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Le Caire et Riyad confirment leur alliance

Chaïmaa Abdel-Hamid, Mardi, 03 mars 2015

En déplacement cette semaine en Arabie saoudite, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a rencontré le roi Salman bin Abdel-Aziz. Au centre des discussions : l'alliance stratégique avec Riyad et la création d'une force arabe commune.

Le Caire et Riyad
Pour l'Egypte, l'alliance stratégique avec l'Arabie saoudite est d'une importance cruciale. (Photos : Reuters)

« Les relations entre l’Egypte et l’Ara­bie saoudite, l’Egypte et ses frères dans le Golfe sont fortes et stables depuis des années (…). Il est nécessaire d’établir une coordination entre Le Caire et Riyad en raison de la situation difficile dans la région arabe », déclarait le président Abdel-Fattah Al-Sissi quelques jours avant son départ pour Riyad. Le chef de l’Etat a rencontré dimanche le roi Salman bin Abdelaziz. Pour le président Al-Sissi, il s’agissait avant tout de pérenniser l’alliance stratégique avec Riyad. « L’objectif de cette visite est de s’assurer que les relations avec l’Arabie saoudite sont solides et que l’appui politique et financier de Riyad n’a pas fai­bli », explique le politologue Sameh Rached, directeur de rédaction de la revue Al-Siyassa Al-Dawliya.

En effet, les relations entre Le Caire et Riyad ont connu récemment un coup de froid. « Ce coup de froid est dû d’abord à l’affaire des conversations téléphoniques qui ont fuité et dans lesquelles de hauts respon­sables auraient tenu des propos peu respec­tueux du pays du Golfe à l’époque où le président Al-Sissi était ministre de la Défense », assure Rached. Suite à cet inci­dent, le chef de l’Etat avait parlé de « tenta­tive pour attiser la discorde entre les l’Egypte et ses frères du Golfe », affirmant que de telles tentatives « ne réussiront pas ». Le second incident a eu lieu à la Ligue arabe lors d’une réunion destinée à discuter des frappes militaires égyptiennes contre le groupe de l’Etat Islamique en Libye. Doha avait alors dénoncé une « action militaire unilatérale » et accusé l’Egypte d’agir sans consulter ses partenaires arabes, provoquant une riposte immédiate du Caire qui avait accusé le Qatar de soutenir le terrorisme. Doha a aussitôt rappelé son ambassadeur au Caire. Et le secrétariat général du Conseil de coopération du Golfe avait publié sur son site officiel un com­muniqué dans lequel il avait critiqué l’Egypte avant de revenir ensuite sur sa position.

Rached affirme que le soutien financier de l’Arabie saoudite à l’Egypte a inexplicablement diminué au cours des derniers mois même avant le décès du roi Abdallah avec la baisse des prix du pétrole. Tous ces facteurs inquiétaient visiblement Le Caire. Et la visite du président en Arabie visait à « remettre les choses au point ».

Force arabe commune

Outre l’alliance stratégique, la formation d’une force militaire arabe commune a été également évoquée à Riyad. « Les deux pays ont convenu de créer un groupe de travail pour créer un cadre permettant de relever les défis régionaux », avait déclaré le porte-parole de la présidence de la République, Alaa Youssef, dans un communiqué. Comme l’explique Mohamad Ezz Al-Arab, chercheur spécialiste dans les affaires du Golfe au Centre des études politiques et stra­tégiques (CEPS) d’Al-Ahram, l’Egypte et l’Ara­bie saoudite ont un intérêt à former cette force. Ezz Al-Arab explique : « Les deux dirigeants se sont penchés sur la mise sur pied de cette force arabe unie dont la mission est de lutter contre le terrorisme dans la région. Le noyau de cette force commune sera constitué par les forces égyptiennes, jordaniennes et émiraties. En attendant que d’autres forces les rejoignent ». Et d’ajouter : « L’Arabie saoudite s’inquiète de la situation au Yémen à ses frontières sud et l’Egypte s’inquiète de l’avènement de groupes terroristes comme l’EI à ses frontières ouest en Libye. La force en question doit notamment s’opposer à toutes menaces pouvant causer l’obstruction de la navigation dans le Canal de Suez. Ce qui représente un danger pour Riyad et une atteinte à la sécurité nationale de l’Egypte ». C’est dans ce contexte d’ailleurs que le roi Abdallah II de Jordanie était cette semaine en Egypte. Selon certains observateurs, la création d’une force arabe commune est nécessaire pour l’Egypte qui tentait depuis la décapitation de 21 de ses citoyens coptes en Libye de former une coalition internationale contre le terrorisme. Les pays occidentaux ont rendu publique une décla­ration commune dans laquelle ils affirment la nécessité d’une solution politique en Libye et appelant à la formation d’un gouvernement d’unité nationale qu’ils sont prêts à soutenir.

L’autre grand thème de cette visite qui tombe à un moment très délicat pour l’Egypte est la conférence économique de Charm Al-Cheikh qui doit se tenir dans quelques jours. « On ne peut pas nier que les pays du Golfe représentent une importance majeure pour l’investissement futur en Egypte. Et donc, la visite du prési­dent à Riyad a mis aussi l’accent sur cette question et a insisté sur la participation de l’Arabie à cette conférence », explique Sameh Rachid. Selon lui, « les pays du Golfe continueront à soutenir l’Egypte, surtout sur le plan des investissements, qui seront aussi rentables pour leurs pays », conclut-il.

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