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Référendum: Halte à la fraude

Héba Nasreddine, Lundi, 24 décembre 2012

Créé le 17 décembre par une dizaine d'avocats et de juristes, le Front de la défense de l'intégrité du référendum décide d'intenter un procès devant la Cour administrative, pour contester les résultats de la première phase du référendum.

Halte
Beaucoup d'Egyptiens contestent l'intégrité du référendum. (Photo: AP)

Si vous faites partie de ceux qui ont voté « non » à la Constitution, et que vous constatez une irrégularité quelconque lors du référendum, vous pouvez contacter le Front de la défense de l’intégrité du référendum, on transmettra votre plainte, parmi d’autres, à la justice. Pour la première phase, environ 7 000 plaintes ont été présentées et 1 350 procès-verbaux ont été dressés contre des infractions électorales. D’ailleurs des centaines d’infractions ont également été recensées pendant la seconde phase. Un grand nombre de documents audiovisuels, réalisés par des observateurs indépendants de la société civile, dévoilent aussi des infractions. Parmi celles-ci les votes collectifs et les bulletins marqués d’avance, mais il y a eu aussi des fraudes commises lors du décompte. C’est en tout cas ce qu’affirment les responsables du front. Celui-ci a été créé le 17 décembre, soit deux jours après la première phase du référendum. Il comprend une dizaine de juristes célèbres et de militants des droits de l’homme. Son objectif ? Rassembler des millions de procurations par des citoyens qui refusent la Constitution, en Egypte et à l’étranger.

Ces procurations doivent être authentifiées d’abord par le cadastre. Le front entend ensuite entreprendre une action judiciaire « au nom du peuple » contre les résultats du référendum. Il s’apprête à contester également toutes les décisions de la Haute Commission électorale, qui a autorisé la tenue de la première phase du référendum sans prendre les mesures nécessaires pour assurer son intégrité comme la surveillance judiciaire dans chaque bureau de vote. Pour les membres du front, il s’agit d’une action légale contre l’adoption, selon eux, « forcée » de la Constitution. Car celle-ci ne reflète pas, selon eux, la volonté réelle des citoyens. Le front souhaite que le référendum soit refait et qu’il se tienne en toute transparence et dans des conditions correctes de supervision judiciaire. Hafez Abou-Seada, avocat, président de l’Organisation égyptienne des droits de l’homme, et l’un des 9 membres fondateurs du front, explique : « Le front a été formé sous la pression d’un grand nombre d’électeurs opposés à la Constitution. Ces électeurs ne veulent pas seulement contester la première phase du référendum, mais aussi souligner devant la justice leur refus de la Constitution qui leur a été proposée, estimant que les urnes ne reflètent pas leur vraie voix », précise Abou-Seada.

Une mission ardue

Parmi les membres du front figurent notamment Nigad Al-Boraï, militant des droits de l’homme, Ahmad Seif Al-Islam Hamad, activiste de gauche et directeur du centre Hicham Moubarak d’aide juridique, et Nihad Aboul-Qomsane, présidente du Centre égyptien pour les droits de la femme. «nombre effrayant d’infractions montre que nous avons affaire à un crime électoral. Et nous avons de réelles raisons de craindre que les plaintes que nous rassemblerons ne soient pas examinées avec sérieux, ou qu’aucune enquête ne soit entamée », prévient Al-Boraï. Il soutient cependant l’idée de collecter des procurations de la population qu’il considère comme « un moyen pacifique et efficace de pression politique pour obtenir l’annulation du référendum ».

Une vingtaine de bureaux opèrent déjà dans 10 gouvernorats pour collecter les procurations des citoyens contestataires. D’autres bureaux seront ouverts dans le reste des gouvernorats. Si l’opération a bien commencé, le succès n’est pas garanti. « A l’issue de la première phase et tout de suite après la seconde, les demandes ont commencé à pleuvoir. Mais il faut attendre la déclaration finale et officielle des résultats, pour pouvoir évaluer leur nombre exact », indique Samar Tareq, directrice de l’Institut égyptien démocrate, une ONG chargée de rassembler les procurations. Elle ajoute, pour conclure, que « cela ne fait qu’une semaine que le front a été créé. Or, la participation est très forte. Notre travail portera donc sûrement ses fruits ».

Cette initiative, comme d’autres, vise à « montrer la corruption », selon les membres du front. Elle témoigne, selon eux, d’une claire volonté de dévoiler la vérité.

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