
Les affrontements entre la police et les manifestants ont fait 2 morts et plusieurs dizaines de blessés.
Face à la reprise de la violence dans les universités, le gouvernement durcit le ton. Si le second semestre a dû être repoussé à deux reprises à cause des débordements, le pouvoir semble aujourd’hui déterminé à ne plus permettre de telles perturbations.
« Les cours ne seront plus ajournés. Si la violence se poursuit, le gouvernement aura recours à d’autres moyens », a déclaré le premier ministre, Ibrahim Mahlab.
Suite à une réunion d’urgence, samedi 22 mars, le Haut Conseil des Universités (HCU) a pris une série de mesures visant à endiguer la violence dans les universités. Il a décidé de relancer le protocole de coopération entre le ministère de l’Intérieur et celui de l’Enseignement supérieur, qui autorise la présence permanente des forces de sécurité devant les universités.
Si une manifestation dégénère, le recteur de l’université est autorisé à demander l’intervention de la police.
Parallèlement, les mesures de sécurité ont été renforcées pour empêcher l’infiltration des armes au sein du campus, doté désormais de caméras de surveillance et de portails électroniques.
Les étudiants, les professeurs et les fonctionnaires sont systématiquement fouillés. Le HCU a souligné que « tout étudiant impliqué dans des actes de violence sera définitivement renvoyé de l’université ».
Plusieurs dizaines d’étudiants ont été déférés cette semaine devant des conseils disciplinaires et 31 ont été renvoyés de l’Université d’Al-Azhar, 23 de l’Université du Caire, 16 de l’Université de Aïn-Chams et un de l’Université de Mansoura.
La justice a condamné un étudiant à 5 ans de prison et 16 autres à 3 ans de prison pour actes de violence.
Les Frères musulmans sont mobilisés dans les universités et menacent de procéder à une escalade. « Ce n’est que le début. Si Al-Sissi se présente à la présidentielle, les universités ne connaîtront pas la paix », menace le président de l’Union des étudiants de l’Université d’Al-Azhar.
Affrontements
Les manifestations dans les universités ont donné lieu à des affrontements entre les étudiants islamistes et les forces de sécurité. A l’Université d’Al-Azhar, les manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur le bâtiment de la faculté de pharmacie et ont démoli des murs de l’université. Les forces de sécurité ont dû intervenir pour les disperser à coups de gaz lacrymogène. La même scène s’est reproduite à l’Université du Caire, où 2 bombes primitives ont été trouvées et désamorcées par les forces de l’ordre.
Selon les observateurs, la stratégie des étudiants est de perturber les cours et de diaboliser la police. Selon le politologue Ammar Ali Hassan, l’activité des Frères dans les universités est due à leur recul notable au niveau de l’organisation. « Honnis par la majorité du peuple, ils trouvent dans les universités un dernier bastion pour maintenir le désordre et remettre en cause le pouvoir transitoire, surtout à l’approche de l’élection présidentielle », dit-il.
Selon le politologue, ces manifestations mettent le pouvoir dans l’impasse. « En agissant avec fermeté, le pouvoir servira les objectifs des Frères musulmans qui veulent se présenter en victimes, alors qu’en les tolérant, c’est le prestige de l’Etat qui sera en question. Même les solutions politiques ne pourront pas remédier à ce dilemme ».
Mohamad Aboul-Ela, président du Parti du Rassemblement, estime que la violence dans les universités est due à la présence d’un grand nombre de professeurs appartenant aux Frères musulmans qui incitent les étudiants à la violence et facilitent l’entrée des armes.
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