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Gaza : L’Egypte se pose en médiateur

May Al-Maghrabi, Lundi, 14 juillet 2014

Après un certain attentisme sur les événements à Gaza, l'Egypte a présenté lundi une initiative visant à mettre fin aux hostilités entre Israël et le Hamas.

Gaza : L
Le président Al-Sissi a reçu Tony Blair pour trouver une issue à la crise gazaouie.

Après avoirexclu dans un premier temps une médiation dans le conflit à Gaza, l’Egypte a présenté lundi 14 juillet, une initiative visant à mettre fin aux hostilités entre Israël et le mouvement palestinien Hamas. « L’initiative égyptienne prévoit un arrêt total des hostilités aériennes, maritimes et terrestres entre les deux parties et l’ouverture de négociations sur l’entrée de biens dans l’enclave palestinienne sous blocus », selon un porte parole du ministère des Affaires étrangères. Le Caire se dit par ailleurs, prêt à accueillir sous 48 heures, après l’entrée en vigueur de la trêve, deux délégations palestinienne et israélienne de haut niveau.

L’initiative égyptienne intervient avant l’ouverture d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de la ligue arabe, convoquée en urgence au Caire. Quelques heures après l’annonce de l’initiative, Israël a fait savoir qu’il acceptait la proposition égyptienne. « Le Cabinet israélien a décidé d’accepter l’initiative égyptienne pour un cessez-le-feu », a déclaré le porte parole du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, sur son compte Twitter. Toutefois, les responsables du Hamas ont fait savoir qu’ils rejetteraient tout cessez-le-feu « qui n’inclut pas un accord complet sur le conflit ». Le Hamas exige notamment l’arrêt des bombardements israéliens, la fin du blocus sur Gaza imposé depuis 2006 et l’ouverture du poste de Rafah à la frontière avec l’Egypte ainsi que la libération des prisonniers arrêtés, après avoir été relâchés suite à l’accord d’échange du soldat israélien Gilad Shalit en 2011.

L’initiative égyptienne intervient après une période d’attentisme par Le Caire. Depuis le début du conflit, l’Egypte avait engagé des contacts avec Israël et les palestiniens, mais avait en même temps minimisé les attentes quant à une possible trêve, grâce à une médiation de sa part. Une attitude due à des considérations d’ordre interne. « Depuis la chute des Frères musulmans, Le Caire était en rupture avec le Hamas, allié de la confrérie, et accusé par les autorités égyptiennes de participer à la déstabilisation du Sinaï. C’est pour cette raison que l’Egypte ne voulait pas s’engager dans le conflit, préférant donner la priorité aux problèmes internes sur les problèmes régionaux », explique Adel Soliman, président du Centre des études politiques du futur. L’Egypte accuse notamment le Hamas d’être derrière les attentats terroristes qui ont secoué le Sinaï après la destitution de Morsi. Pour faire face à cette situation, l’armée égyptienne a détruit des centaines de tunnels de contrebande creusés sous la frontière avec la bande de Gaza qui donnaient lieu à un trafic d’armes au profit des Frères musulmans. En outre, un verdict judiciaire interdit toute activité du Hamas en Egypte. « Toutes ces considérations ont fait que l’attitude de l’Egypte au début des hostilités était assez pâle. L’Egypte considère le Hamas comme une organisation terroriste et non pas comme un mouvement de résistance », estime Soliman. Durant les trois premiers jours de la crise, l’Egypte s’est contentée d’appeler les deux parties à cesser les violences. « Il est vrai que Le Caire a ouvert le terminal de Rafah pour des raisons humanitaires, mais cette décision est intervenue suite à une requête du secrétaire générale de l’Onu, Ban Ki-moon, demandant à l’Egypte d’alléger les souffrances des Palestiniens dans la Bande de Gaza », explique Soliman. Et d’ajouter : « Les déclarations des responsables égyptiens indiquaient clairement que Le Caire n’entendait pas endosser le costume de médiateur, et d’offrir au Hamas une issue ».

Mais les pressions tant internes qu’externes ont incité Le Caire à changer de position. D’une part, l’opinion publique égyptienne a commencé à sympathiser avec la population palestinienne en proie aux frappes massives de l’armée israélienne. D’autre part, les pressions internationales se sont intensifiées et Le Caire ne pouvait pas laisser se prolonger une situation aussi explosive près de ses frontières. D’où l’initiative égyptienne de cessez-le-feu.

L’émissaire du Quartette au Proche Orient, Tony Blair, a salué lundi l’offre du Caire qui pourrait selon lui « arrêter la perte tragique de vies humaines ». Le président américain Barak Obama a fait des déclarations du même ordre parlant de la mort de civils palestiniens comme d’une tragédie tout en considérant qu’Israël avait le droit de se défendre contre des attaques « inexcusables ».

Avec cette initiative, l’Egypte retrouve son rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien et se pose à nouveau comme un acteur incontournable dans la région. En effet, ni les Américains, ni les Européens ne possèdent des contacts directes avec le Hamas. Toute médiation sans l’Egypte aurait donc été difficile. C’est ce qu’affirme l’éditorialiste Makram Mohamad Ahmad. Pour lui, l’Egypte a assumé son rôle même si au début, elle a fait part d’un certain attentisme. « Je crois que le nouveau régime en Egypte cherche une politique équilibrée qui lui permet d’assumer son devoir envers la cause palestinienne, sans porter atteinte à sa sécurité intérieure ». ll affirme que depuis le début, l’Egypte était en contact avec les Israéliens et les Palestiniens. « Les services de Renseignements égyptiens ont été en contact avec le Hamas, même si les relations entre les deux parties ne sont pas bonnes. L’Egypte a également ouvert le terminal de Rafah pour accueillir les blessés palestiniens et leur permettre de se soigner aux hôpitaux d’Al-Arich », ajoute l’éditorialiste, très critique à l’égard du Hamas. « Le Hamas a privilégié son appartenance à la confrérie des Frères musulmans au détriment de sa qualité de mouvement de résistance. Il est aujourd’hui isolé », affirme Makram. Et de conclure : « Depuis 2011, les tunnels sont utilisés pour faire passer des armes, des explosifs et des terroristes. L’Egypte a le droit de valoriser ses intérêts sécuritaires et l’aide du peuple palestinien ne doit pas affecter la sécurité des égyptiens. Dans les circonstances politiques et sécuritaires actuelles, l’Egypte n’a épargné aucun efforts pour soutenir Gaza ».

L'Egypte fournit une aide humanitaire à Gaza

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Pour aider les habitants de Gaza à faire face à l’offensive israélienne, le ministre de la Défense, le général Sedqi Sobhi, a ordonné l’envoi de 500 tonnes de nourriture et de médicaments aux Palestiniens. Ces aides sont parvenues à Gaza à travers la ville de Rafah. Les autorités égyptiennes ont par ailleurs décidé d’ouvrir le terminal de Rafah pour permettre aux Palestiniens blessés dans les raids de se faire soigner dans les hôpitaux d’Al-Ariche.

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