet pas de maintenir une réserve en devise étrangère suffisante, la monnaie nationale peut être dévaluée pour rétablir sa vraie valeur. Confrontée à une pénurie de devises qui péna­lisait l’économie et à un taux de change sur le marché noir bien plus élevé qu’au marché officiel, l’Egypte a alors décidé de dévaluer sa monnaie puis de la laisser flotter face au dollar américain.

Y a-t-il plusieurs façons de gérer les taux de change ?

Il existe trois façons. La première étant d’imposer un taux de change fixe ou indexé, la deuxième est le flottement libre du taux de change, et la troisième, qui est la plus répan­due, est le flottement géré ou contrôlé. La politique du taux de change fixe consiste à lier la monnaie d’un pays à une autre devise. C’est le cas par exemple de certains pays du Golfe, dont la monnaie liée au dollar américain et fluctue en fonction de la valeur du billet vert. Une politique adoptée par l’Egypte jusqu’en 2003, année où le processus de dévaluation de la livre égyptienne a commencé. Le flottement libre consiste, lui, à déterminer le taux de change en fonction de l’offre et de la demande du marché, sans intervention de l’Etat. Dans un système de taux de change flottant, si per­sonne ne veut une monnaie, elle n’a plus de valeur. Le flottement géré suit également la règle de l’offre et de la demande, mais avec certaine limite. L’Etat intervient pour détermi­ner un maximum et un minimum ou ajuster le taux de change en cas de besoin, prenant en compte plusieurs éléments, y compris les prix du marché noir.

Quel est le système récemment adopté par l’Egypte ?

La Banque Centrale a commencé par adop­ter un flottement géré, fixant un taux de change de la livre à 13 livres pour un dollar, et donnant aux banques une marge de manoeuvre de plus ou moins 10 %. Puis elle a ensuite décidé de laisser le taux de change de la livre fluctuer de façon libre en fonction de l’offre et de la demande.

Comment la valeur de la livre sera-t-elle fixée ?

Le prix du dollar sera décidé en fonction d’un mécanisme dit « interbancaire », qui est un réseau de communication interne entre les banques. Chaque matin, les banques annon­cent les prix d’achat et de vente du dollar. Le prix le plus élevé et le plus bas sont écartés. Une moyenne est ensuite faite sur le reste, afin d’établir le taux de change à adopter par les banques.

Quelles sont les conséquences de la perte de valeur d’une monnaie ?

Si une monnaie perd constamment de sa valeur, l’économie est déstabilisée, et cela engendre une augmentation de l’inflation et du déficit budgétaire comme cela a été le cas en Egypte. Les conséquences premières d’un tel phénomène sont la baisse du pouvoir d’achat et donc du niveau de vie des citoyens (lire page 3).

Une dévaluation ou un flottement per­mettent-ils une relance économique ?

Les problèmes principaux du pays dont la monnaie est dévaluée demeurent. L’Egypte compte sur les recettes publiques qui produi­sent des dollars, c’est-à-dire le Canal de Suez, le tourisme et les exportations. Si une politique de restructuration économique n’est pas menée en parallèle pour s’attaquer aux problèmes de fond, la dévaluation n’aura aucun effet.

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