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Contre tous, pour la révolution

Mohamed Abdel-Hady, Lundi, 23 septembre 2013

Le Front de la voie révolutionnaire est un nouveau mouvement qui vient de naître. Se revendiquant des objectifs de la révolution du 25 janvier, il se positionne à la fois contre la violence des Frères musulmans et la tutelle de l’armée.

Formé il y a un peu moins d’un an d’opposants laïques et de gauche hostiles au régime islamiste de l’ex-président Mohamad Morsi, le Front National du Salut (FNS) semble affronter un avenir incertain. Sa raison d’être n’est plus, alors que beaucoup de ses membres ont basculé dans le camp du nouveau régime installé par l’armée au grand mécontentement de beaucoup d’autres qui s’inquiètent du sort des objectifs de la révolution.

C’est dans ce contexte qu’une nouvelle formation révolutionnaire vient de voir le jour. Il s’agit du « Front de la voie révolutionnaire », officiellement inauguré hier, mardi. Composé de 120 membres fondateurs, dont des activistes tels Alaa Abdel-Fattah, Ahmad Maher et Mahinour Al-Masri, ou encore l’écrivaine Ahdaf Soueif, qui a participé à la rédaction du programme politique de la nouvelle formation. Celle-ci est soutenue par d’autres mouvements de même obédience, comme les Socialistes révolutionnaires et le 6 Avril.

Ses fondateurs se sont fixés comme objectifs de « récupérer » la révolution du 25 janvier, de barrer la route à la contre-révolution, de combattre contre la « répression du pouvoir militaire » ainsi que contre « la violence des Frères musulmans ». Parmi ses objectifs figurent également la redistribution équitable des richesses, la mise en place d’un régime démocratique, bref, une mise en application de la devise révolutionnaire : « pain, liberté, dignité humaine et justice sociale ».

Pour Ahdaf Soueif, l’objectif du nouveau front est de réaliser la justice sociale, d’instaurer l’Etat de droit et de faire respecter les droits de l’homme. « Les Frères musulmans, une fois arrivés au pouvoir, n’ont fait que reproduire le régime Moubarak au profit de leurs partisans et ont tourné le dos à la révolution. Aujourd’hui, notre position reste néanmoins claire : nous sommes contre l’instauration d’un Etat policier », résume-t-elle.

Selon Hatem Tellima, l’un des membres fondateurs, « l’adhésion au nouveau front est interdite aux Frères musulmans dont la présence n’est pas souhaitée. Nous sommes à la fois contre les Frères et contre la tutelle militaire sur la période de transition. Nous sommes néanmoins disposés à coopérer avec d’autres partis islamistes qui partagent notre position », précise-t-il.

Pour Tellima, le nouveau front n’a rien en commun avec le FNS. « Le FNS soutient la feuille de route préparée par l’armée, défend les mesures répressives au nom de la guerre contre le terrorisme, et n’a pas de problème à traiter avec les figures du régime de Moubarak », estime-t-il.

Réfaat Al-Saïd, chef du parti Al-Tagammoe et cadre du FNS, contre-attaque. « Le Front de la voie révolutionnaire adopte des positions contradictoires, de quoi se placer lui-même parmi les rangs de la contre-révolution. S’en prendre aux Forces armées c’est compatir aux Frères musulmans. On ne peut pas prétendre vouloir sauver la révolution des Frères et en même temps attaquer l’Institution militaire qui se dresse contre eux », pense-t-il.

Khaled Daoud, porte-parole démissionnaire du FNS, précise que beaucoup pensent que le FNS a perdu sa raison d’être après la destitution de Mohamad Morsi et jugent important de reconsidérer son rôle, alors que d’autres estiment que le FNS doit rester uni jusqu’à l’amendement de la Constitution et l’organisation de nouvelles élections parlementaires et présidentielles.

Pour sa part, Daoud reconnaît que le FNS a perdu du terrain et n’est plus ce qu’il était sous le régime islamiste. « Il ne tient plus régulièrement ses réunions et ses communiqués se font de plus en plus rares », constate-t-il.

« Les partis politiques et les mouvements révolutionnaires qui craignent pour les objectifs du 25 janvier doivent se concerter pour remettre la révolution sur la bonne voie. Il est urgent de faire face aux caciques du régime Moubarak, dont certains prétendent que le 25 janvier n’était qu’une conspiration islamiste et que la vraie révolution a eu lieu le 30 juin », conclut Daoud.

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