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Pour l'OIT, l'Egypte fait un pas positif

May Atta, Mardi, 03 juin 2014

L'Organisation Internationale du Travail (OIT) a retiré l'Egypte d'une de ses deux listes noires. Ces listes comprennent une soixantaine de pays enfreignant les conventions internationales sur le travail.

OIT

La décision avait été prise en 2013 sous Mohamad Morsi. L’Egypte avait alors été placée sur la liste noire de l’OIT en raison de « violations aux droits des travailleurs » et « non respect des conventions internationales sur le travail ».

L’Egypte vient d’être retirée de cette liste. Gébali Al-Maraghi, président de l’Union des syndicats ouvriers, précise: « Il existe maintenant sur cette liste noire 25 pays dont certains sont européens mais nous avons réussi à sortir de cette liste après les élections présidentielles. Je crois que notre présence sur cette liste était due à notre système politique ».

En réalité, la décision de l’OIT s’explique par l’instauration d’une nouvelle Constitution en Egypte qui respecte les droits des ouvriers et leur donne le droit d’organiser des grèves pacifiques et de fonder des syndicats sans l’intervention du gouvernement. « Le retard dans la promulgation de la loi sur la liberté syndicale ne signifie pas que le gouvernement refuse cette loi. Nous avons maintenant 57 syndicats indépendants et 35 unions syndicales indépendantes. Mais nous attendons le nouveau Parlement afin de promulguer la loi », avance Nahed Al-Achri, ministre de la Main-d’oeuvre.

L’Egypte avait été placée sur la liste noire en 2008 et 2010. Elle a été retirée de cette liste en 2011 après la révolution du 25 janvier suite aux promesses du gouvernement de respecter les libertés syndicales et d’adopter une loi permettant aux syndicats de s’organiser librement. Cependant, elle a réintégré cette liste en juin 2013 sous la présidence de Morsi, durant laquelle des milliers de grèves ont été menées par les ouvriers en raison de leur mauvaise situation syndicale. En outre, les ouvriers n’ont pas réussi durant les deux années qui ont suivi la révolution à promulguer la loi sur la liberté syndicale.

En réalité, l’OIT possède deux listes, comme le souligne Kamal Abbass, directeur du Centre égyptien des services fournis aux syndicats et aux travailleurs (CTWUS). « Il existe deux listes noires, une liste pour le court terme et une autre pour le long terme. La première concerne les violations qui peuvent être réglés sur le court terme et la seconde est réservée aux violations dont le règlement nécessite du temps ».

La liste du long terme inclut une quarantaine de pays et celle du court terme une vingtaine. L’Egypte figure toujours sur la liste du long terme et la raison est simple: l’Egypte ne respecte, selon l’OIT, ni la clause 87 de la convention de 1948 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, ni la clause n°98 de la convention de 1949 sur le droit d’organisation et de négociation collective.

Pour l’OIT, le retard de la promulgation de la loi sur les libertés syndicales est inexplicable. Jusque-là, c’est la loi 35 de 1976 qui régit la formation des syndicats ouvriers en Egypte. Cette loi est considérée comme restrictive, malgré quelques modifications apportées depuis 1976. La loi 35 oblige les ouvriers à être intégrés dans une union syndicale de forme pyramidale. Les leaders de l’union la dominent et possèdent des relations très étroites avec le régime qui ne s’intéresse pas aux ouvriers mais aux hommes d’affaires. Cette union oblige les ouvriers à être membres de l’union car il n’existe pas d’autre alternative.

Abbass pense que l’Egypte ne sera retirée définitivement de la seconde liste que si la situation syndicale change et que le nouveau régime adopte des politiques différentes de celles du régime de Moubarak et qu’il respecte le droit des ouvriers de former des syndicats indépendants l

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