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Médicaments : Une crise qui n’en est pas une

May Atta , Vendredi, 25 août 2023

Alors que les plaintes se multiplient, le ministère de la Santé a nié l’existence d’une pénurie de médicaments en Egypte, soulignant que les médicaments biosimilaires, produits localement, ont la même qualité que ceux importés.

Médicaments : Une crise qui n’en est pas une

« Il n’y pas de pénurie de médicaments pour les maladies héréditaires, ou la thyroïde », assure Hossam Abdel-Ghaffar, porte-parole du ministère de la Santé, en réponse aux interrogations sur le manque de certains produits pharmaceutiques sur le marché. Depuis quelques semaines, en effet, les citoyens se plaignent de l’absence de certains types de médicaments dans les pharmacies. Mais pour Abdel-Ghaffar, ces plaintes sont dues au fait que les patients sont attachés aux noms commerciaux des médicaments. « Or, les médicaments biosimilaires existent », affirmet- il.

L’Egypte possède 176 usines pharmaceutiques qui produisent 92 % des médicaments du marché, tandis que les 8 % restants sont importés. Entre mars 2022 et janvier 2023, la livre égyptienne a subi 3 dévaluations lui faisant perdre la moitié de sa valeur contre le dollar, ce qui a compliqué le processus d’importation. Le problème est que 95 % de la matière active nécessaire à la production des médicaments et les matériaux requis pour les emballages, comme le foil d’aluminium et le carton, sont également importés. « C’est vrai que les médicaments importés manquent sur le marché. Les médecins préfèrent prescrire les médicaments importés étant donné l’idée qu’ils sont plus efficaces par rapport à leurs biosimilaires égyptiens. Les médicaments pour la thyroïde manquent terriblement en ce moment. Les médicaments biosimilaires égyptiens manquent aussi parce que le problème du dollar a affecté l’importation des matières actives nécessaires à la production de ces médicaments », explique-t-il.

Pas de crise

Mais les choses sont vues différemment par le pharmacien et chef du département des médicaments de l’Union générale des Chambres de commerce, Ali Ouf, qui ne croit pas qu’il y ait une pénurie de médicaments. Il explique qu’il existe deux types de médicaments en Egypte. Le premier ce sont les médicaments vitaux importés qui n’ont pas d’alternatifs, comme les médicaments nécessaires au traitement du cancer et les colorants radiographiques, et le second ce sont les médicaments qui ont des alternatifs ou ce que l’on appelle les médicaments biosimilaires. « Tous les médicaments vitaux sont disponibles sur le marché local et nous en avons une réserve suffisante pour une consommation de 3 à 6 mois. Leur distribution est très surveillée, car nous ne voulons pas qu’ils soient vendus sur le marché noir. Ces médicaments sont vendus dans des points de vente spécifiques à un prix fixé par le ministère de la Santé », explique Ouf. Et d’ajouter que les citoyens qui n’arrivent pas à se procurer certains médicaments peuvent appeler le 15301. On leur indiquera alors où ces médicaments sont disponibles. En ce qui concerne les médicaments biosimilaires produits localement, Mahfouz Ramzy, président du comité de la production pharmaceutique à l’ordre des Pharmaciens au Caire, explique que les besoins stratégiques de l’Egypte, que ce soit au niveau des médicaments importés ou des matières premières nécessaires à la production, sont couverts par le gouvernement. « Les patients se plaignent du manque de médicaments, mais il y a des alternatifs qui ont la même qualité. Ce qui compte pour les gens en Egypte, y compris les médecins, c’est le nom commercial du médicament plutôt que son efficacité. Il est temps de changer cette manière de raisonner », assure-t-il.

Solutions pratiques

L’ordre des Pharmaciens a appelé à prescrire les traitements selon leur composition et la matière active, et non pas selon la marque commerciale, afin de résoudre le problème de la pénurie de médicaments, surtout que « les médicaments biosimilaires ont la même efficacité que les médicaments importés et ils coûtent moins cher ». Ouf ajoute que l’Egypte doit appliquer la règle des « prescriptions médicales obligatoires pour obtenir les médicaments ». « Il faut promulguer une loi rendant la prescription médicale obligatoire pour l’achat des médicaments. Les Egyptiens achètent les médicaments sans prescription médicale, et cette situation va mener au gaspillage du stock de médicaments », affirme Ouf. Il propose l’adoption de deux types de prescription médicale, une pour l’achat du médicament une seule fois et une autre pour les traitements à long terme qui nécessitent la fourniture du médicament pour une longue durée l L’Egypte possède 176 usines pharmaceutiques qui produisent 92 % des médicaments sur le marché.

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