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L’Egypte milite en faveur de la paix au Soudan

Dr Amani Al-Taweel , Vendredi, 13 janvier 2023

La récente visite effectuée par le chef des services de renseignements égyptien, Abbas Kamel, à Khartoum met en lumière le rôle de l’Egypte concernant l’accord-cadre soudanais et son rôle dans l’entente inter-soudanaise censée aboutir à un accord final. Ce dernier est devenu indispensable face aux menaces sécuritaires principalement à l’est du Soudan et dans le Darfour.

L’Egypte milite en faveur de la paix au Soudan

Au cours de cette visite, Abbas Kamel a rencontré des militaires soudanais et des dirigeants des Forces pour la liberté et le changement. Côté égyptien, on parle de la nécessité de réaliser une entente inter-soudanaise et d’élargir la base de participation à l’accord-cadre pour éventuellement mettre en place un gouvernement de transition. La position égyptienne est fondée sur un certain nombre de facteurs.

Tout d’abord, il y a le fait que l’accord-cadre soudanais avait été favorablement accueilli par l’Egypte lors de sa signature en décembre dernier et que l’Egypte se positionne à une distance égale de toutes les parties soudanaises tout en multipliant des efforts envers ces dernières. Ce fut le cas, par exemple, lorsque Le Caire a accueilli, pendant plusieurs jours, une visite du parti Oumma (la nation), afin de discuter des moyens nécessaires à l’aboutissement de l’entente générale inter-soudanaise. Autre exemple des efforts égyptiens est le soutien accordé aux membres du Parti unioniste démocratique, dirigé par Mawlana Mohamed Osman Al-Mirghani, sans compter les efforts diplomatiques égyptiens déployés à Khartoum.

Par ailleurs, les efforts régionaux et internationaux auxquels ont participé l’Onu, l’Union africaine et l’IGAD sous le nom de l’initiative tripartite ou l’initiative quadruple, à laquelle participent l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ont certes donné naissance à la Constitution transitoire, mais n’ont pas réussi à rassembler toutes les parties soudanaises. Par conséquent, l’entente finale semble encore loin, d’où la nécessité du rôle égyptien.

Autre facteur sur lequel est basée la position égyptienne au Soudan est que l’impasse politique soudanaise peut donner lieu à des risques majeurs, comme la possibilité d’un démembrement du Soudan ou encore une intensification des menaces sécuritaires régionales qui, en l’occurrence, posent problème à la sécurité nationale égyptienne, surtout avec une immigration soudanaise de plus en plus intense vers l’Egypte.

Dans ce contexte, les efforts égyptiens actuels doivent être concentrés sur deux volets : le premier concerne la politique interne. Il s’agit d’adresser les craintes des Forces centrales pour la liberté et le changement vis-à-vis de la présence de forces soudanaises. Ces forces peuvent avoir une représentation politique dans la phase à venir, ce qui pourrait entraver la capacité de réaliser un transfert vers une démocratie crédible réclamée par les jeunes Soudanais qui continuent à participer aux protestations à travers la capitale soudanaise.

Le deuxième volet se situe aux niveaux international et régional. Le Caire a réussi à prouver qu’il ne peut en aucun cas être isolé de l’équation soudanaise. Le Caire est appelé, d’un côté, à présenter les solutions nécessaires à la concrétisation de l’entente inter-soudanaise, et de l’autre, à préparer une entente régionale et internationale de façon à prendre en considération les intérêts vitaux de la région.

*Présidente du département des études africaines au CEPS d’Al-Ahram

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