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De Aqaba à Charm Al-Cheikh, des promesses, mais pas d’engagement

Samar Al-Gamal , Jeudi, 23 mars 2023

Israéliens et Palestiniens ont renouvelé cette semaine en Egypte leur promesse en faveur d’une désescalade. Ils se retrouveront à nouveau dans quelques semaines, avec les mêmes parrains.

De Aqaba à Charm Al-Cheikh, des promesses, mais pas d’engagement

Réunis dans la station balnéaire de Charm Al-Cheikh, sous les auspices de l’Egypte, de la Jordanie et des Etats-Unis, Palestiniens et Israéliens ont tenté de trouver un terrain d’entente et de maintenir le calme dans les territoires occupés, alors que le Ramadan commence cette semaine. Des responsables de haut niveau représentant les cinq pays ont réaffirmé leur engagement « à travailler ensemble pour promouvoir la sécurité, la stabilité et la paix pour les deux parties », mais sans proposer de mesures concrètes pour y parvenir. En effet, le communiqué de huit clauses publié à l’issue de la réunion dite de « sécurité » n’a pas apporté de changements significatifs par rapport à celui de Aqaba, fin février. Le seul nouveau point est la création d’un « mécanisme pour réduire et contrer la violence, l’incitation et les déclarations incendiaires ». Aucun détail ne figure sur le mode de fonctionnement de ce mécanisme, à part que les parties présenteront des rapports au quintette en avril.

Peu après la réunion pourtant, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, figure de proue de la coalition de Benyamin Netanyahu, qui avait appelé à « anéantir » la ville palestinienne de Huwara en Cisjordanie, a nié l’existence des Palestiniens. « Il n’y a pas de nation palestinienne. Il n’y a pas d’histoire palestinienne. Il n’y a pas de langue palestinienne. Les Palestiniens n’existent pas », a-t-il déclaré en France. L’Egypte a immédiatement réagi, qualifiant ces déclarations d’« irresponsables » et de « provocatrices », affirmant que leurs « insinuations racistes nient les faits de l’Histoire et de la géographie et alimentent les sentiments de colère ». Ahmad Abou-Zeid, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a affirmé que de telles déclarations « compromettent les efforts visant à instaurer le calme entre Palestiniens et Israéliens ». A Charm Al-Cheikh, les deux parties ont aussi réitéré leur volonté de mettre fin aux mesures unilatérales pendant une période de 3 à 6 mois, y compris l’engagement d’Israël à ne pas construire de nouvelles colonies pendant 4 mois. Un engagement précédent à Aqaba a été nié avec véhémence par Netanyahu. Elles ont également réitéré leur engagement à maintenir inchangé le statu quo historique sur les lieux saints à Jérusalem et ont souligné la nécessité de préserver le caractère sacré de ces sites pendant le Ramadan.

Le texte réaffirme également l’engagement des parties envers les accords précédemment conclus, en particulier le droit de l’Autorité palestinienne d’assumer la sécurité dans la zone A de la Cisjordanie. Cependant, Hassan Asfour, ancien ministre palestinien, joint par téléphone en Cisjordanie, a critiqué cette clause car « elle limite le pouvoir de l’Autorité palestinienne sur cette zone et la réduit à 3 % de la Cisjordanie au lieu des 40 % exigés par les Accords d’Oslo ou encore les 23 % négociés plus tard par Yasser Arafat ». Cette zone renferme les principales villes palestiniennes et leurs environs, entre autres Jénine, Hébron et Naplouse, qui ont connu une récente escalade d’attaques menées par les colons et l’armée israélienne. En vertu des accords pourtant, l’Autorité palestinienne a un contrôle total sur la sécurité de ces territoires et l’armée israélienne n’est pas autorisée à y entrer.

Le refus des factions

Les principales factions palestiniennes, le Hamas mais aussi le Front populaire de libération de la Palestine et le Djihad, ont estimé que la réunion était « un plan dangereux pour éliminer l’unité incarnée par la résistance contre l’ennemi sioniste ». Ils avaient appelé le président Mahmoud Abbas, juste avant la réunion, à ne pas y participer et exhorté l’Egypte à l’annuler. Le chef de la délégation palestinienne, Hussein Al-Cheikh, a d’ailleurs confirmé que les négociations étaient « difficiles » en raison de l’attachement de la délégation palestinienne « à sa position constante qui consiste à refuser toute voie sécuritaire ou économique avant d’arriver à un accord politique par lequel Israël s’engage à mettre fin à toutes les mesures unilatérales ». Il a souligné dans un tweet qu’il y avait des « progrès sur certaines questions, mais qu’il y avait encore des dossiers en suspens ou sujets de désaccord ».

Un haut responsable israélien a, de son côté, déclaré que cette réunion était « excellente », selon le journal israélien Yedioth Ahronoth, ajoutant qu’« il n’y aura pas de changement dans les opérations israéliennes contre les Palestiniens ».

Ces pourparlers surviennent alors que le conflit israélo-palestinien connaît une nette escalade depuis un an, laquelle s’est accrue ces dernières semaines avec des attaques israéliennes quasi quotidiennes suivies de représailles palestiniennes. Depuis le début de l’année, Israël a ainsi tué au moins 85 Palestiniens lors de raids et d’attaques en Cisjordanie.

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