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Le Néo-Wafd sur des charbons ardents

Howaïda Salah, Vendredi, 18 août 2023

Des rivalités internes secouent le Néo-Wafd, alors que ce parti de la droite libérale se prépare à disputer l’élection présidentielle, prévue début 2024.

Le Néo-Wafd sur des charbons ardents

Le torchon brûle au Néo-Wafd à quelques mois de l’élection présidentielle, prévue début 2024. Un bras de fer oppose deux hauts responsables du parti, son président, Abdel-Sanad Yamama, et l’un de ses principaux dirigeants, Fouad Badrawi. Les deux hommes se disputent l’investiture du parti à la prochaine présidentielle. Tout a commencé le 18 juin, lorsque Abdel-Sanad Yamama a déclaré être le candidat du parti à l’élection, affirmant bénéficier du soutien du comité directeur. Mais Fouad Badrawi affirme, lui, que « personne n’a demandé à Yamama de se présenter au nom du parti ». « Yamama ne répond pas aux critères de candidature à l’élection présidentielle. Comment donc peut-il être investi ? », demande Badrawi. Et d’ajouter : « Il n’a même pas les signatures requises des 20 membres élus du parlement pour se présenter à l’élection, ni celles des 25 000 citoyens ayant le droit de vote dans au moins 15 gouvernorats. L’investiture de Yamama est illégale », a affirmé Badrawi. Ancien député et proche de l’ancien leader du parti, le défunt Fouad Séragueddine, il affirme qu’en vertu du règlement interne, le candidat du parti à l’élection présidentielle doit obtenir l’approbation de l’assemblée générale. « Or, cela n’a pas été le cas avec Yamama », affirme Badrawi, qui a annoncé être lui-même candidat à l’investiture du parti et a appelé l’assemblée générale à se réunir pour désigner le candidat officiel aux élections.

Guerre verbale

La tension est montée d’un cran lorsque Badrawi a déclaré que Yamama se présentait à l’élection « sur demande des services de sécurité ». Un fait immédiatement démenti par ce dernier. « Ce ne sont que des mensonges. Si je décide de joindre la course à la présidence, c’est parce que je suis convaincu que l’élection présidentielle offre une occasion en or aux partis politiques de faire connaître leurs plateformes politiques aux citoyens », a expliqué Yamama. Badrawi a révélé avoir envoyé une lettre à Yamama l’informant de sa décision de se présenter à l’investiture du parti. Le comité directeur doit se réunir prochainement pour trancher le conflit.

L’article 19 de la charte interne du Néo-Wafd stipule que si le comité directeur du parti ne parvient pas à s’entendre sur un nom pour l’élection présidentielle, l’assemblée générale est convoquée pour élire le candidat à bulletin secret.

Yamama a, quant à lui, expliqué que son agenda présidentiel serait annoncé une fois complété et revu par les membres du parti. Il a affirmé à l’Hebdo que son programme serait basé sur la réforme économique. Il propose également un nouveau système éducatif. « Nous avons besoin d’un système éducatif plus solide pour répondre aux besoins du marché et du développement global », a déclaré Yamama.

Avocat et professeur de droit international, Yamama a été élu chef du Néo-Wafd en mars 2022. Il avait intégré le parti en 2004. Parti d’opposition libérale, créé en 1919 et relancé en 1978 après avoir été dissous en 1953, le Néo-Wafd a longtemps plaidé pour la démocratie libérale et la libre entreprise. Le parti compte 39 députés au Conseil des députés et 10 au Sénat. En 2005, l’ancien chef du parti, aujourd’hui décédé, Noaman Gomaa s’était présenté contre l’ancien président Hosni Moubarak, et était arrivé 3e derrière Ayman Nour du parti d’Al-Ghad, deuxième. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi avait remporté l’élection présidentielle de 2018 avec 97 % des voix. Son mandat se termine à la fin de l’année. En 2019, la Constitution a été modifiée pour accorder à toute personnalité présidentielle un mandat de 6 ans au lieu de 4.

Outre Yamama et Badrawi, 3 autres candidats ont annoncé leur intention de se présenter à la présidence, dont Hazem Omar, président du Parti républicain du peuple, Ahmad Fadali, président du Parti démocratique de la paix, et Ahmad Tantawi, ancien député.

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