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Nouvelle enquête sur Rabea

Mohamed Abdel-Hady, Mardi, 25 mars 2014

La présidence a ordonné une enquête sur les éventuels abus policiers commis pendant l’évacuation du sit-in de Rabea Al-Adawiya le 14 août dernier. Une manière de couper court à toute internationalisation de l’affaire.

Une enquête sera ouverte sur les résultats du rapport du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) sur la dispersion du sit-in de Rabea Al-Adawiya le 14 août dernier, qui avait fait, selon un bilan officiel, 638 morts. C’est le président par intérim, Adly Mansour, qui l’a annoncé. « J’ai demandé au ministère de la Justice d’ouvrir une enquête sur la question », a déclaré Adly Mansour. Selon un communiqué de la présidence de la République, un juge d’instruction sera nommé pour mener une enquête indépendante sur cette question ainsi que sur les incidents qui ont suivi dans plu­sieurs provinces. Son travail devrait être indé­pendant de celui de la commission d’établisse­ment des faits de l’après-30 juin, présidée par le juge Fouad Abdel-Moneim Riyad.

Le CNDH avait rendu lundi 17 mars son rapport sur les incidents de Rabea. Le rapport met en cause tant les services de sécurité que les manifestants armés, qui auraient « tiré les premiers sur la police, mais cette dernière a répliqué de manière disproportionnée ». Dans un communiqué publié sur leur page Facebook, les Frères musulmans ont estimé que le rapport du CNDH était « truffé de mensonges » et « correspondait à la version des faits du minis­tère de l’Intérieur ». Les Frères avancent un bilan de 1182 morts, 5000 blessés et 350 dis­parus. Ils accusent le CNDH d’avoir omis de mentionner les « abus » commis par les forces de l’ordre contre les manifestants qui « n’ont pas été en mesure d’utiliser le corridor de sécurité pour quitter le lieu du sit-in. Quant aux ambulances, elles n’ont pas pu entrer sur le lieu du sit-in ».

Pour Nasser Amin, membre du CNDH et président du Centre arabe d’indépendance de la magistrature et du barreau, la décision du chef de l’Etat d’ouvrir une enquête sur les éventuels abus policiers barre la route à toute tentative des Frères de porter cette affaire devant la Justice pénale internationale. « Tant qu’une enquête est ouverte par les autorités locales, aucune autre instance judiciaire ne peut être saisie », affirme-t-il. Même son de cloche pour Mohamad Zaree, président de l’Organisation arabe pour la réforme pénale et ancien membre du CNDH: « La décision de désigner un juge d’instruction favorise la jus­tice expéditive et ferme la porte à toute inter­nationalisation de l’affaire ». Une enquête accélérée permettra non seulement de faire voler en éclats les aspirations des Frères de saisir des instances internationales, mais aussi d’adresser un message au monde entier selon lequel Le Caire est soucieux de faire la lumière sur les incidents sanglants et de juger leurs auteurs, pour dissiper les inquiétudes des Occidentaux. Cela contribue à conforter l’image de l’Egypte à l’étranger.

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