« Le grand imam d’Al-Azhar a chargé le bureau technique de rassembler les enregistrements répandus dernièrement autour de l’affaire de la négation du châtiment de la tombe ou le châtiment contre ceux qui ne prient pas, pour les soumettre au Conseil des recherches islamiques afin de prendre les mesures nécessaires », écrit le journal Al-Youm Al-Sabie. L’affaire remonte à deux semaines, mais continue à faire des remous ! A cette affaire est venue se greffer une autre : celle de l’évêque copte orthodoxe de Damiette et de Kafr Al-Cheikh qui a interdit aux femmes le port de pantalons et le maquillage pendant la communion. « La simultanéité entre les deux affaires n’est pas le fruit de la coïncidence, mais reflète plutôt un climat de concordance mentale émanant de l’unité nationale dans l’obscurantisme », écrit Mahmoud Khalil dans Al-Watan.
La première affaire concernant le châtiment de la tombe a été soulevée suite aux propos du présentateur télé Ibrahim Issa, qui a nié l’existence d’un tel châtiment dans l’au-delà, niant par la suite tous les hadiths s’y rapportant qui parlent d’un serpent chauve qui châtierait le mort dans sa tombe. Suite à cela, une tempête de déclarations s’est déclenchée parmi les oulémas qui se sont attaqués à Issa.
« Ces batailles sont l’expression de l’état de la pensée égyptienne à un moment où le pays est en proie à une crise économique et à des défis sécuritaires aigus. C’est l’expression vivante de l’état de l’enseignement profane et l’enseignement religieux en Egypte », ajoute-t-il.Les religieux se sont fait entendre également sur d’autres affaires en réaction à l’actualité. Ainsi, Abdallah Al-Nasser Helmi, secrétaire général de l’Union des forces soufies, a fait une déclaration pour le moins étonnante à propos du groupe Daech, qui a annoncé la naissance de son califat basé à Mossoul. « L’imam Ali Ibn Abi Taleb (le cousin du prophète Mohamad) a prédit l’apparition de Daech. Il a dit : si vous voyez les drapeaux noirs, restez à terre et ne bougez ni les mains ni les pieds, car s’en suivra l’apparition d’hommes faibles aux coeurs de fer, ils sont les tenants de l’Etat, ne respecteront ni contrat ni charte, ils appelleront au droit chemin alors qu’ils en sont loin, leurs cheveux sont longs comme les cheveux des femmes. Ils finiront par se quereller entre eux et Dieu tranchera entre eux !!! ».
Gaza, l’Arabie saoudite et Daech
Quant à Gaza qui accuse encore les bombardements israéliens contre écoles, hôpitaux, maisons et ambulances, le mufti d’Arabie saoudite et le président du Conseil des grands oulémas, cheikh Abdel-Aziz Al-Cheikh, a qualifié les manifestations dans plusieurs pays arabes et musulmans « d’actes anarchiques et de cacophonie qui n’a rien de bon », rapporte le quotidien Al-Wafd, qui a repris un article paru dans le journal saoudien Okaz. « C’est la deuxième déclaration d’un homme de religion saoudien qui interdit les manifestations de soutien aux Palestiniens après celle du président du Conseil judiciaire suprême, cheikh Saleh Al-Lihidane, qui a jugé ces dernières comme un acte de sabotage et que même s’il n’y a pas de grabuge, ces manifestations éloigneront les gens de la voie de Dieu. Et en réponse à une question concernant l’aide qui pourrait être portée aux Palestiniens, il a répondu : il faut prier pour eux et les soutenir avec l’argent et les aides », précise-t-il.
En restant dans la sphère saoudienne, un article signé Mohamad Al-Saïd publié dans le journal Al-Hayat, paraissant à Londres, pose la question suivante : l’Arabie saoudite est-elle en sécurité ? Dans son introduction, il rappelle qu’en 1990 après l’invasion du Koweït par l’Iraq, le chef d’Al-Qaëda, Ossama bin Laden, a fait une proposition aux responsables saoudiens qui se résume à l’appel de centaines de combattants à travers le monde pour combattre Saddam Hussein. « Les faits disent que les victoires qui ont eu lieu durant 10 ans de combats meurtriers et des millions de morts, le peuple afghan ayant payé le prix fort, ont été le fruit de l’octroi d’armes par les Américains, suite à l’insistance saoudienne, qui ont fourni les missiles Stinger aux combattants. L’Arabie saoudite a pris une décision sage de ne pas accepter l’offre de Bin Laden. Aujourd’hui, la tactique revient de la même manière, mais avec des nuances, puisque nous voyons la naissance de petites armées composées de combattants saoudiens aux abords des frontières saoudiennes avec l’Iraq et le Yémen. Ils sont recrutés parmi les franges de jeunes en colère et désabusés face au pouvoir et à la société. Sommes-nous capables de contrer 8 000 combattants saoudiens dans les rangs de Daech et Al-Qaëda ? Tous ceux qui se croyaient en sécurité dans leurs pays ont été infiltrés par les siens, surtout les jeunes », écrit le même auteur. Le quotidien Al-Watan et d’autres journaux ont rapporté une information publiée par le Times, selon laquelle l’Arabie saoudite aurait posté des troupes égypto-pakistanaises à ses frontières avec l’Iraq pour faire face aux combattants de Daech. Al-Watan a relevé que le président Abdel-Fattah Al-Sissi a « promis avant son élection de défendre la sécurité des pays du Golfe et celle de tous les pays arabes ». Mais l’information a vite été démentie par une source militaire de haut rang comme l’a souligné Al-Watan : « La source militaire a révélé à Al-Watan que l’Egypte n’a pas de forces en dehors de ses frontières, sauf celles qui participent aux forces de maintien de la paix sous contrôle international » .
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