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France-Egypte : Des rencontres pour un rapprochement

Chérif Albert, Dimanche, 20 juillet 2014

Une délégation de parlementaires fran­çais a achevé cette semaine une visite de quatre jours en Egypte, au cours de laquelle elle s’est entretenue avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi et des officiels et des représentants de la société civile.

France-Egypte  : Des rencontres pour un rapprochement
Le président Sissi et les députés français ont évoqué la question du terrorisme. (Photo:Ahmad Fouad)

Une délégation de six députés du groupe d’amitié France-Egypte de l’Assemblée nationale française a été reçue la semaine dernière par le président Abdel-Fattah Al-Sissi, le premier ministre Ibrahim Mahlab, ainsi que par les ministres des Affaires étran­gères, du Commerce et de l’Indus­trie, et du Tourisme.

Les relations franco-égyptiennes, les questions ayant trait aux droits de l’homme, à l’indépendance de la justice, à la lutte contre le terro­risme, au développement écono­mique ont figuré au menu de cette première visite offi­cielle française depuis la des­titution du président isla­miste Mohamad Morsi, le 3 juillet 2013. De mercredi à samedi, les parlementaires français se sont également entretenus avec des respon­sables de partis politiques, d’ONG et des défenseurs des droits de l’homme. Samedi dernier, Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a de même ren­contré le président Al-Sissi, pour des discussions concer­nant la situation à Gaza.

Le sujet du terrorisme s’est particulièrement imposé aux pourparlers des députés avec les responsables égyptiens, à un moment où la France s’engage militairement en Afrique contre des mouve­ments terroristes, et où l’Egypte est confrontée à ce fléau, notamment dans le Sinaï et sur sa frontière ouest. « Nous avons eu un échange très franc et très direct avec le pré­sident Al-Sissi sur la situation en Libye, et celui-ci a reproché à la France, à l’Europe et à l’Otan de ne pas avoir terminé le travail en Libye », rapporte le président du groupe d’amitié France-Egypte, Philippe Folliot, tout en soulignant que les 1200 km de frontières com­munes entre l’Egypte et une Libye, aujourd’hui déstabilisée, sont un « légitime sujet d’inquiétude » pour les autorités égyptiennes. « Mais si la France est intervenue au Mali et en République Centrafricaine, elle n’a pas vocation à intervenir tout le temps partout et seule. C’est pour cela que nous, parlementaires fran­çais, nous nous félicitons du fait que l’Egypte ait décidé d’envoyer des troupes, dans le cadre du contingent des Nations-Unies au Mali… et nous l’espérons de même peut-être en République Centrafricaine », affirme-t-il.

Pour Gwendal Rouillard, député du Morbihan, l’élément le plus important est justement le partena­riat France-Egypte en Afrique. « Nous avons besoin de l’Egypte sur la scène africaine, pour contri­buer à une meilleure sécurité du continent africain, et pour lutter plus efficacement contre le terro­risme. Et le fait que l’Egypte soit revenue d’une certaine manière à l’Union africaine, c’est pour la France, et je pense pour les pays africains, une très bonne nouvelle », dit-il.

Rôle de « verrou »

Concernant la scène égyptienne intérieure, tout en reconnaissant l’importance de la stabilité pour que l’Egypte puisse assurer son rôle de « ver­rou » pour la sécurité régio­nale, les députés français ont transmis aux autorités égyp­tiennes les préoccupations des défenseurs des droits de l’homme.

« Nous ne sommes pas des donneurs de leçons, mais pour autant, nous avons dit au président comme à nos différents interlocuteurs quelles étaient nos préoccu­pations par rapport à un cer­tain nombre de décisions de justice qui nuisent grave­ment à l’image de l’Egypte dans le monde en général et en France en particulier », dit M. Folliot. Et d’ajouter : « Quand des journalistes d’une chaîne de télévision sont condamnés, quand lors de procès-fleuves et de procès de masse plusieurs centaines de per­sonnes sont condamnées en même temps à la peine capitale, c’est quelque chose qui nous heurte et on le leur a dit ».

Cela dit, M. Rouillard souligne que ce qu’il a pu vérifier au Caire, comme dans bien des capitales afri­caines ces derniers mois, « c’est la prise de conscience que la sécurité va avec le développement, et le développement va avec la sécuri­té… et c’est un point d’accord clair, net et précis que nous avons avec les autorités égyptiennes ».

C’est pour cela que tous les membres de la délégation se sont engagés à écrire dès la semaine pro­chaine aux ministres français chargés des Affaires étrangères et du Tourisme, pour leur demander que la ville de Charm Al-Cheikh ne soit plus classée en zone rouge déconseillée aux touristes, mais en zone orange où on peut aller, mais en prenant un cer­tain nombre de précautions.

« Nous savons combien le tou­risme est important et essentiel, plus particulièrement pour l’écono­mie de la Haute-Egypte… c’est important de faire de telle sorte que nos concitoyens retrouvent le che­min de l’Egypte », dit le chef du groupe.

Ils insisteront aussi auprès des autorités françaises sur une harmoni­sation à l’échelle européenne en ce qui concerne l’évaluation du danger représenté par certaines destinations, « parce qu’il n’y a pas de raison pour que certaines destinations en Egypte soient plus dangereuses aux Français que d’autres Européens », conclut Philippe Folliot.

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