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Mascate joue les médiateurs

Maha Salem avec agences, Jeudi, 18 juin 2015

Le Sultanat d'Oman essaye de profiter de ses relations avec les parties en conflit dans la crise yéménite, pour les amener à la table de négociation.

Mascate
Oman multiplie les initiatives pour une sortie de la crise yéménite. (Photos : AP)

Connu de tout temps pour sa neutralité, le Sultanat d’Oman a choisi de jouer un rôle de médiation entre les parties en conflit au Yémen, dans l’espoir de trouver une issue à cette crise qui secoue le pays et menace toute la région. La semaine dernière, Oman a invité une délégation des Houthis et une autre iranienne avec des représentants de Washington, pour essayer de convaincre les Houthis de poursuivre les négociations avec le gouvernement légitime, dans le cadre de l’initiative onusienne. Celleci leur offre des garanties sécuritaires et des privilèges politiques, y compris leur intégration dans les institutions de l’Etat, notamment l’armée et la police. C’est grâce à cette médiation que les Houthis ont annoncé leur participation aux pourparlers à Genève. Parallèlement, le Sultanat a exercé de fortes pressions pour persuader le gouvernement yéménite et l’Arabie saoudite d’accepter des pourparlers sous l’égide de l’Onu, non sur le territoire saoudien comme le réclamait le royaume.

Il ne s’agit pas de la première initiative de médiation menée par Mascate. Depuis le début de la crise yéménite, le Sultanat d’Oman a appelé à une solution pacifique intégrant les Houthis à la vie politique à travers un dialogue national, regroupant toutes les parties en conflit. En avril dernier, le Sultanat a appelé à un arrêt immédiat des combats, à la démission du président yéménite actuel Abd-Rabbo Mansour, de son gouvernement et du parlement, et à la reprise des pourparlers avec les Houthis en vue de la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale et de la tenue d’élections présidentielle et législatives. Mais le président yéménite avait alors accusé les autorités omanaises de faire le lit des Iraniens et des Houthis.

Neutralité utile

Oman a toujours refusé de s’impliquer militairement dans des guerres en dehors de ses territoires, surtout si celles-ci sont de nature confessionnelle ou communautaire. Justifiant sa politique, les autorités omanaises ont fait savoir, à plusieurs reprises, qu’elles croyaient à la « coexistence pacifique » et rejetaient l’usage de la force pour changer un régime ou maintenir un autre contre la volonté des peuples. Dans les années 1970, Oman était le seul pays arabe à ne pas rompre ses relations avec l’Egypte suite à la signature des accords de Camp David avec Israël.

Plus tard, Oman a confirmé sa neutralité, en prenant ses distances avec les trois guerres du Golfe. Aujourd’hui, Oman est le seul pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) à ne pas participer à la « Tempête décisive », menée contre les Houthis par une coalition arabe. L’ambassade d’Oman demeure la seule représentation diplomatique arabe opérant dans la capitale Sanaa, contrôlée par les Houthis. Grâce à cette politique, Oman a réussi à maintenir de bonnes relations avec tous les pays de la région, ce qui lui permet de s’imposer comme médiateur. « Bien que membre du CCG, Oman adopte une politique et une orientation complètement différentes des autres pays du Golfe. Toutefois, il apparaît que ceux-ci acceptent cette différence et s’abstiennent de faire pression sur le Sultanat. Il s’agit peut-être d’un certain accord tacite pour laisser la porte ouverte à d’éventuelles médiations dans les crises qui secouent la région. Ainsi, les autres pays du Golfe acceptent, sans certes l’avouer, le rapprochement d’Oman avec l’Iran, pour avoir un contact indirect avec leur ennemi régional », explique Moatez Salama, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.

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